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publié par Ben Gaston le 23/10/22
Lagos meets London - GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE, Paris - 08/10/2022

Afin d’anticiper l’exposition l’exposition FELA ANIKULAPO-KUTI Rébellion afrobeat du 20 octobre 2022 au 11 juin 2023, un cycle de concerts et de spectacles était organisé pour célébrer l’inventeur de l’afrobeat nigérian. Le Cargo ! était présent pour le premier concert : Lagos meets London.

Sur la scène de la Grande salle Pierre Boulez, c’est au collectif londonien Kokoroko que revient l’honneur d’ouvrir le bal. Composé de huit musiciens, dont la trompettiste Sheila Maurice-Grey ou le percussionniste Onome Edgeworth, le groupe tire son nom de l’expression « sois fort » en urhobo, l’une des nombreuses langues parlées au sud du Nigeria, clin d’œil au berceau nigérian de l’afrobeat. 45 minutes de mélange irrésistible de jazz et d’afrobeat qui permettent au retardataires de gagner la salle.

Premier entracte et c’est au tour de Mádé Kuti d’investir la scène de la Philharmonie. Pur produit « Kuti », Mádé a grandi au sein du New Afrika Shrine, la salle de concert lagosienne de son père Femi dédiée à son grand-père Fela, avant de faire le voyage à Londres, comme ce dernier une soixantaine d’années plus tôt, afin de perfectionner sa formation de multi-instrumentiste (trompette, alto, saxophone, piano et batterie entre autres) au prestigieux Trinity Laban Conservatoire de Londres. Une première partie dans sa formation "classique" dont il nous explique que c’est la première fois qu’ils font un concert en Europe, et qu’il est très honoré par l’accueil enthousiaste du public parisien. Ensuite son compatriote Obongjayar le rejoint, lui qui a marqué les esprits en 2021 avec sa chanson « Message in a Hammer », martèlant sa rage vengeresse contre les autorités responsables du massacre des militants d’EndSars, notamment à Lagos. Tous deux enflamment la salle et incitent les spectateurs des premiers rangs de la fosse à les rejoindre sur scène, pour un dernier morceau, reprise de Fela totalement dans l’esprit du Shrine.

Deuxième pause et c’est la tête d’affiche qui s’avance : Femi Kuti. Contrairement à son fils, Femi est un habitué des scènes européennes et françaises. On se rappelle l’avoir découvert lors d’un show mémorable de l’édition 1999 de Solidays. Porte-flambeau de l’afrobeat inventé par son père Fela depuis son décès en 1997 et maître de cérémonie du New Afrika Shrine, qu’il ouvre en 2001 comme un nouveau temple à la mémoire de son père. Au-delà de l’héritage musical, l’aîné des Kuti se place aussi dans le sillage politique de Fela, en reprenant notamment le message anti-corruption du père à l’endroit cette fois du gouvernement nigérian actuel, par exemple dans le titre « You Can’t Fight Corruption with Corruption » de son album Stop The Hate Accompagné ce soir de son Positive Force Band et des danseuses emblématiques du Shrine, Femi Kuti revisite son vaste répertoire en duo avec la chanteuse Asa, autre figure majeure des héritiers de l’afrobeat de Fela. Asa a construit sa vie et sa carrière entre la France et le Nigeria. Elle a réussit le tour de force, tout en chantant en anglais et en yoruba (langue du sud-ouest du Nigeria qui est aussi celle de Fela, Femi et Mádé Kuti), de séduire le public français jusqu’à obtenir pour son premier album éponyme en 2008 le prestigieux prix Constantin. Dès le premier morceau, Femi saute, danse, cours, revendique le point levé et ne cessera de nous insufluer son énergie tout au long d’un set puisant dans sa riche discographie, mais aussi dans celle de son père, notamment sur un final explosif où l’auront rejoint son fils Mádé et son compère Obongjayar.

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