On avait découvert Janie fin 2020 avec son premier EP Petite Blonde pour lequel il avait fallu créer une catégorie spéciale dans notre Top annuel, on l’avait appelée "inattendue", parce qu’il nous a énormément touché ce disque alors qu’il est question de chanson française et que ce n’est pas du tout la musique avec laquelle on a grandi. Tous ces monstres sacrés qu’elle cite dans ces chansons, ceux qu’on reconnait dans une suite d’accords, un intervalle dissonant, on est rarement capable de mettre plus d’une chanson en face du nom.
Et celle qu’elle reprendra ce soir au Café de la Danse, Véronique Sanson, on serait bien incapable de vous dire le titre de la cover et pourtant on a adoré cette version et ce concert en général parce qu’il y a une voix superbe, émouvante dans ses petites fragilités, ces notes prononcées parfois à bout de souffle mais on aime aussi chez Janie cette sincérité qui rend les textes d’autant plus poignants, jusqu’à vous mouillez les yeux pour "Nino ou Rose" ou "Mon idole". Et puis cette sensibilité exacerbée qu’on entendait qu’on devinait déjà sur disque, elles se retrouve aussi dans les expressions de Janie, dans les regards fréquents pour le public, qu’elle soit derrière son clavier ou assise sur le devant le temps d’un morceau mais ce n’est qu’une facette du personnage : il y a aussi de la joie, de l’exubérance chez Janie, grâce à ses deux musiciens, elle n’est pas coincée derrière son clavier mais souvent en train d’arpenter la scène, de venir au plus près du public, pour danser et le faire danser, et même d’essayer de lui apprendre la chorégraphie de la macarena (Précisons que c’était pour son titre du même nom qui sortait le soir même à minuit, pas pour une reprise du fameux tube de l’été 1996)
Là on a essayé pour faire plaisir à Janie mais il faut malheureusement avouer qu’on a été plutôt mauvais, contrairement à une bonne partie des spectateurs du Café qui la connaissaient tellement bien que ça en est presque suspect… Et ce public donc ? on se demandait à quoi il allait ressembler, plutôt l’âge de Janie ou plutôt l’âge de ces idoles ? en fait plutôt l’âge de Janie, parfois un peu plus mais rarement en dessous de vingt. Et à en juger par ceux nombreux qui connaissent les paroles par cœur et chantent avec Janie, il y a un peu plus de filles que de garçons (ou alors ils osent moins chanter ?). En tout cas le café affiche complet ce soir et La Cigale en juin prochain devrait prendre le même chemin et c’est largement mérité : Janie a réussi dans cette formule en trio à transposer en live ce qui fait l’essence de sa musique l’émotion, la sensibilité à fleur de peau, des textes qui sont ses propres histoires, qu’elle prend le temps de raconter entre les chansons. On a l’impression qu’elle se livre totalement, qu’elle se lance au dessus du vide sans filet.
Et en même temps le "métier" est là : le jeu de piano est assuré, on sent qu’il y a une expérience de la scène, une confiance en elle-même et dans ses deux musiciens. qui savent se faire discrets mais qui ont aussi l’occasion de s’exprimer, d’occuper un peu plus l’espace musical dont un excellent final où le batteur a tout le loisir de libérer la puissance de sa frappe, pendant que c’est Janie qui accompagne. Tous les trois jouent vraiment ensemble et les morceaux en groupe ne sont pas radicalement différents des quelques morceaux jouées par Janie seule et cela contribue aussi à la cohérence du set, qui avec un seul album au compteur aurait pu paraitre un peu court mais en fait il aura été tellement intense qu’on se plaint pas (et puis on sait qu’il y a une prochaine fois en juin à la Cigale donc !)