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publié par gab le 11/01/08
kristin hersh
- learn to sing like a star
learn to sing like a star

Ça commence comme une petite pique aux émissions de télé-réalité avec un titre d’album évocateur, Learn to sing like a star, qui ne pouvait être plus à l’opposé de Kristin Hersh et de sa voix plus éraillée que jamais. Une façon d’assumer et de revendiquer, vingt ans après ses débuts au sein des Throwing Muses, une ligne directrice des plus exigeantes et intransigeantes. Ce qui ne l’empêche pas d’aller voir ailleurs ce qui se fait, d’évoluer dans plusieurs styles différents, jadis avec les Throwing Muses donc, aujourd’hui avec son groupe 50 foot wave et sous son propre nom. Et comme c’est sous ce dernier qu’on la préfère, on ne pouvait que se réjouir de la sortie d’un nouvel album de Kristin Hersh, quatre ans déjà après son dernier album en date, The grotto.

ton

C’est d’ailleurs sous son nom qu’elle aura le plus varié en style et en mise en scène, pour notre plus grand bonheur bien sur, en allant des chansons très dépouillées de ses premiers albums à des morceaux plus énergiques et percutants (le très réussi Sunny border blue). Après le superbe mais intimement désespérant the grotto, c’est dans cette deuxième veine qu’elle nous revient aujourd’hui (ou plutôt hier, l’album a quasiment un an) pour son disque le plus rock à ce jour. Au premier abord ce sont la surprise et l’inquiétude qui prévalent, sa précédente tentative dans le genre s’était soldée par un cuisant échec artistique (sky motel). Mais plus de peur que de mal, c’est avec grand plaisir qu’on découvre et qu’on rentre dans les morceaux. La surprise tient d’ailleurs principalement à la formule ultra classique guitare-basse-batterie sur tous les morceaux ou presque. Elle ne nous avait pas habitué à ça. Le changement est le bienvenu ceci dit, et surtout il fonctionne. On retrouve l’énergie Throwing Muses en moins cloisonné (et surtout beaucoup plus pop quand même). Les orchestrations avec violoncelle et violon sont tout à fait dans le ton, cela n’affadit pas les morceaux mais les soutient au contraire comme sur le tube en puissance "In shock". Elle alterne ensuite les morceaux dynamiques et ceux nettement plus calmes, insérant même une ou deux pièces transitoires pour reprendre son souffle, tout en conservant une ligne de conduite impeccable, gestion d’album comme gestion de carrière forçant le respect.

catimini

On s’imprègne donc et les liaisons s’établissent, avec "In shock" bien sur, mais aussi avec les autres tubes potentiels que ce soient "Day glow", "Under the gun" ou "Sugar baby". Ne vous y méprenez pas, par tube on n’entend en aucun cas la daubasse des émissions où l’on apprend à chanter justement. On pense plutôt aux morceaux qu’on garde en soi et en tête longtemps, qu’on écoute en bougeant la tête et les pieds, qu’on écoute et réécoute, qui circuleraient plus aisément entre les gens dans un monde idéal. Mais on n’est pas dans un monde idéal, loin de là. On est dans un monde où un nouvel album de Kristin Hersh n’atteint même plus les rayons des fnacs et consorts, où il sort en catimini à l’autre bout du monde et où une petite salle comme le nouveau casino n’est qu’à moitié remplie pour son seul passage parisien. Un monde bien triste en somme.

boussole

On se console comme on peut avec les superbes "Vertigo" et "The thin man" de fin d’album et on se dit que le monde s’en va peut-être de travers mais qu’une chose est sure, Kristin Hersh sera toujours là quelque part et continuera sans faute à tracer son chemin. Et d’une manière ou d’une autre, malgré la broussaille et le marquage effacé, à la boussole s’il le faut, on continuera nous aussi à le parcourir, dans les deux sens et en zigzagant, sur les mains et les genoux ... on ramassera le moindre grain, la moindre poussière, plus fidèle que le plus fidèle, perfectionné et automatisé des aspirateurs japonés !

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publié par le 11/01/08