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publié par arnaud le 19/07/06
Isan
- Plans Drawn In Pencil
Plans Drawn In Pencil

Marasme

Fer de lance de l’écurie berlinoise Morr, ISAN revient illuminer l’été de son electro légère et rêveuse. Par le passé, le duo constitué de Robin Saville et Anthony Ryan, a souvent été synonyme d’une electonica aérienne et directe, gardant toujours la mélodie en ligne de mire. Ainsi leur Lucky Cat ou la compilation de singles Clockwork Menagerie, en étaient les dignes représentants, et que dire de leur impeccable collaboration avec Piano Magic sur ce qui reste sans doute le meilleur album de Glen Jonson à ce jour, Low Birth Weight. Mais les années aidant, on est peut-être devenu un peu moins réceptif, tout du moins plus exigeant envers le genre, et Meet Next Life, paru en 2004, avait plu sans pour autant marquer les esprits, encore moins les bilans annuels.Un peu à l’image de leur label, dont les récentes sorties semblent plongées dans un profond marasme d’electropop peu aventureuse, on aborde ce nouvel opus du duo, intitulé Plans Drawn in Pencil, sur la pointe des pieds, ou du stylo devrait-on dire !

Maîtrise

Bien sûr, à l’instar des schémas complexes représentés sur la pochette du disque, Ryan et Saville maîtrisent leur sujet : chaque son synthétique a été travaillé encore et encore, passé à travers de multiples effets et de nombreux filtres afin d’obtenir une touche personnelle, reconnaissable entre toutes. Mais au delà des mélodies souvent immédiates (dès l’ouverture de l’album sur un Look and Yes discret mais accrocheur), on s’interroge sur l’évolution même du groupe, qui semble montrer là, un peu dans le sillage de ses collègues de Boards Of Canada l’an dernier, ses limites, comme si sa palette de couleurs était limitée à certaines teintes pastels. Comme souvent, ISAN joue la carte de l’économie question rythmiques, évitant le piège de la complexité imposée à l’auditeur (Corundum illustration parfaite de cette maîtrise), mais à l’aide de ses claviers, ne cherche pas pour autant, à l’emmener dans une direction précise : ainsi certaines compositions restent bien fades et incapables de décoller (Cinnabar ou Ship qui n’offrent au final qu’un fond sonore anodin).

Sampler

Quand enfin le groupe se laisse partir dans une direction plus originale, et se donne un peu plus de temps pour poser ses ambiances, c’est pour complètement passer à côté de son sujet : ainsi le très ambient et prometteur Immortal Architecture qui, alors qu’il pourrait plonger l’auditeur dans une atmosphère contemplative bien plus étirée, et tirer son épingle du jeu, se saborde complètement au bout de trois minutes, par un final qui retombe comme un soufflet. Même sentiment, sur Amber Button qui laisse sur sa faim, comme si l’on écoutait un vulgaire sampler promo de ce nouvel album. à vouloir trop coller à leur réputation de mélodistes de l’electronica, nos deux Anglais refrènent toute tentative d’aller vers les compositions plus alambiquées, moins évidentes, et dépassant les trois minutes...

Pastorale

Sentiment des plus pénibles à vivre tant il subsiste chez eux un potentiel énorme à peindre ces fresques presque pastorales, à la douceur rassurante, ces images oniriques auxquelles ils nous habitués par le passé . Cette beauté naïve pointe parfois le bout de son nez sur une fin d’album moins poussive, sous la forme de Stickland (encore une tentative ambient réussie mais qu’on aurait aimé plus développée), à travers le minimalisme de la mélodie de Working In Dust ou bien dans la construction méticuleuse de Seven Mile Marker, peut-être la plus belle réussite de ce disque. Au final, l’écoute de Plans Drawn in Pencil se révèle agréable, bien sûr, car ISAN a l’expérience et sait parfaitement faire sonner sa musique, mais encore plus que pour Meet Next Life, il faillit à laisser une impression durable. Bien souvent décriés par les amateurs d’electro complexe et rythmique, parfois qualifiés de "musiciens d’ascenceur" par quelques mauvaises langues, on se demande si Ryan et Saville ne cherchent pas l’auto-parodie comme meilleure façon de railler leurs détracteurs. Au risque de lasser une partie de leurs fans.

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publié par le 19/07/06
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Sortie : Morr Music