"I love Huckabees" est un film déroutant, intriguant, agaçant et drôle à la fois. Un film qui accumule les contradictions et l’absurde. Mais quel est le propos du réalisateur et comment résumer une histoire qui semble partir dans tous les sens ?

un film déroutant sur la manipulation mentale

Alors que Star Wars est sur tous les écrans et qu’Anakin bascule du côté obscur de la force, "I love Huckabees" nous rappelle que la force est en nous et qu’il faut se méfier des manipulateurs pervers. Un jeune écolo poète et un peu paumé, Albert Markowski (super Jason Schwartzman) s’interroge sur le sens de son existence. Par trois fois, il a rencontré un grand noir : simple coincidence ou message caché ? Pour le savoir, il fait appel à des détectives existenciels, ils sont chargés de l’observer dans son quotidien pour reconstituer les pièces de son puzzle.

Un double pas si parfait que ça

Ces détectives interprêtés par Dustin Hoffman et Lily Tomlin le prennent en filature, fouillent dans ses poubelles et s’invitent sur son lieu de travail. La situation se détériore rapidement car à remuer les détritus, on tombe sur ce qui vous gêne le plus : en l’occurence le sublime et pathétique Jude Law qui interprête le rôle de Brad Stand, le patron d’une grande multinationale qui possède tous ce que notre petit écolo n’a pas- confiance en soi, respect, charisme, petite amie superficielle mais mignonne...

Notre cadre dynamique, président de la société Huckabees chargée d’aider Albert dans son combat militant, fait bientôt la fierté des détectives existenciels. Il s’invite aux réunions du groupe. Albert voit ses pires hantises refaire surface : on le soumet au test du sac de couchage noir qui doit l’apaiser. Le spectateur assiste alors à des scènes d’une drôlerie proche du burlesque où Albert, enfermé dans le sac s’imagine décapiter son double parfait. Lassé de tout ce mic-mac para-psy, Albert décide de voler son dossier et partir à la recherche du grand noir mystérieux.

Il trouvera une aide providentielle en la personne de Marc Wahlberg, pompier perturbé par le prix du pétrole depuis la catastrophe du 11 septembre et qui a perdu femme, enfants après avoir fait appel à nos détectives. Leur amitié sera troublée par la présence d’une psychiatre française cynique et sadique interprêtée par Isabelle Huppert. Ancienne disciple des détectives, elle se servira du pompier et de l’écolo pour se venger de ses précédents mentors.

Retournement des valeurs

Pendant près de deux heures, on assiste à un retournement des valeurs, le pompier devient fou furieux. L’écolo candide et timide s’envoie en l’air avec la psy démoniaque qui le couvre de boue et la petite amie bimbo du jeune cadre (interprêtée par Naomi Watts) redécouvre les joies de la simplicité en portant un adoptant le look "petite maison de la prairie". Mais tous retrouveront la voie de la raison et du bonheur en comprenant que toutes les Eglises se sont payées de leur tête.

Un film difficile à résumer tant il est compliqué mais au final, un seul mot : l’amour et l’affirmation de soi sauvent. On comprend cela en voyant notre pompier arriver le premier sur le lieu de l’incendie avec son vélo et Albert récolter les fruits de son travail tandis que son rival- détruit par une allusion à un sandwich mayonnaise et vous comprendrez pourquoi en allant voir ce film ébouriffant- sera vidé de sa substance.