préjugés

il faut bien avouer que je n’avais jamais vraiment écouté du murat avant mustango. j’avais même quelques préjugés négatifs sur une chanson française prétentieuse et nous faisant mourir d’ennui. mais un type qui idolâtre p.j harvey, qui invite les elysian fields et sa divine chanteuse, ou encore les calexico méritent que l’on mette ses préjugés dans la poche et que l’on écoute son album. ce qui marque la première fois ce sont les mélodies, murat nous enveloppe dans une nostalgie, une ambiance détendue, qu’il vous balance nonchalamment. du bien être, reposant. mais avec une classe incroyable, la voix de jennifer charles est une pure merveille sur "jim" et surtout le magnifique "bang bang".

frissons

et il faut bien avouer que tout est réussi sur mustango : les paroles sont souvent superbes, drôles ou touchantes. les morceaux plus enlevés sont des petites perles comme son récit du concert de p.j harvey lors de laroute du rock - "polly jean" - ou bien son couplet anti mégret : "les gonzesses et les pédés". les influences américaines et de calexico en particulier - c’est vrai que l’on pourrait trouver pire comme influence américaine - pourraient vite tourner à l’exercice de style un peu fumeux ou bien sombrer dans le ridicule le plus total. mais c’est avec une très grande classe que murat nous offre l’incroyable "nu dans la crevasse" (10 minutes 47 quand même !) et ses chœurs typiquement folk, absolument géniaux et son final qui arrive quand même à vous filer quelques frissons (avant d’enchaîner délicatement avec le très sobre et très émouvant "mustang") ou le rigolo "viva calexico".

résistance

alors c’est vrai aussi que l’on peut se fatiguer ou s’irriter de sa voix un peu traînante et nasillarde - une sorte de copie sans relief ni personnalité de celle d’arthur h. mais on s’aperçoit au bout de quelques écoutes - car l’album mérite de ne pas quitter le tas de cd juste à coté de votre lecteur - combien cette voix est incroyablement bien posée sur chaque musique, chaque refrain, comment il sait jouer de ses défauts et de ses non-qualités évidentes. c’est sûrement avec un morceau comme "mustang" (pays ou région, je ne sais plus, bouddhiste première poche de résistance et donc de violence contre l’envahisseur chinois) que l’on prend la mesure du talent de ce mec, cette sobriété, cette émotion à fleur de peau, l’équilibre entre sa voix et le piano et le violoncelle. bon il faut quand même dire que "belgrade" ou "le fier amant de la terre" sont légèrement en dessous du lot, mais ce n’est pas franchement très grave, cela permet de garder un poil de fierté par rapport à tout le mal que je pouvais penser de murat sans jamais l’avoir vraiment écouté (quelle excuse bidon !).un grand disque.