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publié par Renaud de Foville le 29/04/02
jean-emmanuel deluxe, alexander faem and friends
- tribute to delon/melville
tribute to delon/melville

transistor

des craquements vynilesques qui nous plongent dans un siècle passé. un synthé, sûrement un bontempi, complètement surréaliste, que l’on croirait tiré d’un disque, d’un mauvais disque de contes pour enfant. la voix de luis rego, ce qui ne nous rajeunit pas non plus : « bonjour, c’est luis rego qui vous parle ». quand je vous disais que l’on était dans un siècle passé, on se croirait, pour notre plus grand bonheur, revenu à une époque où l’on s’étonnait encore de l’intrusion d’une voix au milieu des foyers via un bon vieux transistor ! « et bien, je suis présent avec vous, grâce au miracle de la stéréophonie... ». la télévision n’étant encore réservée qu’à une tranche minime de la population, la famille est réunie en ce samedi après-midi autour du poste à galène, autour du transistor, avant d’aller à la sacro-sainte séance du cinéma du samedi soir... « pour vous parler de ce disque réalisé en hommage à jean pierre melville ». je ne sais pas qui a bien pu avoir cette idée, mais ce n’est pas moi qui l’en blâmerait. si melville a toujours préféré le jazz aux sons synthétiques que l’on peut retrouver dans cette compilation, rien ne nous empêche nous de replonger dans l’univers du plus américain des réalisateurs français en compagnie de cette bande de doux dingues... « les meilleurs experts en manipulation sonore se sont succédés pour vous offrir la musique du futur et de l’avenir... ». evidemment on est en droit de se demander si, plongé dans notre bulle spatio-temporelle, une bulle particulièrement kitsch bien sûr, ce fameux futur dont nous parle luis rego ne serait pas, en fait, notre présent... mais ne soyons pas trop technique et laissons tout cela aux experts et autres emmet brown, pour nous concentrer sur la musique...

fauteuil

« vous remarquerez que ce disque comprend deux reprises qui au premier abord n’ont rien à voir avec l’univers de melville. une reprise de zanini et une autre de christophe... ». hummmm, zanini quand même à plus que flirté avec le jazz, c’est le moins que l’on puisse dire, et comme je viens de le dire tout ce qui touche au jazz à toujours plus ou moins rapport avec l’univers de melville... quand à christophe, c’est quand même un seigneur un peu fou qui vit principalement la nuit, ce qui est une définiion qui pourrait, dans un autre registre de folie douce, convenir à melville. autre oiseau de nuit ! « sachez que les voies de la création sont impénétrables et qu’il s’agit d’oublier la logique aristotélicienne pour aborder les enregistrements que vous allez écouter... ». alors là on n’aurait pas pu dire mieux sur ce rafiot, il faut d’ailleurs oublier toute logique - sauf peut être celle d’heidegger, mais encore une fois nous laisserons cela aux experts - pour se plonger dans ce disque aussi allumé qu’entraînant, ce conseil est beaucoup moins anodin que ce que l’on pourrait penser... « monsieur deluxe vous recommande de choisir votre meilleur fauteuil.... ». bon évidemment nous ne pouvons cautionner cette remarque particulièrement bourgeoise - ce qui sied parfaitement à melville et aussi au delon d’aujourd’hui. en effet, un bon fauteuil c’est loin d’être abordable... attention luis à ce genre de petit détail qui chagrine !

spectre

« ... pour aborder les enregistrements que vous allez écouter... » de plus je ne suis pas sûr que ce genre de musique soit tout à fait conseillée au fond d’un fauteuil, mais plutôt le plus fort possible, les fenêtres ouvertes pour en faire profiter généreusement vos voisins et n’hésitant pas à vous trémousser pour accompagner les rythmes de ces musiques « ...où vous rencontrerez ariel wizman, bertrand burgalat, lna, april march, jacno... ». pas la peine d’avoir fait les grandes écoles pour remarquer combien ces personnages en dehors d’être talentueux et allumés ont tous un petit coté année 50 qui n’aurait pas dépareillé dans un film de melville... qui ne verrait pas burgalat dans ces costumes cintrés dessouder deux ou trois malfrats dans une boite malfamée où april march accompagnée d’un jacno alcoolisé nous chanterait un morceau sensuel, pendant que wizman jouerait dans l’arrière salle à quelques jeux de cartes prohibé sous le regard langoureux d’une lna aussi belle que vénéneuse... « le spectre sonore ainsi visité doit vous induire vers des expériences psychiques nouvelles... ». en dehors du fait que ce genre de phrase alambiquée et surréaliste nous fait dire que luis rego pourrait écrire sur notre cargo des chroniques totalement déjantées, on ne peut, encore une fois, que cautionner ce qui vient d’être dit... pas la peine de prendre des psychotropes - bien sûr personne ne vous en empêche si vous aimez les mélanges totalement explosifs - pour visiter des mondes nouveaux et colorés en écoutant cette hommage à melville et delon, le delon de l’époque... acteur sublime dans tous les sens du terme ! tout l’équipage de notre cargo se joint à luis rego pour vous dire « bonne écoute et un grand hello à tous nos amis de part le monde... so enjoy delon-melville ».

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publié par le 29/04/02
Informations

Sortie : 2002
Label : euro-visions