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publié par benoît le 13/09/08
José González
- In our nature
In our nature

Mistral boréal

Est-ce le réchauffement climatique qui souffle un vent latino sur la péninsule scandinave ? Les formations aux patronymes hispanisants s’y multiplient, comme pour implorer un soleil trop rare. Illusion aussi éphémère qu’un été boréal : ainsi, El Perro del mar masque en réalité une grande et timide blonde du nom de Sara Assbring, et la turbulente chorale I’m from Barcelona se trouve être originaire de Jönköping, paisible bourgade du sud de la Suède, à peu près aussi torride que Saint-Gilles-Croix-de-Vie en décembre.

José González, descendant d’un couple d’argentins réfugiés politiques en Suède a, lui, tout simplement gardé son nom.

Like no other

Mais pour le tango, il faudra repasser. L’homme fait plutôt dans le folk épuré et entêtant. Seules quelques discrètes percussions au balancement latin viennent faire un clin d’oeil à ses origines sud-américaines. Les arpèges têtues et les choeurs inspirés décuplent la mélancolie émanant de ses compositions, qui dédaignent le plus souvent la traditionnelle structure couplet/refrain au profit d’un phrasé continu et hypnotique, pas très loin des ballades arides de Piers Faccini.

Ironie du sort, c’est avec la reprise d’un morceau electro glacial de The knife (Heartbeats) que José González a accédé à la notoriété, via une pub télé pour des couleurs plates à coins carrés. Aujourd’hui, il se paie le luxe de déshabiller Teardrop de Massive Attack, et l’on découvre que la chanson fonctionne aussi sans la voix magique de Liz Fraser - sur laquelle reposait pourtant une grande partie du sex-appeal du titre - et que son texte semble avoir été écrit pour lui : des vers-slogans dont il est coutumier, qu’il déclame d’une voix blanche et résignée (rappelant parfois, dans ses excursions vers le haut de la portée, celle de Jay-Jay Johansson) pendant que ses doigts épileptiques font frémir les six cordes dont ils ont la garde.

What else ?

Après quelques collaborations avec ses copains Götebourgeois de Junip (manifestement aussi joyeux que lui) et les deux ingénieurs du son britanniques de Zero 7 (toujours en quête de nouvelles voix), José González nous refait le coup de son précédent album Veneer : un songwriting sans effet de manche, tournant le dos au spectaculaire, déployant ses arpèges tentaculaires comme une araignée tisse sa toile : c’est sans même s’en rendre compte que l’on se retrouve une nouvelle fois pris dedans.

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publié par le 13/09/08