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publié par Guillaume Mazel le 10/11/15
Jekyll
- Zéro et infini Ep
Zéro et infini Ep

Il y a longtemps que je suis sur la piste des gibiers justes blessés, petites décennies rapides qui ne laissent pas le temps de happer les possibles, mais remplissent les besaces de choses futiles qu’on appellera souvenirs, des choses sans matières, des trucs volages et volatiles, il y a longtemps que je cherche la mère des proies, la matrice des bêtes sauvages. Ces animaux là ne vivent dans les orées, ni prés des sentes, là ne se trouvent que des romantiques domestiqués qui tutoient les micros et inondes d’ondes des fleuves déjà en crues, la prise, messieurs dames, est dans le petit ruisseau, sous les racines prises a l’endroit où la boue est encore liquide, entre racines, je le sais, je suis chasseur, je suis pécheur, je suis. Il y a longtemps que je suis cette piste, faite d’empreintes qui ont ce point commun de griffure, profonde dans la glaise, aux aguets de ce petit monstre encore sauvage tant il est humain, ce cerbère a deux tête (Arnaud Vannier et Thomas Durand), autant monstre hirsute dans sa rage que félin hypnotisant de son charme, ce nomme Jekyll, parce que pour n’être jamais tué dans une chasse a coure, parce que pour survivre, il faut s’abreuver de manichéisme, parce qu’il faut être air a la part qu’eau. Il y a longtemps, chasseur aux aguets, mais le temps importe désormais peu, car il sort de sa tanière, le projet Zéro et infini. Sur le hurlement en prose qu’on devine blessé d’Arnaud, s’assouplie l’échine lourde du bison et puissance lancinante, lascive du serpent de Thomas, des atmosphère de terrier où se protéger des lumières des villes qui domestiquent en sourires faux nos sons, hybride, animal batard qui acquis le droit de race, en nommant des Brel, des Kat-Onoma, se donne a des rituels de scènes spéciaux, autres, et livrent sur un Ep. Des raisons pour les chaines alimentaires, des faims et des manières d’apaiser la faim, car ce petit objet offert est aussi apaisant que bouleversant, et accroche comme des canines nos chairs, et accroche comme une vérité nos âmes. Nos deux facettes, Jekyll enragé et Hyde sensoriel, projettent des lieux où cacher sa faiblesse, le nid, le terrier, la caverne, tout en recréant les territoires de chasses, les steppes immenses, les monts, de sons simples sur voix domptées aux détresses, presque baignées dans les liqueurs de Tom Waits, évitant les balles dans des valses irrégulières et belles, des petites écailles qui semblent fortes, si fragiles. Il y a toujours une certaine beauté dans la bête blessée, toujours une grandeur dans l’être divisé, de la compassion dans la déchirure d’un Jekyll, de la compréhension dans l’envie de Hyde, et ce blanc et noir, pelage de loup, peau arrachée de phoques, est une sonorité qui entre comme plomb dans les plus dures des peaux. Venez alors chasser la bête, la voir blessée et dangereuse, venez voir les deux visages de l’animal, et trouvez vous-même, les deux visages de cet Ep. Quitte a vous blesser.

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publié par le 10/11/15