Le Centre Culturel Irlandais accueillait ce jeudi soir deux jeunes artistes féminines talentueuses dans le cadre de ces Chapel Sessions . Rachael Lavelle a sorti son premier album Big Dreams en novembre dernier, le résultat d’une aventure musicale qui aurait mis plus d’une décade à aboutir : en 2021, Rachael décide d’écrire des chansons après avoir participé à une comédie musicale dans le cadre de son Erasmus. Elle fait un master sur la musique mais ne sort pas de disque tout de suite. C’est un processus qui prendra du temps avec un premier EP, Superman, en 2015, "Perpetual Party" en 2017, un featuring avec The Villagers en 2022 sur "Full Faith in Providence" . Et pendant ce temps elle fait différents jobs.. dont celui de "Funeral Singer" (chanter aux funérailles de quelqu’un n’est pas quelque chose de très répandu en France, cela semble être plus répandu dans le monde anglo-saxon).
On vous rassure la musique de Rachael n’est pas spécialement liée à cette activité : on est quelque part entre le freejazz, l’electronica expérimentale, le spoken word (on pense un peu à un Dry Cleaning qui n’aurait pas été nourri au punk à l’origine mais plutôt à la musique contemporaine) mais aussi parfois une sortie de trip-hop modernisée à la London Grammar : nappes de synthé qui s’étirent dans la brume, boite à rythme minimaliste et superbes performances vocales qui n’ont rien à envier à celles de la chanteuse de London Grammar, avec qui elle partage un placement dans le bas/bas-medium du spectre plutôt originale.
Pour le concert de ce soir, Rachael est en trio avec ce qu’elle appelle ses deux musiciens "pieuvres" : un saxophoniste qui s’occupe aussi des claviers, de même que la batteuse, qui jouera de son instrument avec beaucoup de parcimonies, exploitant souvent plus une approche texturale que rythmique, avec un archet glissé sur les cymbales par exemple.
Rachael est au chant, supplémenté par un petit processeur d’effets pour dédoubler la voix avec des échos et des harmonies, et aux claviers. Un petit sampler permet de déclencher les nombreux samples qui parsèment le disque avec des proclamations parfois très bizarres dont certaines ont été enregistrées par la voix du métro irlandais.
Dans l’ambiance très solennelle de la chapelle, on se régale vraiment d’un spectacle musical très riche et original souvent loin du format chanson classique mais qui est pourtant accessible par la beauté de la voix, des harmonies, la simplicité et le charisme de la chanteuse. On adore aussi les interventions du saxophone et d’une manière générale toutes ces idées, tous ses sons qui rendent le projet unique et captivant