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publié par Fabrice Privé le 11/07/25
Levitation France 2025 - Angers, Lac de Maine - 27 et 28 Juin 2025
Angers, Lac de Maine

Seule déclinaison survivante du Levitation d’Austin/Austin Psych Fest, Levitation France poursuit sa mue : fini le indoor depuis 2021, finie la case calendaire automnale depuis 2022. Cela faisait maintenant trois éditions que le festival dédié aux musiques psychédéliques, dans une acception de plus en plus large – voire en assumant carrément le hors-sujet – avait investi, au printemps, le parking du Chabada : la SMAC Angevine à l’origine du projet avec leurs voisins de Radical Production. Et malgré des efforts croissants pour habiller/incarner les lieux, un parking reste un parking : c’est opportun pour y garer une voiture, moins pour y laisser s’égarer les sens.

Cette année, belle évolution, grosse révolution : direction le Lac de Maine, un cadre paradisiaque et naturel, qui offre, en terminaison d’une sympathique piste cyclable, un paysage arboré, de l’herbe (celle sur laquelle on marche, Sam) et une plage où la vie aquatique bat son plein. Nous sommes les 27 et 28 juin, et, des abords du site émane donc un vrai parfum d’été. Le seul béton visible sur zone est celui d’une imposante pyramide (celle du club nautique), symbole psychédélique s’il en est, qui ornait déjà la pochette du premier album des 13th Floor Elevators, les figures tutélaires de toute la franchise Levitation. En terme de vertige sensoriel et référentiel, on peut difficilement faire mieux.

Et ça ne fait que commencer : il est 16h30, il fait 35°, le rhum en fait 5 de plus, j’entre dans la place. Sur la gauche, un bar, des bancs colorés sous pergolas en bordure du lac, devant, un grand chêne à la fonction parasol salvatrice, plus loin, un brumisateur avec lequel j’aurai bientôt de longs têtes-à-têtes. J’emprunte une allée au charme villageois, dédiée au merch et à la restauration, qui débouche sur un point d’eau, des tables et des transats. Trop bien. Je vous fais grâce d’un descriptif des sanitaires, mais c’est parfait aussi. Et au cœur de ce dispositif : une scène, oui, une seule, contre deux jadis... Mais pas de quoi faire baisser la note. Levitation + Lac de Maine : 5 étoiles easy. On ferme l’appli Local Guide : place à la musique.

27 Juin 2025

Cette première soirée est assez étrange, non pas juste dans la variété du line-up mais dans ses enchaînements, évidemment conditionnés par des impératifs de notoriété et de déplacements des groupes vers d’autres dates. A posteriori, on aurait bien bougé Hinds en première case pour assurer une transition plage-concert toute trouvée. A nouveau réduites à leur duo des débuts (mais bien quatre sur scène), Carlotta Cosials et Ana García Perrote peinent un peu, aujourd’hui, à retrouver la fraîcheur garage-surf des origines et même l’impact pop de leurs productions récentes : "Riding Solo" ou "Boom Boom Back", qui ne sont même pas des guilty pleasures, tournent un peu à vide. Et pourquoi ne pas avoir déclenché, comme de coutume, leur reprise de "Spanish Bombs" du Clash ? Les madrilènes ont beau être volubiles, afficher de larges sourires, faire des chorés, même se grimper dessus en fin de set sur "En Forma" : une super bonne humeur ne suffit pas à faire un super bon concert.

La preuve par l’absurde avec New Candys (déjà présents en 2019). Mais là on rembobine : il est 17h30 et les italiens, tout de noir vêtus, assurent le décollage de Levitation 2025 avec un set dense et tendu, comme les traits de leurs visages. Ils ne sont pas là pour plaisanter mais visent précisément le cœur de cible du festival avec leur garage-rock psyché, assurant la jonction avec le shoegaze et se parant, depuis deux albums, d’attributs électroniques bien pertinents. La formule est parfaitement dosée, ses effets sont immédiats. On imagine qu’ils auraient été décuplés lors d’un passage nocturne. Car ce que proposent les New Candys c’est une succession de petites tueries, qui culmine sur le discoïde "Regicide". Avant cela, "Dark Love", "Twin Mime" ou "Zyko" avaient tiré les premières salves, avec une froideur certaine mais pour un résultat mortel.

Le temps de faire plus ample connaissance avec le brumisateur et de boire 3 pintes d’eau pour une pinte de bière (bienvenue dans l’upside-down caniculaire), je retrouve les amis, dont l’obstination à rater le premier concert d’un festival depuis 30 ans a fini par forcer mon admiration. Charitablement, j’évite d’en faire des caisses sur New Candys mais je commence à envisager d’en prendre une, maintenant qu’on est au complet. Trop tard, DITZ déboule sur scène. Après le purisme statique des New Candys, autre changement climatique : les natifs de Brighton jouent dans toutes les dimensions, partent dans tous les sens. Ils abolissent, dès "V70-Taxi Man", les frontières entre eux et le public, défient la gravité, génèrent un tremblement de terre post-punk, font tomber la foudre noise-rock et soulèvent un nuage de poussière pogoteuse : avec (du) Pif, on évite de justesse de se prendre le wall of death. Comme à son habitude, c’est le survolté chanteur Cal Francis qui mène la danse. Et quand il évoque, à plusieurs reprises, le fait d’aller se baigner, on peut être sûr qu’il va finir par le faire : c’est le cas sur le terminal "No Thanks, I’m Full". Il remonte du lac avec des algues qu’il balance sur les premiers rangs, pareil pour ses chaussettes, puis s’allume une clope – la meilleure, post-baignade – avant d’initier un dernier circle pit. L’enfant hyperactif qu’ont eu IDLES et Gilla Band continue sa croissance incontrôlée.

Coq à l’âne : c’est donc là que s’intercale la prestation de Hinds. Âne au coq : elle sera suivie de celle de Kadavar. Le groupe allemand, auquel collabore (mouais) depuis 12 ans le français Simon Bouteloup, fait partie de ces formations dont Levitation est friand, capables de drainer une fanbase étrangère, comme autrefois Acid Mother Temple ou Kikagaku Moyo. Les débuts discographiques de Kadavar étaient facilement datables au carbone 14, à l’exacte charnière 60’s/70’s : pensez à Paranoid de Black Sabbath (dont le titre éponyme est joué deux fois par le DJ du festival en tir de semonce), Deep Purple in Rock, le Led Zeppelin II… Depuis la donne a changé, s’est durcie avec Rough Times (2017), puis assoup(l)ie avec les covidiennes et aériennes Isolation Tapes (2020), voire carrément popifiée avec le dernier opus I Just Want to Be a Sound (2025). On ne sait donc pas à quoi s’attendre ce soir, si ce n’est à des coupes de cheveux d’époque et des tenues historiques : un certain folklore servi par un son ample, massif et d’une pureté exemplaire (la moitié du groupe a une formation d’ingé son). Même le récent single "I Just Want to Be a Sound", pour lequel les avocats de MGMT ont déjà constitué un dossier, passe plutôt bien. Mais c’est assurément sur le final plus stoner "Black Sun", "Into the Wormhole" et sur le convulsif "Die Baby Die" que la machine à remonter le temps tourne à plein régime.

L’ambiance fait à nouveau une grosse embardée pour le set de Blonde Redhead, dont l’amorce sur le pourtant magnifique "Falling Man" est un peu hésitante. D’ailleurs, Amedeo annonce rapidement qu’il est en train de perdre sa voix... Ensuite – et j’en suis le premier désolé – je m’accroche mais n’accroche pas totalement à ce concert. J’avais également eu du mal à savourer, malgré l’invitation de son titre, leur dernier album en date Sit Down for Dinner (2023). Et pourtant j’adore Blonde Redhead : leur concert en 2000 au Café de la Danse est facilement dans mon Top 10 des prestations les plus renversantes auxquelles j’ai assisté, avec des secousses secondaires, de légèrement moindre intensité, en 2004 et 2011. En fait, j’ai un problème avec la set-list, alors que le trio pourrait puiser plus profond dans un répertoire à la richesse opulente : aucun titre emblématique de leur jeunesse sonique (bon, ok, "Bipolar", si on veut), aucun morceau du monumental Melody of Certain Damaged Lemons (2000), un seul du sublime Misery is a Butterfly (2004)… Heureusement, 23 (2010) est encore dignement représenté : "Dr Strangeluv" et l’enchaînement "SW" et "23" me procurent quelques frissons pavloviens... Après, ils jouent divinement bien, tissent leur notes comme d’autres de la dentelle, les jumeaux sont beaux, élégants et gracieux. Kazu l’est aussi, elle a toujours le meilleur jeu de jambes du circuit et affiche avec conviction son soutien palestinien… Bref, ils sont parfaits. Mais je suis plus admiratif que réellement enthousiaste. Et je m’en veux. Et d’ailleurs, je vais aller me coucher.

Mais d’abord, il faut dissuader Seb d’aller squatter le stand Prévention/Réduction des Risques, alors que c’est mort depuis bien quatre heures. Enfin, depuis toujours en fait. Et ensuite, il faut essayer de suivre Cyril qui se prend pour Tadej Pogacar sur "la sympathique piste cyclable", maintenant totalement hostile, parce que non éclairée, parce que mes yeux ne sont plus dans l’axe des roues et que des trottinettes électriques haineuses essaient de nous découper. Je les évite mais je ne lévite plus du tout.

28 Juin 2025

Je finis par émerger tardivement et commence la journée par l’écoute très plaisante du tout nouveau EP de Blonde Redhead The Shadow of the Guest, soit des relectures ASMR (sic) ou avec chorales de morceaux du dernier album. Sauf qu’il y a en plus deux versions de "For the Damaged Coda". Ben voilà, merci ! Mon sentiment de culpabilité s’estompe, le mal de crâne moins. Surtout que je me mets en tête de chercher, depuis le centre d’Angers, un itinéraire bis cyclable, aussi goudronné que le parking du Chabada, en prévision du retour de ce soir. Je le teste à l’aller quelques heures plus tard : ça passe !

Arrivé sur place, je rouvre l’appli Local Guide pour voir si je peux mettre une sixième étoile : dans la nuit, le point d’eau, transformé en marécage la veille, a été modifié, délimité et doté d’une pente d’évacuation. Je pense, avec émotion, aux tutos bricolage de David Lynch. Plus tard, c’est Christophe "Doudou" Davy, le boss de Radical Production qui remédiera, en personne, au problème de poussière devant la scène en aspergeant régulièrement le sol et les festivaliers consentants avec un tuyau d’arrosage : une orga aux petits oignons et aux petits soins !

Il fait encore plus chaud que la veille, et Levitation rime déjà avec liquéfaction quand les jeunes angevins de Rest Up allument la première mèche. Quelques minutes plus tôt, j’avais croisé sur le site un jeune vingtenaire avec un t-shirt METZ et je m’étais dit : "Tiens, cool un jeune vingtenaire avec un t-shirt METZ". Le voilà maintenant sur scène, à la basse, avec ses deux comparses. Et le trio confirme haut la main en live ce que l’on a déjà pu entendre d’eux sur les plate-formes : soit un premier EP It Was Summer (oui, ben ça l’est toujours et plus que jamais même) et les deux singles annonciateurs d’un futur album automnal, Real Sensations, toujours sous la tutelle sonore de Daniel Fox de Gilla Band ! Excusez du peu. Noise-rock, post-punk, inflexions noisy-pop (voire jangle-pop), modulations plus électroniques et phases post-rock… Le trio sait déjà tout faire, parfois de manière frontale ("Accutane"), parfois au sein d’un même titre ("Exutory"). C’est limite obscène (comme un jeune vingtenaire avec un t-shirt METZ). Levitation rime avec révélation.

Honnêtement, Honesty, comment dire… Imaginez un plat concocté avec les restes de la veille (en l’occurrence Massive Attack/Jungle/Burial/Mount Kimbie), passé au mixeur uk bass pour faciliter sa digestion, le tout servi sans conviction, mais avec prétention, par trois gars qui ne font même pas semblant de faire semblant de jouer. Mais qui sont partie intégrante d’un collectif pluri-disciplinaire à géométrie variable, "dont la vocation est d’offrir un voyage vers l’acceptation de soi dans un monde qui s’écroule sur lui-même"... Ouch. Avec Romain, on préfère encore aller rôtir sur les bancs colorés. Allez, ok, l’adjonction tardive du rappeur Kosi Tides fait quand même bouger les lignes mais toujours assez peu le public. En rentrant chez moi, je constate que la céleste Florence Shaw de Dry Cleaning est allée se fourvoyer dans cette entreprise, mais seulement pour un morceau d’une minute et vingt secondes. L’honneur est sauf.

Je sais déjà que je vais avoir un petit problème avec Heartworms, le projet de Jojo Orme, ce soir réduit à un trio. Autant j’adhère à beaucoup de ses titres et au projet global de sa proposition musicale : transfuser de la pop dans le post-punk. Autant, je trouve que sa théâtralité, certes motivée par une revendication affirmative, offre un peu trop de distraction alors que l’impact de sa musique pourrait suffire. Par contre, j’admire son élégance et son courage qui la font arborer un long manteau noir, manifestation sobre de son étrange fascination militaire, alors que le mercure continue de plafonner. Le set démarre tranquillement par les titres introductifs de son album Glutton for Punishment (2025) puis gagne en vélocité avec les imparables "Retributions of an Awful Life" et "Consistent Dedication", tirés de son EP de 2023. "Mad Catch", "Extraordinary Wings" ou "Celebrate" sont l’occasion d’entendre l’étendue de sa palette vocale dans des registres plus posés, lyriques ou vaporeux. Elle repart finalement au combat et en vrille avec "Warplane", avant de nous fondre dessus avec un "Jacked" guidé laser : "And this nothing turns black ". Drapeau blanc : je me rends.

Bdrmm est une des formations que j’attends le plus aujourd’hui. On les avait d’ailleurs déjà vus à Levitation en 2022. C’est l’antithèse d’Honesty et la définition même de la probité musicale. Soit un vrai groupe, investi, modeste et communicatif, à la pureté artistique diamantaire et à la compacité exemplaire. Même avec une batteuse nouvellement intégrée. Ils me rappellent DIIV dans toute l’intention qu’ils savent injecter dans leurs sets. Ils ne dérogeront pas à la règle ce soir. Le concert commence par un retour à leurs sources shoegaze/dream-pop via un "Push/Pull" déjà magnétique. Puis, sans transition, ils détournent les codes d’une drum’n’bass minimale et éthérée avec "John on the Ceiling" et "Lake Disappointment", canalisant ainsi l’influence électronique qui irrigue chaque piste de leur récent album Microtonic (2025). "Infinity Peaking" construit une belle passerelle entre l’ancien et le nouveau monde. Tapies dans l’ombre projetée, les guitares sont prêtes à bondir : comme sur un toujours extatique "Be Careful" qui fait groover la dream-pop et sur la décharge sonore de "It’s Just a Bit of Blood", dont le rebond final est systématiquement jouissif. Le concert s’achève sur "Port", single isolé et rampant, qui donne l’occasion au clavier/bassiste Jordan Smith de venir chercher, une dernière fois, une foule déjà acquise. Merci, la soirée est définitivement satellisée.

Le choc est d’abord visuel : Les Bryan’s Magic Tears débarquent sur scène comme les membres d’un gang sur un point de deal, de MDMA forcément. Le choc est ensuite mémoriel : largement axé sur leur dernier album Smoke & Mirrors (2025), ce concert me projette plus de 35 ans en arrière, à l’époque du second summer of love anglais. L’explosion de la house faisait alors voler en éclats les barrières musicales : avec la réaction en chaîne indie-dance/baggy-sound, catalysée par la scène de madchester et avec comme accélérateur de combustion la fameuse Hacienda, le club mythique largement subventionné par les parrains New Order. Voix traînante, breakbeats, salves de TB-303, basses rebondies, guitares rasoir ou rasantes : on s’y croirait dès "Side by Side". Surtout que le chanteur/guitariste Benjamin Dupont est un croisement fonctionnel entre Shaun Ryder et Bez des Happy Mondays : coupe au bol + tambourin(=maracas) + morgue mancunienne. Cyril me fredonne à l’oreille "I’m Free" des Soup Dragons sur "Stream Roller" et ça colle (bonus débloqué : il vient de chanter une reprise des Rolling Stones). Pour célébrer dignement l’époque où on était déjà cons mais beaucoup plus jeunes, je cours rameuter les amis Romain et Richard (qui, de fait, va continuer à bien se faire cuire le cou en plein soleil). "Sad Toys" et un "Raised by the Rain", émaillé de la belle voix de Lauriane Petit, ménagent une transition vers une deuxième partie de set, toute aussi jouissive, qui bascule dans le shoegaze. A partir de là, on invoque les esprits de MBV, Ride, The Boo Radleys ou Chapterhouse. Même période, le panorama est complet, la fête est totale. Et soyons bien clairs, Bryan’s Magic Tears ne se réduit pas à un empilement de références : la foule aimante est totalement aimantée par leur jeu et ce final dantesque sur le bien-nommé "Happy and Tired". MERCI.

La première fois que j’ai vu The Limiñanas, à La Sirène rochelaise, en 2016, j’avais été conquis par leur capacité à produire une transe sonore velvetienne sur des morceaux garage aussi courts ou à rendre le sucre yé-yé totalement abrasif. La seconde fois, en festival (Route du Rock, 2022), "nos" retrouvailles avaient été assez déceptives. Là, depuis plusieurs mois, quitte à engendrer une attente démesurée, on me dit régulièrement (Boli, Denis, David, René…) : il ne faut pas rater The Limiñanas sur cette tournée. C’est vrai. Marie et Lionel ont maintenant atteint un point d‘équilibre parfait entre majesté et modestie, virtuosité et minimalisme, apesanteur et densité. Le set-up scénique, avec son écran led concave, en impose et amplifie l’écho cinématographique et lysergique de la musique. Sur cette toile de fond mouvante aux effets hallucinatoires, se détache les silhouettes western d’un groupe compact mais étendu. Deux adjonctions décisives. D’un côté, le chanteur Thomas Gorman, capable de suppléer vocalement tous les guests discographiques, d’Anton Newcombe et Bobby Gillespie à Rover et Daho, ou encore Bertrand Belin pour une version internationalisée de "J’adore le Monde". Jusqu’à Emmanuelle Seigner sur "Shadow People". De l’autre, le dernier membre historique des Fleshtones avec Peter Zaremba, soit le guitariste Keith Streng, dont on aimerait bien connaître la routine matinale pour être capable, à 70 ans, d’arpenter la scène dans tous les sens en faisant la toupie, mettre des high-kicks au dessus des pieds des micros et prendre des solos dantesques. La set-list, déjà orgiaque, fait une place au "TV Set" des Cramps et l’enchaînement final "Je m’en Vais"/"Rocket USA" de Suicide est absolument stellaire. D’ailleurs, du début à la fin, on aura eu l’impression d’être aspiré dans le tunnel de la Stargate Sequence de 2001, l’Odyssée de l’Espace, avec la meilleure B.O. de l’univers. BRAVO !

Troisième claque d’affilé, j’ai les joues rouges et les sens déjà complètement bombardés. Et je sais que ce n’est pas fini : je me dépêche donc de faire le vide, en haut et en bas, pour refaire le plein et tenter de me rendre à nouveau cérébralement disponible. Car, j’ai la chance d’attendre beaucoup de Boy Harsher, soit le meilleur binôme darkwave (avec NNHMN, SDH et nos plus teigneux Years of Denial), capable d’amalgamer, avec un dosage précis, des influences électroniques qui vont de la synth-pop à l’EBM. Sur l’introductif et climatique "Keep driving", je nourris encore quelques doutes : est-ce que le greffon va prendre sur le public de Levitation ? Appréhension balayée avec le génial "Give Me a Reason", tiré de leur auto-B.O. The Runner (2022), qui voit la foule affluer et danser avec ardeur. La voix spectrale et reverbée de Jae Matthews ondule à l’infini sur les productions acérées de Gus Muller. Mis à part avec la pause hantée "Tower", le duo assure un tir nourri de BPM : "Fate", "Westerners" et surtout "Come Closer" et "Pain" (parce qu’il paraît qu’on aime ça, nous les français). Il terminera son pilonnage sur un "Modulations" des origines. Fin parfaite, d’une journée quasi-parfaite.

Extraction "sanitaires" un peu longue, passage par la case ravitaillement autour du plateau de fromages des Limiñanas et je vais enfourcher mon vélo. Je rentre sans problème via mon nouvel itinéraire routier. Mon coéquipier, parti bien après, le boude. Il emprunte la piste cyclable caillouteuse et se mange une pelle : tu manques de respect à Boy Harsher, tu te prends un retour de karma ! Arrivé dans le centre, j’avale même la côte du château en danseuse, totalement galvanisé par la grande qualité de cette soirée et, plus globalement, de cette 12ème édition du festival, dont on espère que la nouvelle localisation va se pérenniser. Et désolé TINALS, mais sans regret...

Merci à toute l’équipe de Levitation, du Chabada, de Radical Production, à Lara, à René, à Renaud, à Cyril et Géraldine. Merci aux amis cités ci-dessus pour ces moments partagés et les bons souvenirs que nous en garderons. Et donc, Marie, si jamais tu nous lis, en terme de séries coréennes, je te conseille Sisyphus, totalement récessive mais bizarrement addictive.

Les nombreuses (vraies) photos de Levitation France 2023 par Renaud

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publié par le 11/07/25