trame

june panic, première référence du label secretly canadian. c’était en 1999. depuis les deux ont été constants : une nouvelle sortie chaque année. de référence. car si june panic n’est pas l’artiste secretly canadian. le plus populaire, qui a obtenu la plus grande visibilité, il n’est pas loin d’être le plus fin. dernière preuve en date que ce hope you fail better. le songwriter y dilue son amertume dans un folk rock enivrant. à l’instar de ses collègues de label qui charment par leurs sonorités acoustiques, chez june panic, le son est glaçant, la trame torturée et le chemin tortueux.

ivrogne

et l’idée que l’on se faisait de frère daniel smith (danielson famile) à la production se dissipe rapidement... rien de loufoque, rien de barré - tout juste la touche danielson peut-elle être perçue dans les chœurs de "breach birth control" ou ceux de "both sides of paper (can be used)". l’idée n’est pas de faire coller l’humour noir, défaitiste de june panic à des arrangements guillerets. le travail sonore amplifie au contraire la mélancolie des compositions du songwriter. le texte gagne en précision, justesse et impact. l’ensemble est singulier, trop pour être saisi parfaitement aux premières écoutes. mais ne vous découragez pas à la lecture de ces quelques impressions, la noirceur de hope you fail better ne va pas vous déprimer. au contraire, en nous retournant au plus profond de l’être comme le fait june panic, on se sent curieusement lavé, soulagé, apaisé au sortir de l’écoute. comme si écouter ce prétendu ivrogne pouvait soulager notre mal-être. à la manière d’arab strap. de lambchop. ou tom waits. d’ailleurs l’album s’achève sur une touche de légèreté et d’espoir. "getting over joy" et "that’s the moon, my son".

sécu

avant d’en arriver là, il faut passer par la magnifique ouverture "dirge without music" où june panic récite un poème d’edna st. vincent millay sur une instrumentation sinueuse, dense et difficilement pénétrable. curieux que de commencer par un morceau si peu catchy aussi beau soit-il. on mesure alors la teneur de l’album. le petit effort d’attention, de concentration qu’il demande, une fois surmonté, nous mène dans le sombre univers de june panic. cette barrière initiale passée, les mélodies sont plus frappantes, l’ambiance moins tendue et notre esprit plus solidement ancré dans les pensées de june panic. point question d’échec ailleurs que dans le texte pour june panic. hope you fail better procure de la satisfaction, bien plus que sa pochette ne le laisse supposer. le pessimisme de june panic n’est qu’un exutoire pour sa personne et fonctionne de manière similaire pour l’auditeur. certes, hope you fail better, n’est pas encore remboursé par la sécu, mais son effet est intarissable et disponible sans prescription. amplement suffisant.