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publié par Mickaël Adamadorassy le 08/05/04
Innocent X
- haut/bas
haut/bas

jusqu’à l’an 2000, si on vous disait innocent x, vous auriez pu répondre, dans un seul élan spontané, "ah oui le pape épris de justice dont la réputation a été un peu tâchée par ces relations troubles avec la veuve de son frère" (bon je l’avoue j’ai du chercher sur google pour apprendre ça :). une chose est sûre maintenant, vous allez devoir hésiter entre ce brave pape et le trio rock du même nom.

un disque de guitares ?

en effet, innocent x est une formation assez inhabituelle : il se compose de deux guitaristes, pierre fruchard et cédric leboeuf, et d’un batteur, etienne bonhomme. pierre et etienne se connaissent pour avoir joué avec l’artiste pop nathalia m king tandis que cedric et pierre se croisent dans le collectif les estrangers, auteur de plusieurs musiques de films. et c’est plutôt dans cette direction que lorgne le groupe, qui voit le jour en 2000 et termine fin 2001 le haut/bas dont il est question dans cet article. s’il y a deux guitares dans le groupe, il n’est par contre absolument pas ici question d’esbroufe et de descentes de manche façon année 80. le rock d’innocent x est atmosphérique. parfois contemplatif, parfois incisif mais souvent mélancolique. a tel point, qu’il croise parfois les paysages sonores du radiohead récent, comme sur in vitro par exemple. puisqu’on parle de radiohead, il ne faut pas non plus croire que les deux guitares ont choisi comme vocabulaire la débauche d’effets et de triturages de sons d’un jonny greenwood. il y a certes quelques bidouillages intéressants mais globalement les guitares sonnent assez naturel, en dehors des habituels crunchs et distorsions. ici les six-cordes tissent la toile d’un film imaginaire à coup de mélodies et de contre-mélodies, de bruitages et d’arpèges, de rythmiques pêchues ou retenues. le vocabulaire classique de la guitare mais exécuté avec goût et maîtrise. tout comme le travail du batteur, qui sait parfaitement trouver sa place dans les morceaux.

la b.o. d’un film imaginaire

l’image peut sembler facile pour un disque instrumental, mais l’enchaînement des morceaux, la manière dont les climats changent peu à peu au cours du disque, tout évoque une progression, une narration. ce film imaginaire commencerait par une accroche forte, comme "asphalte", le morceau d’ouverture, à la fois entraînant et inquiétant, on continuerait à s’enfoncer dans des paysages inquiétants et sombres avec "carne" tandis que "haut/bas" maintiendrait le spectateur sur les charbons ardents avec ses alternances entre violence distordue et mélancolie. in vitro rappelle un peu pink floyd avec ses quelques notes de guitare posées sur une nappe et cette fois c’est définitif, on plonge dans des eaux troubles et tristes dont "morose" ne risque pas de vous sortir, même si les guitares reprennent du mordant à la fin, ce n’est que pour critiquer une "justice limite"... mais finalement peut être que le salut viendra du principe féminin, d’un "premier baiser" très enjoliveur où l’album sort enfin de la chape de mélancolie où il s’était embourbé au fur et à mesure pour nous offrir un "oui madame" pêchu à souhait. "mylène" c’est un peu le flashback à la fin du film où l’on revoit certaines scènes : on y retrouve la mélancolie qui imprègne tout l’album et qui se résout finalement dans un final puissant avec une des plus belles parties de guitare de l’album qui inspire un sentiment d’apaisement. Les toutes dernières notes résonnent comme l’avertissement du grand méchant qui va revenir dans un deuxième opus. (prévu pour 2004, au passage). the end.

haut/bas est un disque bien produit et bien écrit, une musique évocatrice et intelligente. le seul reproche qu’on pourrait lui faire est la concentration au milieu de l’album de morceaux à l’image de ce "morose" si bien nommé, qui rendent l’écoute plus difficile mais qui sont un peu les longs travellings de notre film imaginaire, pas forcément l’élément qui accroche le plus mais indispensable quand même à l’impression d’ensemble.

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publié par le 08/05/04
Informations

Sortie : 2002
Label : label bleu