mère
curieuse carrière que celle de joy zipper, sympathique formation américaine. remarqué par les médias et leurs pairs à la sortie d’un premier album éponyme, le groupe se fait connaître sans percer, du fait d’un budget promo très restreint de la part de leur label eye q. quelques morceaux empruntent le chemin des college radios, ce qui permet à joy zipper d’entrer de manière éphèmere dans les classements de la cmj. peu après, eye q, mené par dean o’connor, disparaît. il décide de monter une nouvelle structure, 13 amp, avec son bon ami davild holmes (dont joy zipper est le groupe pop favori - ce qui se comprend aisément). après des mois de travail, joy zipper s’apprête à faire paraître american whip sur ce label, filiale de ministy of sound. la sortie est maintes fois décalée et finalement 13 amp est un label mort-né : la maison mère coupe les fonds. vincent cafiso et tabitha tindale, le couple et duo originaire de long island, ne désespèrent pas. vincent cafiso produit et mixe de son côté le deuxième album de zero 7, another late night, qui sort en 2002. et pour joy zipper les démarches continuent, soutenues par david holmes (qui passe régulièrement des morceaux du groupe lors de ses séances de dj-ing).
adressée
à l’automne 2003, un contrat avec mercury est finalement signé et l’album est annoncé pour mars 2004. pour faire patienter, joy zipper sort un premier ep en décembre, the stereo and god qui contient cinq nouveaux morceaux complétés par l’excellent "check out my new jesus" issu de leur premier album. les 18 mois qui séparent l’annonce de la sortie de l’album et son arrivée effective chez les disquaires, voient le groupe essayer d’améliorer american whip : des tentatives pour remixer, changer la formule. au final, rien ne sera changé, conformément à la demande de dean wareham (luna) adressée au groupe. et à l’écoute de ce chef d’oeuvre, on comprend aisément pourquoi. 11 fabuleux morceaux pour 40 idéales minutes, pas besoin d’en faire plus. en gage de qualité, il se murmure que le disque aurait été coproduit par david holmes et ... kevin shields (une paire qui s’était déjà croisée sur le xtrmntr de primal scream) et que les parties rythmiques auraient été rehaussées de la présence de joey waronker (rem, beck, badly drawn boy, eels...).
matériel
en mars 2004, paraît enfin ce bel objet à classer quelque part entre les beach boys, la clique elephant 6 et la noisy pop anglaise. joy zipper nous évoque quelques uns des plus beaux albums sortis ces dernières années. de loveless de my bloody valentine à the beginning stages des polyphonic spree, en passant par la pop champêtre et faussement ensoleillée de eels sur daisies of the galaxy. joy zipper n’est plus ce petit groupe de lo fi psyche pop (comprenez pop hallucinée faite avec peu de moyens) qui avait surpris son monde avec le premier album. ils déploient sur american whip l’assurance des grands, une patte singulière, un son raffiné à la fois moderne et naturel (puisant sa force dans les sonorités sixties), des arrangements de cuivres charmants (en particulier sur le magnifique final "in the never ending search for a suitable enemy"), des perles pop, petits hymnes à la beauté intarissable ("christmas song", belles nappes de synthé et harmonies vocales fondant dans l’oreille, ou encore "33x" et "out of the sun"...). l’album est fort, cohérent, s’écoute avec un plaisir intact des mois après et s’il ne pouvait se caser dans mon top de fin d’année 2003 d’un point de vue strictement matériel (l’album n’existant pas encore officiellement), il est assuré d’apparaître dans celui de 2004.