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publié par Mickaël Adamadorassy le 23/05/19
La Maison Tellier - le Trianon, Paris - 15/05/2019

On est bientôt en juin, on peut donc commencer assez raisonnablement à sortir le nec plus ultra de l’adoubement du critique musical alors allons-y franchissement : pour nous Primitifs Modernes le nouvel album de la Maison Tellier se place d’ors et déjà parmi les disques de l’année. On pourrait se laisser tromper par les éléments électroniques, un son de clavier analogique par là, une boite à rythme par ici mais non ce sont des touches discrètes, de nouveaux outils pour le constructeur, La Maison ne prend pas l’air du temps, elle n’a pas perdu le nord (mand), elle continue dans la lignée des excellents Avalanche et Beauté Pour Tous. Simplement le vocabulaire musical s’est enrichi, de nouvelles routes sont explorées mais les chansons sont toujours aussi belles, l’électricité est toujours là et le chant d’Helmut Tellier est plus évocateur et subtil dans ses nuances que jamais, tout en restant émouvant et sincère, comme les gens qui font la Maison.

On attendait donc cette date parisienne avec une impatience tout juste calmée par une très chouette session Cargo ! et nous voilà le jour J dans un Trianon bien rempli. Sur scène, la même télé rétro diffusant l’image d’une main que sur la pochette du disque. Le Trianon est plongé dans le noir, on devine juste les silhouettes des musiciens qui arrivent un par un, Alexandre qui lance "Fin de Race" avec juste une pulsation régulière, vite appuyée par la basse de Alphonse Tellier puis c’est la guitare de Raoul et la trompette de Léopold. Ils font lentement monter le morceau en construisant autour du rythme martelé par la section rythmique pendant que le dernier pensionnaire se fait attendre, un Helmut tout sourire qui arrive juste au moment de commencer le chant, il est question d’ "instant parfait". L’entrée en matière c’est tout à fait ça !

On enchaîne direct avec peut-être le meilleur morceau du disque (chez nous ça varie selon les jours) : "Chinatown" et le son si particulier de la Danelectro 12 cordes électrique (sur une 12 cordes les 6 cordes supplémentaires sont une octave plus aiguë que leurs jumelles sauf les deux dernières). Comme d’habitude au Trianon, le son est impeccable même dans les premiers rangs, parfois les morceaux d’un nouvel album ont besoin d’un peu de temps pour s’adapter au live, là ce n’est pas le cas, tout est en place, ça sonne et les morceaux s’enchaînement de manière fluide, sauf quand Helmut veut parler un peu avec le public, et il veut assez souvent : il faut parfois raconter un peu l’histoire autour de ces nouvelles chansons comme "Laisse-les-dire" écrit pour une ancienne camarade de classe qui a eu la malchance de faire partie des moutons noirs au lycée. Helmut explique qu’il s’est donné comme mission de la retrouver sur cette tournée. Ce morceau un peu plus folk, un peu plus doux est l’occasion de se rendre compte, en tant que vétéran de la Maison (5 ou 6 concert d’eux depuis 2010) que Helmut a encore progressé au chant, il y a des nuances, des émotions insufflées dans la voix qui donnent le frisson. Et quand il est libéré de la guitare, on le sent beaucoup plus décomplexé qu’avant sur le jeu de scène, beaucoup plus mobile et dirigé vers le public.

La setlist se concentre logiquement beaucoup sur le dernier album, mention spéciale à "la Horde" où ses "nouveaux" claviers prennent tout leur sens avec une basse synthé bien lourde mais aussi une des meilleures lignes de chant d’Helmut. Aux "Sentinelles" aussi, superbe partie de guitare et chant de toute beauté. Plus surprenant même si la Maison Tellier nous a habitué à des reprises "osées", ce soir ils s’essaient au "Désenchantée" de Mylène Farmer. Ce qui provoque des réactions d’abord surprises et mi-figue mi-raisin, dont Helmut se moquera gentiment après avoir jouée la chanson. C’est vrai que Mylène Farmer n’est pas forcément "musicalement correcte" pour le public de la Maison Tellier mais Helmut assume et comme lui, on considère que c’est une bonne chanson. Inattendu mais plutôt cool donc.

Strictement rien de l’Art de la Fugue par contre mais on aura quand même droit à une très émouvante "Exposition Universelle" en trio guitare-voix-trompette, un "Sur un volcan" hypnotique, puissant et en rappel deux titres tirés d’Avalanche, "Haut, Bas, Fragile" jouée en acoustique par Helmut tout seul, rejoint par le reste du groupe pour "J’ai rêvé d’avalanches". Le concert s’achève là-dessus après plus d’1h30/1h45 de concert, qui sont passées à toute vitesse. On s’attendait à ce que ce soit bien mais la Maison Tellier a quand même réussi à nous surprendre et à parfaire encore une machine déjà bien affûtée pour le live.

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