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publié par Mickaël Adamadorassy le 17/06/08
Lofofora - Élysée Montmartre, Paris - 30/05/2008
Élysée Montmartre, Paris

Lofofora en 2008 ? et non la fusion engagée n’est pas morte et enterrée, à réécouter leur énorme album "peuh", on pourrait même croire que les lyrics du groupe n’ont jamais été autant d’actualité.

Prenons intox populi : "les exploits de vieux pontes immondes qui pondent des lois", ça vous rappelle pas vos députés UMP "préférés" ? Ou encore "voilà maintenant que l’on donne la parole au plus drôle des guignols quelle drôle d’idole" ça vous évoque pas un certain Nicolas ? (cela dit c’était destiné à Chirac à l’époque)

Alors oui et même s’ils jouent dans un "petit" Elysée montmartre (un rideau masque la deuxième moitié de la salle), Lofofora est toujours d’actualité aujourd’hui.

Le fond et la forme

Passons vite faire sur une première partie étrange (dans le sens "mais ça a rien à voir avec Lofo"), the tommys, 3 filles qui jouent une sorte de rock heavy. Pas très intéressant mais ma foi la chanteuse y met du sien et les deux autres ont un look entre la poupée et tokio hotel alors pourquoi pas... en tout cas le public ne semble pas leur en tenir rigueur

Lofofora débarque ensuite sur la scène de l’élysée et là ca n’a plus rien à voir. Il faut dire qu’on a là un groupe qui a plusieurs centaines de concerts à son actif avec pas mal de grosses scènes. C’est d’ailleurs frappant de voir à quel point la puissance du groupe, ce qu’il dégage fait complètement oublier qu’on est dans un petit Elysée.

Sublimer

Lofo sur scène, c’est d’abord Reuno complètement halluciné qui arpente la scène, se poste sur les retours pour haranguer la foule. les musiciens qui ont l’air de grave prenre leur pied à envoyer le son, ca donne tout de suite l’impression d’assister à quelque chose d’énorme surtout que avec un public de fans finis qui adhère complètement.

Le pogo dans la fosse est plus qu’enthousiaste, on peut même dire violent, mais avec le sourire : complètement hallucinant de voir plusieurs mecs avec des platres en plein dedans, à un moment j’en repère un avec le visage en sang et l’air plutôt heureux de cette situation, il continuera un petit moment de pogoter, avant de se décider à faire quelque chose, en omettant pas auparavant de bénir quelques personnes avec son sang, ce dont elles ne se formaliseront pas plus que ça.

Réveille le keupon

La setlist fait la part belle au dernier album en date mémoires de singes qui viennent rejoindre le répertoire maintenant conséquent du groupe. Mallheureusement on ne peut pas franchement dire que ce soit ce que le groupe ait fait de mieux, en fait depuis le départ de Farid après leur album double, et malgré tout l’enthousiasme et le professionalisme de son remplaçant, je trouve qu’il manque quelque chose dans Lofofora, l’identité du groupe c’était les textes de Reuno, vindicatifs mais très bien écrits et une guitare au vocabulaire éclectique, capable de se faire tour à tour langoureuse et destructrice. Ce qui explique que le groupe était à lui tout seul l’incarnation de la fusion "à la française".

Le Lofo de 2008 n’a rien perdu de sa rage mais l’exprime de manière beaucoup plus directe, beaucoup plus punk. La wah n’a pas disparu mais les riffs alambiqués s’effacent souvent devant de lourdes rythmiques en accords. On avait déjà plus ou moins l’habitude de ne pas comprendre les paroles en live au milieu de l’avalanche de cymbales et distorsion mais on s’en foutait, les hymnes de lofo on les connaissait par coeur (et ca n’a pas changé d’ailleurs) mais là pour la première fois, je n’ai pas regretté de pas comprendre en détail, ce que je ne distinguais que vaguement, comme si l’énergie brute se suffisait à elle-même, que le message passait maintenant par un assault sonore frontal.

Reptilien

Et de sortir de la ligne de front, de se relever après la première vague, on retrouve un peu de son esprit analytique (bin oui ), et on se dit que quand même il y a quelque chose d’un peu artificiel dans le visage toujours mobile de reuno, ces yeux exhorbités presque en permanence, cette façon reptilienne de se passer la langue sur les lèvres. C’est spectaculaire mais à un moment on se dit qu’il est en représentation plus qu’autre chose...

On tient là tout le concert, tout ce qui a fait que comme chaque concert de lofo, c’est une expérience dont on ressort content, content de réentendre (et de gueuler) des chansons géniales, content d’avoir vu de vraies bêtes de scène qui vous font oublier où vous êtes, content d’être dans une fosse sauvage mais civilisée. Mais tout ça pour quoi ? Même si on ne distingue pas toujours les mots, on sent que le combat est toujours là, Reuno parlera des SDFs et autres défavorisés (genre les spectateurs de Luke à la Cigale juste à côté) mais on sent comme une désillusion dans la manière d’introduire les nouvelles chansons, comme si des paroles quelque soit leur force, ne pouvaient pas changer le monde. comme s’il ne restait plus que la rage à exprimer.

Néanmoins si vous me demandez si je serais au prochaine concert de Lofo, je vous répondrai plutôt deux fois qu’une parce qu’au delà des réserves que je peux avoir, j’ai pris comme à chaque fois du plaisir à revoir ce groupe

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publié par le 17/06/08