La foule n’a pas encore envahi les allées du parc Georges Valbon, nous profitons de pouvoir circuler plus aisément pour apprécier les stands, les débats et les différentes animations. Nous nous rendons à l’Agora, le lieu de débats au coeur de la Fête de l’Huma pour écouter Thomas Piketty. Après cette carte blanche notamment animée par Jérôme Skalski, journaliste de l’Humanité, il est temps pour nous de filer découvrir les concerts du jour.
LES NEGRESSES VERTES
Nous allons vérifier que le choix du public de la fête s’est porté sur la Grande Scène. Les Négresses Vertes, groupe tout de même formé en 1987, s’y produit pour la énième fois. Et le public a toujours plaisir à retrouver la joyeuse bande dont l’énergie reste intacte. La pelouse est noire de monde et s’enflamme sur ce set dynamique et efficace. Les vieux standards du collectif ne sont pas oubliés. « Voilà l’été » et « Sous le soleil de Bodega » font écho au soleil de plomb qui rayonne sur La Courneuve. Un petit concert agréable et tout en chaleur pour préparer la soirée du samedi soir.
LORD ESPERANZA
© Maël Le Gaillard
Après cette heure de chanson française, il est l’heure de passer au rap. Nous rejoignons pour cela la petite scène sur laquelle Lord Esperanza s’apprête à jouer. Le rappeur de 23 ans affirme dès le début de son set qu’il est “trop content de jouer chez lui, à Paris”. A l’image des artistes passés hier sur cette scène, il lui faudra peu de temps pour enflammer la foule et créer un nuage de poussière gigantesque. On soupçonne d’ailleurs nos poumons d’être encore embrumés par ces pogos et walls of death. Théodore, de son vrai nom, montre, tant sur ses classiques que sur ses nouvelles chansons, que son flow est aussi propre sur scène qu’en studio. Alors que Lord Esperanza finit son set, un rap bien plus populaire résonne au loin. Soprano prend place sur la Grande Scène.
STEVE AMBER
© Ben Gaston
Et à vrai dire on préfère aller découvrir Steve Amber. Séduits à l’écoute par leur indie rock psyché aux accents britanniques, on était curieux de les voir sur scène. Ah oui, car ce nom qui évoque une personne représente bien un groupe, et c’est un quatuor qui se présente sur la scène Zébrock toujours inondée de soleil en cette fin d’après-midi. Emmenés par le chanteur guitariste Tchaz Locke, ils sont bien en place et feront de leur mieux pour faire bouger l’assistance, malheureusement un peu faible.
DELGRES
© Ben Gaston
Delgrès déboule sur la scène Zebrock peu après 20h. Cette fois le public est au rendez-vous et on va vite comprendre pourquoi. Pascal Danaë à la guitare et au chant nous expliquera lors des rappels qu’ils tournent depuis 2016 quasi non stop. Le show est super bien rodé, ça joue, ça groove, son nickel, lumières à l’unisson, ils mettent rapidement le feu au public déjà ravi. Trio atypique avec en plus de Pascal, Baptiste Brondy à la batterie et Rafgee au sousaphone (ou soubassophone), un instrument de la famille des cuivres apparenté au tuba-contrebasse qu’on retrouve encore dans des fanfares. À l’origine de ce projet, il y a la guitare au son métallique Dobro et il y a le créole, la langue des parents de Pascal. Le résultat est un blues-rock flambé, puissant et abrasif. Delgrès, du nom d’un héros de la lutte contre l’esclavage dans les Antilles, est également engagé, Pascal glissera des messages entre quasi chaque morceau. Mais sans en faire trop. Un solo inédit de sousaphone et une reprise à la sauce créole du « Whole Lotta » de Led Zeppelin pour finir. Un set vraiment réjouissant et convaincant qui pourrait largement se retrouver sur une plus grande scène rapidement. C’est tout ce qu’on leur souhaite.
ZOUFRIS MARACAS
© Arnaud Vilette
En parlant de dépaysement, c’est au tour de Zoufris Maracas de prendre place sur la P’tite Scène. Encore un groupe habitué à la Fête de l’Huma. En effet, même s’ils ne sont pas toujours programmés sur une des trois scènes, les Français officient quasi tous les ans au pied levé sur les stands du festival. Il faut dire que leurs musiques s’y prêtent. Les rythmes sont joyeux, colorés et dansants. Delgrès nous avait envoyés aux Antilles, cette fois, avec Zoufris Maracas, nous naviguons entre le Cap-Vert et le Brésil. Au loin, le soleil commence à se coucher et donne à cette soirée une belle impression d’été indien.
La soirée se prolongera encore longtemps après le coucher du soleil, notamment avec le concert de Shaka Ponk et une scène électro jusqu’au petit matin. Nous regagnons nos domiciles au milieu de la nuit, et dressons le bilan : des débats, des concerts très politiques, d’autres pas du tout engagés, des spectateurs présents pour défendre le Parti Communiste, d’autres simplement pour faire la fête entre amis. La Fête de l’Huma n’a pas changé et nous donne envie d’aller la revoir l’année prochaine.