se laisser surprendre
parce qu’il faut savoir se laisser surprendre, accepter de sortir de ses sentiers battus, de ces trop habituelles 55 minutes-plus-10-de-rappel. de rompre avec l’introversion des folkeux d’outre-atlantique, avec les shoegazers d’outre-Manche. parce que 2006 s’ouvre autant que votre esprit, allez, courez donc voir le cirque des mirages qui a installé ses quartiers au café de la danse jusqu’au 14 janvier.
tripots
le cirque des mirages est un duo de français tout droit tirés des atmosphères les plus british de bas fonds londoniens du XIXe et des lumières provocantes des cabarets allemands du milieu du XXe. et si l’on reconnaît volontiers une diction à la jacques brel, appuyée du bout du postillon humectant votre nez jusqu’au roulement de r sur vos articulations, les chansons relèvent d’un registre plus romanesque que réaliste. yanowski (chant) et parker (piano) arrachent avec bonheur de la torpeur contemporaine pour emmener les spectateurs valser parmi les montreurs de monstres, des tréfonds de tripots enfumés jusqu’à la rue saint-denis.
gestuelle
tantôt inquiétants, tantôt cruels, étourdissants, cyniques, vengeurs, moqueurs, ces hommes aux mille visages semblent sortis d’un autre temps et s’adresser à nos précédentes incarnations. familiers et anachroniques. drôles et dramatiques. les mélodies de parker au piano tournent, légères, lancinantes, savantes, tandis que les yeux cernés de noir de yanowski relaient théâtralement une gestuelle bluffante et des textes somptueux. plus qu’un concert, plus qu’un acte de théâtre, plus qu’un spectacle de cabaret, le cirque des mirages happe vers un univers dont on ne voudrait pas revenir. non, ce n’est pas une illusion. (au café de la danse jusqu’au 14 janvier !)