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publié par Mathilde Vohy le 24/02/20
Isaac Delusion - La Cigale, Paris - 11/02/2020

Depuis la parution d’uplifters, leur troisième album (et deuxième à paraître chez Microqlima), nous avons carrément accroché au projet Isaac Delusion. A la fin de l’été, le single Fancy nous avait déjà envoûtés et c’est ce dernier qui nous avait donné envie d’écouter l’album entier. Réellement bercés par leurs sonorités indies et voix lancinantes, la dernière étape consistait à découvrir ces nouvelles chansons sur scène. Et ça tombait bien puisqu’en 2020, le groupe avait rendez-vous à Paris pour deux Cigale complètes.

La Cigale, Paris

Lorsque nous arrivons sur place, nous sommes heureux d’apprendre que Louise Verneuil a été choisie pour faire la première partie du groupe. A vrai dire, nous sommes même (agréablement) surpris. En première partie d’Isaac Delusion on s’attendait à un groupe plus pop ou électro mais pas à de la chanson française. Toujours est-il que nous sommes ravis de revoir cette artiste chère à de nombreux matelots du Cargo !.

Louise Verneuil et le temps s’arrête

Le concert commence, Louise Verneuil arrive dans sa simplicité habituelle. Un pantalon rayé bleu, un chemisier blanc et une certaine élégance. La chanteuse empoigne sa guitare et commence à nous chanter les titres extraits de son premier EP, sobrement intitulé Louise Verneuil et sorti chez Mercury. La sudiste n’a d’ailleurs pas sorti beaucoup d’autres chansons à part ces 5 titres au printemps et un single « Love Corail » en 2020. Mais c’est ce qui fait sa particularité, à une époque où il faut aller vite à tout prix, Louise Verneuil assume le fait de prendre son temps. Elle a mis six ans à sortir Louise Verneuil et ne se presse pas plus pour la suite. Ces années de travail se ressentent d’ailleurs dans ce qu’elle nous propose ce soir à la Cigale.

Sa voix rauque ne faiblit jamais, sa poésie mélancolique nous laisse silencieux, ses arrangements sont ambitieux, et son charisme fait effet tout au long du show. Nous sommes d’ailleurs encore plus impressionnés quand nous savons que tout ceci n’est qu’autodidactisme. Enfin, ce qui est stupéfiant avec Louise Verneuil, c’est qu’elle laisse, aux premiers abords, transparaître une sensation de vintage. Elle porte en effet le nom de la rue où Gainsbourg vivait (et oui, c’est un pseudonyme) et sa manière de chanter nous rappelle Jane Birkin ou Joni Mitchell. Néanmoins, passées ces premières impressions, nous constatons que Louise Verneuil n’est en fait rien d’autre qu’une femme de son époque. Une femme puissante, qui trouve la force d’écrire sur des sujets tels que l’addiction dans « Nicotine » ou l’abandon dans « Désert ».

Transportés par l’ambiance

A peine le temps de redescendre de notre petit nuage que c’est au tour des loubards d’Isaac Delusion d’investir la scène de la Cigale. D’abord deux, puis souvent quatre, c’est à cinq que les garçons se présentent pour cette deuxième date parisienne. Au premier plan, Loïc Fleury et Jules Pacotte, les membres initiaux du groupe. Copains de longue date, ils se sont en effet rencontrés au collège, période pendant laquelle ils composent leurs premiers morceaux dans leurs chambres d’adolescents. Loïc à la guitare, Jules à l’informatique et l’électronique. Ils ne se sont jamais quittés et ont rencontré ensuite Cédric, Nicolas et Bastien. Ils sont ce soir en fond de scène, surélevés par un praticable et respectivement aux percus, basse, guitares et claviers. Derrière tout ce beau petit monde, une énorme vague, à l’effigie de la jaquette de l’album, surplombe la scène et est prête à nous ensevelir sous un raz-de-marée musical.

En effet, dès que le groupe se met en route, nous sommes immédiatement happés et incités à rejoindre un monde en apesanteur. Isaac Delusion commence en effet par jouer les plus gros succès de leurs trois albums : « Midnight Sun », de l’album éponyme, « Isabella », de Rust & Gold puis la fameuse « fancy », du dernier opus. Un démarrage en fanfare et dans une ambiance électro-pop cotonneuse.

Confortablement assis ou serrés dans la fosse, nous avons tous immédiatement l’impression de baigner dans du coton. Les notes de ces trois tubes et de ceux qui suivent sont de velours, elles nous caressent et nous transportent. « How Much (You Want Her) », « Magicalove », « Disorder » et « She Pretends » semblent hors du temps, les mélodies sont simples et belles et les textes spontanés. Le groupe s’exprime quasi uniquement grâce aux notes et peu par les mots. Seul Loïc Fleury, chanteur du groupe, prononce calmement quelques phrases de remerciement entre les différents titres.

Isaac Delusion semble en fait nager en plein rêve. Déjà parce que leurs musiques sont aériennes mais aussi parce qu’ils se disent touchés et honorés de jouer dans une salle complète et si mythique. Rêveurs, donc, et le cœur sur la main, puisque nous sommes généreusement conviés à rejoindre leurs pensées chimériques.

Enfin, les lumières sont elles aussi parfaitement maîtrisées et contribuent à nous faire planer. Tantôt puissantes et colorées, tantôt sombres et tamisées, elles sont exaltantes et embellissent les notes. Upliftantes quoi.

Des instrus bien aiguisées

Enfin, nous ne pourrions être aussi transportés sans une prestation musicale de qualité. Si l’électro-pop est parfois associée à une certaine facilité musicale, chez Isaac Delusion, c’est tout l’inverse. Leur univers est composé de mélodies et de styles très variés. Sur « Couleur Menthe à l’Eau », leur reprise d’ Eddy Mitchell désormais célèbre, l’instru est par exemple très simple : des synthés tout doux, quelques boîtes à son et un peu de batterie. A l’inverse, nous découvrons des titres très énergiques comme « Distance » durant lesquels nous sommes emportés par de longs solos de batterie et de guitare. Bref, nous sommes entre douces ballades pop et électro percutant.

Une seule chose persiste tout au long du spectacle : la voix de tête de Loïc Fleury. Présent sur absolument tous les morceaux depuis leur premier album, ce fausset nous rappelle Jimmy Somerville et est surtout devenu la marque de fabrique d’Isaac Delusion.

Pour résumer cette soirée, nous pourrions dire que les concerts d’Isaac Delusion n’ont rien de commun. L’atmosphère créée par cette voix de tête, ces instrus cotonneuses, ces mélodies planantes et ces lumières colorées y est inédite et plus que réjouissante.

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publié par le 24/02/20