On y a pensé tout l’été. Depuis qu’on est tombé en arrêt sur Le serpent d’eau de Tony Sandoval. Trouver Doomboy. Trouver Doomboy. Et détrompez-vous, ce n’est pas si simple, malgré une réédition l’an passé. Enfin, pas si simple, en partant du principe que vous ne souhaitez pas passer par un révendeur internet qui n’a pas vraiment besoin de vous. Encore moins simple au mois d’août ! Au final il nous aura fallu attendre la fin des vacances de notre bédéiste préféré (« Bulles de salon » à Levallois, supers BDs en coup de cœur, très bon conseils quand vous en avez besoin, allez-y) et là, déception, on ne le voit pas en rayon. Gloups. C’est alors qu’il faut passer par-dessus sa timidité naturelle et aller discuter avec la demoiselle (qui passe aussi en général, autant le noter, on est sur le cargo, de la bonne musique en fond sonore). Bien sûr qu’ils l’avaient (en même temps ce sont eux qui nous ont fait découvrir Sandoval et sa collection calamar au départ), juste derrière la caisse, attendant sagement qu’on s’intéresse à lui. Bon, ça fait trois mois qu’on l’attend, c’est le moment, on le prend.
radio
De Doomboy on ne connaissait que le pitch de départ, un guitariste joue de la guitare électrique en bord de mer pour envoyer des messages à sa bien-aimée disparue. Et rien que ça, ça nous a tenu tout l’été. Waaaah. A vrai dire on a tout de même hésité une seconde en voyant les dessins, surtout en sortant du classieux Le serpent d’eau (sa plus récente BD), on est ici plus dans la veine Larcenet (qu’on aime bien aussi hein, mais c’est pas la même émotion) de personnages croqués de façon un peu caricaturale. Que les lecteurs qui auraient les mêmes appréhensions soient rassurés, en deux minutes de lecture, elles avaient disparues. On devient même rapidement très fan de ces têtes rondes et grandes bouches. Et côté scénario, le pitch pousse parfaitement en une belle histoire à fleur de peau. Figurez-vous qu’ID envoie certes des messages musicaux à Anny, son amour mort, avec l’aide de son pote Sep et de sa radio amateur mais il est aussi sans le savoir écouté par toute la ville qui se demande qui peut bien être ce mystérieux Doomboy. Re-waaah.
demi-caisse
Un scénario bien ficelé qui joue sur l’émotion sans trop en faire, quelques éléments à la limite du surnaturel, des bestioles marines (cahier des charges de collection oblige), un musicien incompris qui touche les gens à son insu, tout est là pour qu’on adhère et réadhère à chaque lecture. En plus le format bande dessinée permet de facilement oublier qu’il s’agit de doom métal à la base, genre plutôt éloigné de nos goûts personnels, et l’esprit extrapole aisément le contexte. Il pourrait au final s’agir de n’importe quel musicien habité par sa musique, on imagine bien Jeff Buckley troquant Sin-é pour une falaise ou le groupe Ana Never au complet face à la mer, voire même, en poussant le bouchon un poil plus loin, votre voisin qui vient de devenir l’heureux propriétaire d’une magnifique guitare demi-caisse et qui vous casse les oreilles à 10h le dimanche matin. Il n’est jamais trop tard pour rêver, on va de ce pas commander une caisse entière de Doomboy, distribution express à tout l’immeuble.