accueil > articles > albums > Laura Marling

publié par gab le 17/06/15
Laura Marling
- Short movie
Short movie

A l’écoute de Short movie, le cinquième album solo de Laura Marling (qui officiait auparavant au sein de Noah and the whale), on se demande d’emblée comment on a bien pu passer à côté d’une telle artiste. Puis rapidement on ne se demande plus rien, c’est la claque. Laura Marling réussit l’exploit de mélanger le jeu de guitare de Nick Drake et l’énergie de PJ Harvey sans chichis, avec un naturel bluffant. Un album impressionnant, passionnant, irrésistible.

charisme

Le disque est donc à l’image des deux premiers titres (les plus marquants). "Warrior" tout d’abord avec ses arpèges à la précision et au dynamisme étourdissants, avec son chant mixant force et délicatesse comme rarement, avec un hypnotisme et un charisme lancinant. "False hope" ensuite avec cette fois une rythmique et des intonations très PJ Harvey période Stories from the city, stories from the sea, un sacré single qui, si ça ne tenait qu’à nous, viendrait tout ravager sur son passage. Le ying et le yang revus par Laura Marling en deux morceaux en somme. Et l’album alterne ainsi entre tensions et arpèges avec une fluidité qui force l’admiration. On en a presque peur d’écouter ses premiers disques, d’explorer le chemin menant à une telle maitrise (si on a bien tout suivi, ils sont beaucoup plus calmes) et en attendant d’élargir le spectre de notre connaissance marlingesque, concentrons si vous le voulez bien nos faisceaux sur ce disque-ci.

anticipation

Une fois remis de notre rencontre avec les deux premiers titres, côté musique, on fond pour "I feel your love" et sa guitare acoustique envoûtante (sur une petite couche de cordes du meilleur effet). Côté chant, on se love à chaque fois dans l’exquis "Don’t let me bring you down", superbe mélange de douceur et d’intensité. C’est là que Laura Marling est la plus personnelle, la plus savoureuse, à cheval entre deux mondes, loin de sa zone de confort. Et parlant de zone de confort, elle n’oublie pas non plus de nous dérouter sur l’intermède folk presque parlé de "Strange", un morceau qui n’a pas grand-chose à voir avec le reste du disque mais qui ménage une petite pause marquante à mi-parcours. Une pause est toujours bonne à prendre avant de craquer à nouveau pour la balade toute simple, mélancolique à souhait, "Easy". Son « When we were young, we belonged to someone and that was easy » résonant au plus profond et nous ramenant instantanément à nos propres 25 ans (l’âge actuel de la demoiselle) et à nos premiers pas dans le monde sauvage des adultes. De la nostalgie au carré, de la nostalgie par procuration, de la nostalgie par anticipation (les enfants grandissent), un magnifique morceau qui ne laissera personne indifférent.

durablement

Et Laura Marling alterne ainsi en fin de disque entre morceaux plus légers comme le claptonien "Divine" ou le poppeux "Gurdjieff’s daughter" (qui d’un chant légèrement dissonant vient retenir immédiatement et durablement l’attention) et de savoureux morceaux intimes, des "How can I", "Howl", impeccables beautés calmes et recueillies. Au final, Short movie est un album extrêmement varié dans sa forme et son fond tout en gardant une belle unité d’exécution, une sacré agilité et réussite qui installent Laura Marling dans notre paysage musical pour un sacré bout de temps.

P.-S.

Pour finir en beauté, on a chiné une version alternative live de "I Feel your love" qui montre bien l’étendu du talent de Laura Marling et donne sacrément envie de la voir sur scène !

Partager :

publié par le 17/06/15