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publié par Guillaume Mazel le 11/01/16
Loa Frida
- Pop Fiction
Pop Fiction

J’aime être surpris, je crois que nous aimons tous cela, la surprise, cette étincelle qui secoue en millième de secondes la surface de l’eau, cet instant si précis où la flamme touche la poudre. J’aime la mèche, j’aime le feu, avant l’explosion des sens, j’aime l’antichambre des émotions. Timidement du fond d’un écran nocturne j’eus un message d’eux, m’offrant une vidéo (d’ailleurs sublime) de ce merveilleux et charnel Tiger in a cocoon dont le crescendo vient comme les quatre saisons, des froids jusqu’aux brulures. Je répondais alors pour cette lueur naissante. J’adore qu’on vienne dans mon petit chez-moi virtuel sans avertir a l’avance, a la bonne franquette comme disait mon père. Comme bon amphitryon et môme mal éduqué qui est toujours trop curieux, comme passionné de découvertes musicales (les découvertes, ça aide à découvrir des soi-même), je jetais mes yeux et oreilles sur leur travail. J’aime être surpris, dis-je, et j’ai aimé. Loa Frida est un petit univers de cliquetis d’ailleurs attrapés dans une dimension de plus loin encore, des particules en voyages, des ions aux paradis, des quêteurs d’ambiances menés par la voix et vision d’Anka Lima, et élevés par Pierre Carsalade, Jocelyn Bonnerave et Juliette Carlier, groupe en partances d’âme depuis les Corbières et sans lieux d’arrivage, d’ailleurs je pensais qu’ils étaient nordiques pour ces effluves talentueuses de l’Islande, bien qu’Anka soit polonaise, ces musiciens sont plutôt du côté de chez moi, dans le Sud. Trêve de géographie, revenons à notre court de musique. Il y a de l’organique dans l’osmose de ces joueurs d’émotions, une complicité du type leucocytes- érythrocytes qui rend toute vie rêvée probable, et toute merveille musicale envisageable. L’onirisme est ici un son mis en scène, une culture de la narration audio-visuelle, car ces chansons se voient, se palpent et surtout, se songent, dans des recherches assez Bjorkiennes de voix et ambiances où l’on verrait aisément danser Kate Bush sur flou artistique, des essais électroniques aux aspects nature, de petites bombes atmosphériques au gout féerique, des passages dans ses 70’s libres et spirituels qui traversent le pont jusqu’à demain, au futur plus électrique, débandades psychédéliques bien qu’assagies, ou mieux dit, domptées en thèmes entre soleils et pluies. Le tout est une pop ambigüe, hypnotisant, qui se joue des terres pour leurrer les airs, pris dans des limbes dans un équilibre entre l’art et la folie douce, des petites pièces sonores qui naissent avec le but d’aller pousser plus loin l’idée de mondes différents, dans le calme de chansons sans furie, mues d’une sagesse heureuse, faites pour la contemplation auditive et les sons clairs qui ne bousculent que nos intérieurs, et font léviter l’écouteur aux yeux fermé pour mieux savourer. Un Ep. De transes calmes, de druidismes modernes, de rock sans matières palpables, de sensations qui étincellent.

Tiger in a cocoon

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publié par le 11/01/16