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publié par Emmanuelle Nemoz le 02/08/19
Fare thee well, Joan Baez (Guitare en Scène Festival 2019)

"Celle-là, je l’ai chantée à Woodstock" dit Joan Baez en toute simplicité avant d’entamer "Joe Hill".

Ils ne sont pas très nombreux à pouvoir dire la même chose cinquante ans après, et encore moins à être en mesure de revendiquer une telle carrière, mais Joan Baez est la constance personnifiée : toujours accompagnée de sa guitare acoustique, elle chante depuis la fin des années 50 son engagement pour les droits humains et contre les guerres et les injustices.

A 78 ans, elle a toutefois annoncé que sa tournée actuelle serait la dernière, et sa prestation au festival Guitare en Scène le 13 juillet 2019 faisait partie des toutes dernières dates programmées avant le final fin juillet à Madrid.

La taille humaine du festival de Saint-Julien-en-Genevois, avec au plus 5500 entrées par soirée et un chapiteau gratifié d’un parterre de places assises en front de scène pour l’occasion, se prêtait tout particulièrement à l’atmosphère intimiste du concert, que Joan Baez entame seule sur scène avec une reprise de "Don’t Think Twice, It’s Alright" de son ancien compagnon Bob Dylan.

Elle sera plus tard rejointe sur scène par une formation réduite mais de haut niveau avec le multi-instrumentiste Dirk Powell (violon, banjo, mandoline, guitare, accordéon, claviers), le percussioniste Gabriel Harris (son fils unique) et la guitariste-vocaliste Grace Stumberg, dont la voix n’est pas sans rappeler celle de Joan.

L’univers de Joan Baez tranche avec le rock énergique que l’on a l’habitude d’entendre à Guitare en Scène, mais elle n’en est pas moins totalement légitime car, au-delà de sa voix et de son interprétation, il ne faut pas oublier qu’elle est une guitariste hors pair, dont la technique de "finger-picking" est particulièrement aboutie et d’une grande finesse .

Les plus purs rockers du festival ne s’y sont d’ailleurs pas trompé, qui se sont laissés emporter par la conviction et l’émotion dégagées par Joan sur chacun des titres, qu’ils soient interprétés en anglais, italien, espagnol ou français, avec une superbe reprise de "La chanson de l’Auvergnat" de Georges Brassens entonnée en chœur par l’ensemble du public (avec quelques "la la la la la" amusés de la chanteuse lorsqu’une strophe lui a échappée !).

Même après 60 ans de carrière, Joan Baez ne se contente pas d’interpréter ses classiques ("Farewell Angelina", "It Ain’t Me Babe", "Diamonds and Rust", "House of the Rising Sun"...) : elle ponctue son concert de morceaux issus de son dernier album, sorti en 2018, Whistle Down The Wind, avec les engagées "Silverblade" (qui fait écho à "No More Auction Block For Me"), "The President Sang Amazing Grace" et "Another World" (car "ce monde est pratiquement foutu", dit-elle dans le français quasi parfait qu’elle utilise pour présenter les chansons), et la nostalgique "Last Leaf", qu’elle dédie à son ami John Illsley, programmé juste avant elle et qu’elle était venue écouter en toute discrétion au milieu du public.

Le set se termine sur une note positive avec un "Gracias a la Vida" tout en délicatesse, un bouquet de fleurs remis par le Président du festival et une standing ovation, avant un premier rappel avec de magnifiques harmonies vocales entre Joan et Grace Stumberg sur "Forever Young" et un retour aux thèmes sociaux avec "The Boxer" de Simon & Garfunkel.

Le public n’étant toujours pas prêt à la laisser partir, Joan Baez revient pour un second rappel de rien moins que trois morceaux, dont l’incontournable "Here’s To You" et le bien nommé "Dink’s Song (Fare Thee Well)", obligeant le parrain de Guitare en Scène, Aynsley Lister, à patienter 30 minutes avant de pouvoir commencer son set, un retard plus qu’inhabituel dans un festival, mais qui laissera au public le souvenir ému d’une grande dame dont le talent n’a d’égal que la générosité et la simplicité.

Fare Thee Well, Joan Baez.

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