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publié par tairanteuh le 23/11/05
jeffrey lewis + jack lewis
- city and eastern songs
city and eastern songs

fil

Le personnage a été raconté bien des fois (ici comme ailleurs), il n’est donc pas nécessaire de s’appesantir une nouvelle fois sur l’artiste new yorkais. Peut-être faut-il juste rappeler une fois de plus que l’univers de jeffrey lewis ne s’apprécie pleinement qu’après l’avoir goûté sur scène. L’écoute de ses albums, ou plutôt recueils de morceaux, y gagne en effet nettement une fois que le contexte du personnage est en quelque sorte saisi. Les initiés retrouveront donc avec bonheur le fil des amusantes narrations de jeffrey lewis, épaulé par son frère jack ’lesser’ lewis.

désuet

La grande nouveauté de cet album est certainement la présence d’un producteur confirmé, et non des moindres puisqu’il s’agit du fameux kramer, responsable d’albums essentiels de formations aussi importantes que low, galaxie 500, daniel johnston, danielson famile, luna ou encore damon & naomi. Et cette nouveauté induit l’enregistrement dans un vrai studio et donc une qualité de son exceptionnelle (enfin, relativement aux précédents albums de l’artiste). À la lecture de ces dernières lignes certains redoutent déjà que jeffrey lewis, à l’image d’un adam green mué en chanteur de et au charme désuet, ne perde dans ces conditions en sincérité, en simplicité, ou plus simplement en grâce ce qu’il gagne en finesse de son et en sophistication.

fusil

Et bien non, il n’est rien de consensuel, de trop lissé ou de commercial dans ce City and eastern songs. L’auteur si critique envers la supposée indépendance des maisons de disque (la sienne tout particulièrement puisque rough trade dépend de la major sanctuary) ne change aucunement son fusil d’épaule. Le titre de cet album n’est pas non plus un hommage post 9-11 à la grande pomme de la part d’un de ses pauvres petits résidents. Jeffrey et jack lewis se fendent plutôt d’un pied de nez au country and western, et peut-être à cette étiquette antifolk galvaudée qui voudrait faire passer ces sympathiques jeunes gens pour des fumeurs champêtres de cônes allumés (et vice versa).

coloration

Signe de la montée au créneau de jack lewis, le son se fait beaucoup plus énergique, les ballades dépouillées à la guitare acoustique cédant d’avantage de place encore à des échappées rock’n’roll que sur it’s the ones who’ve cracked that the light shines through (2003). Et quand jeffrey lewis se retrouve dans une configuration plus intime, kramer brode finement en arrière plan des motifs de violon, cuivres, banjo ou place simplement des choeurs discrets et fondants, le tout donnant une coloration très rêveuse à ses ballades, comme des vieux morceaux psychédéliques. Si ce son plus riche et nuancé se perçoit aisément sur les morceaux les plus apaisés, l’écoute aidant, on prend conscience d’autres éléments aussi bien sentis dans les passages plus rock. Sur l’introductif et fantastique “posters” se pose ainsi un canon surprenant tandis que sur “something good” c’est une ligne rythmique de piano qui déboule sans prévenir.

électron

Cet élégant travail sonore n’est pas un luxe superflu, il permet aux compositions de jeffrey lewis de gagner en profondeur, d’être plus accessibles et intelligibles. Un détail qui a son importance puisque jeffrey ne semble pas décidé à apaiser le flot de ses paroles, lâchées en tumultes. Si comme toujours, un album de jeffrey lewis vaut le détour pour la teneur de ses écrits, city and eastern songs n’est pas en reste et s’avère là aussi particulièrement riche. Les retrouvailles sont heureuses, l’électron semble plus libre que jamais et signe avec city and eastern songs son album le plus cohérent, accessible et, paradoxalement, le plus inspiré.

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publié par le 23/11/05