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publié par Mickaël Adamadorassy le 24/03/06
Le mépris

364 jours par an, le Mépris pour moi c’est d’abord un film de Godard.

Mais aujourd’hui, au delà de qui peut bien avoir raison ou tort, si ce concept a encore un sens, ce que je retiens c’est le mépris.

Tout d’abord le mépris d’une certaine droite pour la jeunesse, un mépris dont il est infiniment triste et vomitif de voir qu’il est fièrement porté en première ligne par le ministre de l’Education, Gilles de Robien. Une jeunesse qu’on estime incapable d’une reflexion intelligente, de se forger ses propres opinions, forcément manipulée par les "gauchistes" (la chose que méprise par excellence cette certaine droite). Une jeunesse qu’on considère comme un point de détail, une quantité négligeable dont on attend patience qu’elle finisse de faire joujou dans la rue, qu’on invite même pas à la table des négociations avant de rectifier à la va-vite, mais le mépris.

Et si ce n’était que ça, cette jeunesse, depuis l’intervention sur l’europe de Chirac, on lui a trouvé vite fait bien fait son mal. La jeunesse a peur, la jeunesse est réactionnaire, allergique au changement. La preuve ? elle s’oppose à toute réforme depuis des années. Si elle exprime les mêmes inquiétudes que la plupart des français, on a vite fait de parler de dépression, de crise. Et on oublie bien facilement que la jeunesse comme la plupart des francais (dont elle fait partie) a eu un premier acceuil favorable sur le CPE, quand il n’était qu’un principe, une idée consistant à assouplir le marché du travail et à aider les jeunes à trouver un emploi. Ce n’est que quand le détail a été révélé que la constestation a commencée. et à défaut d’arguments, on lui oppose le mépris.

La jeunesse n’a pas peur, simplement elle n’est pas masochiste, elle aspire à mieux ou plus simplement à ce que les choses soient bien faites. Et à chaque manifestation ces demandes légitimes. Et cela peut être parce que la jeunesse est la dernière qu’on consulte sur ce qui la concerne, parce qu’au ministère on a sûrement mieux à faire. Le mépris.

Et peut être qu’il est là le problème de la jeunesse : dans un ministère où on parachute régulièrement un peu n’importe qui. On connait le mépris de Robien mais vous vous rappelez sûrement de Ferry, ce matin encore sur LCI il avait beau jeu de stigmatiser les "trois ou quatres étudiants" qui font les fiers face à l’état mais ne sont rien face aux machines capitalistes qui joue sur l’échiquier mondial. "trois ou quatres étudiants", ça a suffi pour activer son siège ejectable, alors il devrait ravaler son mépris.

Je ne dis pas que toutes les revendications sont justifiées, qu’il n’y avait pas du bien dans les propositions de tous ces gens (l’intelligence et le mépris peuvent cohabiter chez un ministre, a priori) .

Je ne dis pas non plus que la jeunesse n’a pas peur, tout le monde a sa part de craintes, simplement la notre n’est pas plus grande, on vit peut être avec moins de certitudes que nos ainés mais pour faire plaisir à gab, je vais citer coldplay, "we live in a beautiful world". Imparfait certes mais personnellement tous les théoriciens du déclin je leur crâche à la gueule et je me demande où ils vivent, je me demande ce qu’est leur "splendeur passée". Le mépris.

Ce que je dis c’est qu’à force de mépriser la jeunesse, de la considérer comme un ramassis de glandeurs irresponsables, réactionnaires et un peu rêveurs il ne faut pas s’étonner que les entreprises la méprisent aussi.

Et il est infiniment triste que la solution du gouvernement à ce problème passe encore par le mépris et qu’elle ne fasse qu’accroître les tensions, le manque de considération, la méfiance entre entreprises et jeunes.

Au dela de la sortie de crises, des destins politiques des chacun, des blessés, des dégâts, du bien-fondé réel du CPE, de la politique, voilà ce qu’il restera.

Encore plus de mépris, pour les 365 jours de l’année.

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Derniers commentaires
Un jeune - le 24/03/06 à 15:13
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La jeunesse...comme si tous les jeunes ne faisaient qu’un bloc, une pensée unique !
Puis la jeunesse passe. Demain nous serons des vieux cons. Comme les jeunes de 94...de 86...de 69. Chaque décennie connait une population de "jeunes" son mouvement de révolte. Qu’une partie ne rêve que d’être fonctionnaire, elle est dans les startingblocks pour faire le vieux con de demain.
Faut se détendre...

micky - le 24/03/06 à 15:19

les jeunes ne sont pas un bloc, mais les fonctionnaires n’ont plus, vive les clichés :)
j’ai l’impression que monsieur le jeune vous n’avez rien compris à ce que j’ai écrit, d’ailleurs vous n’en parlez pas, c’est pas beau de se regarder le nombril et de donner des conseils condescendants.

Un jeune - le 25/03/06 à 13:17
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Bien non monsieur, je ne suis pas politisé, je ne suis pas un jeune de droite, je ne peux pas parler pour eux. Comme je ne peux pas parler au non des autres jeunes. Je parle en mon nom et je remarque qu’un certain nombre de jeunes qui manifestent régressent. En 68 nos parents se sont battus contre un monde immobiliste, contre la vie de leurs parents. Ils voulaient porter les cheveux longs, les filles des pantalons, ils ne voulaient plus suivre la vie toute tracée de leurs parents. Entrer dans la banque, dans l’assurance, dans l’industrie métallurgique etc... pour toute leur vie de salarié ! ils rêvaient à une vie pleine d’expériences, une liberté,un choix de vie, une certaine "flexibilité". Et maintenant à quoi rêve-ton ? qu’un patron nous certifie qu’on restera dans son entreprise le plus longtemps possible ! moi ce n’est pas mon rêve ! et effectivement je ne parle qu’en mon nom. Je ne me reconnais dans aucune école, aucun mouvement, aucune église. Alors votre mépris...

micky - le 25/03/06 à 16:54

1. je n’ai pas dit que tu étais de droite
2. le mépris n’est pas ce que je ressens mais ce que je constate, mon sentiment est plutôt la tristesse voir le dégoût.
3. je ne parle pas du CPE sur le fond, je parle plutôt du rapport de la société à la jeunesse
4. 2+3 = tu ne m’a pas lu ou tu ne veux pas me comprendre.
5. je ne rentrerai pas dans le débat du CPE avec toi, car si tu crois vraiment que les gens manifestent parce qu’ils veulent des emplois à vie, des postes de fonctionnaires avec tout le péjoratif que tu y mettais hier. Eh bien c’est triste, tu as peut être raison mais moi je n’y crois pas.
6. Si tu veux discuter CPE, parler de tes théories sur la jeunesse, tu te trompes d’endroit. Ici ce n’est pas le propos. Je parle de mon ressenti par rapport à une situation et à partir du moment où les mots sont écrits pour moi c’est fini. C’est un blog, pas la place publique. Et pour moi tu ne respectes pas la politesse la plus élémentaire en me déballant ton analyse mot à mot sur un texte écrit sur le vif, en parlant de choses qui n’ont rien à voir, en me conseillant de "me détendre".
Alors oui le mépris, plus que jamais.