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publié par alex le 30/03/02
joseph arthur - La Maroquinerie, Paris - 28/03/2002
La Maroquinerie, Paris

peau et os

une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. joseph arthur est enfin de retour en france, pour une longue tournée des clubs. l’américain a la riche idée de visiter les mêmes villes deux ou trois fois au cours du printemps. ainsi, à paris, un forfait est proposé aux amateurs du new-yorkais, permettant pour 33 euros de voir joseph arthur à la maroquinerie, à la scène (en mai) et au new morning (en juin). avec un cd en prime. joseph arthur entame ses concerts parisiens ce soir dans une maroquinerie bourrée à craquer, dans une atmosphère est assez particulière. on sent l’attachement du public de joseph arthur pour ce songwriter pas comme les autres, mais aussi beaucoup de respect. joseph arthur arrive sur scène avec sa guitare peinturlurée, ses lunettes aux verres fumés roses, et ses deux mètres de peau et d’os.

plus ou moins académique

comment décrire joseph arthur sur scène à ceux qui ne l’ont jamais vu ? difficile de cerner un tel personnage. on pourrait parler d’un ange déchu ou maudit, d’un sorcier new-yorkais, d’un artiste animal, d’une plante grimpante et (très) vénéneuse. joseph arthur ouvre le concert avec trois nouvelles chansons, dont la très belle "bill wilson". on retrouve bonheur l’étonnante construction des chansons à la joseph arthur, qui avec une guitare et un micro, construit de véritables nappes sonores tourbillonnantes et envoûtantes. démarrant par la rythmique, l’américain se sert de la caisse de sa guitare comme de percussion, sample différents passages, et les renvoie amplifiés dans les enceintes. il poursuit, cette fois avec des passages de guitare plus ou moins académiques, puis des bribes de chants, des cœurs. peu à peu, l’environnement sonore prend forme, comme une peinture, et joseph arthur n’a plus qu’à ajouter sa voix et sa guitare pour achever la toile de maître.

palette sonore

ces véritables œuvres d’art fabriquées sous nos yeux, et nos oreilles, laissent régulièrement la place à des morceaux dépouillés, sans artifices, comme le magistral "mexican army", ou l’angoissant "exhausted". le son est excellent, ce qui permet d’apprécier l’étonnante palette sonore de la voix du new-yorkais, cette voix si particulière qui semble mettre à nu le passé de joseph arthur, sortant du plus profond de ses entrailles. tout à coup, tel un animal, il grimpe sur une caisse de matériel, arrache un filtre de projecteur rouge, le colle contre son visage avant de l’enfoncer dans sa bouche et de le mâcher assidûment. visiblement, son estomac, qui a en vu d’autres, n’est pas encore prêt pour ce genre d’épreuve, et il recrache le filtre satisfait. "tatoo", "in the sun", "history", "the real you", joseph arthur puise allègrement dans son deuxième album, mais c’est sur un morceau de vacancy, un ep malheureusement trop peu connu, que se termine le concert. il s’engage en effet dans une version littéralement apocalyptique de "prison", peut-être la chanson qui résume le mieux l’œuvre de joseph arthur, d’une intensité toujours étonnante en concert. joseph arthur ouvre son cœur, part dans une sorte de transe primale pendant laquelle il hurle, et utilise son micro comme une pierre pour graver une croix dans le mur derrière la scène. fin du premier acte, qui aura quand-même duré une heure et demi, et rendez-vous à la scène, et sur cargo, pour la suite des échappées parisiennes du surdoué new-yorkais.

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publié par le 30/03/02