IDLES - La Sirène, La Rochelle - 04/06/2025
Un extrait du concert ICI
Pour citer subtilement IDLES : Well Done La Sirène ! Proposer au groupe un tour de chauffe rochelais avant qu’il ne roule sur le grand circuit festivalier (Primavera en tête, dès le lendemain) : grosse inspiration, belle surprise ! Nuançons tout de suite cette notion de rodage : pour les natifs de Bristol, pas question de gentiment faire ronronner le moteur sur une ligne droite. Ce soir, ils partiront direct en drift, brûleront de la gomme, feront bien monter les tours et les décibels. Le tout devant 1200 personnes, certaines venues de loin, conscientes de la chance offerte maintenant que le groupe est habitué à des jauges supérieures. Et même quand on a déjà pratiqué IDLES en concert et que certains passages peuvent paraître un brin mécaniques (promis, après j’arrête avec cette métaphore filée graisseuse), on finit toujours impressionné par la manière ahurissante avec laquelle ils (se) donnent sans compter.
IDLES n’ont pas joué en live depuis le 4 février dernier, mais tout est solidement en place dès le titanesque (forcément) "Colossus" : l’intensité punk, la hargne féroce, le rythme massif, l’engagement physique et politique, le langage corporel et multilingue de Joe Talbot ("merci beau-fucking-coup") et ce jeu de scène collectif totalement fusionnel et débridé. Lequel déborde souvent au cœur et au dessus du public, via les excursions des deux guitaristes : Lee Kiernan et le toujours joliment apprêté Mark Bowen. Une liberté permise par l’inébranlable assise rythmique bétonnée par Jon Beavis à la batterie et un très fit Adam Devonshire à la basse, qui doit maintenant soulever de la fonte en même temps qu’il coule du plomb avec sa quatre cordes.
L’amorce du concert est royale (mais "fuck the king") et balaie en cinq titres les cinq albums du groupe. Avec, outre le morceau inaugural, un enchaînement bien méchant : "Gift Horse", "Mr. Motivator", un "Mother" repris en chœur et le monstrueux "Car Crash". Les IDLES ont beau prêcher l’amour, la paix et la compassion, avec eux c’est balistique : les bombes tombent et le public succombe. Il danse, pogote, crowd-surfe, chante, hurle, s’adonne à un mini wall of death ou à un circle pit. Il se fera même – littéralement – mettre sur le cul avant d’être invité à rebondir pendant "I’m Scum". Bref, ce soir La Sirène passe sur le grill comme une vulgaire sardine. Et les IDLES la retournent en fin de cuisson avec les plus rampants et infectieux "POP POP POP" et "The Beachland Ballroom", préludes à un final paroxystique : "Never Fight a Man With a Perm", "Dancer", "Danny Nedelko" et un épileptique "Rottweiler" à rallonge, qui voit Talbot rejoindre Beavis derrière les fûts, et un Bowen virevoltant présenter chacun de ses comparses avant d’appeler, une dernière fois, au cessez-le-feu à Gaza.
Fidèles à leur inébranlable doctrine anti-rappel, les IDLES ne remonteront pas sur le ring : pas la peine, l’éponge est jetée, le public est essoré, KO debout et affiche un sourire niais. Ce combat acharné aura été livré pendant 1h40, soit sûrement plus que la durée des prestations qu’ils assureront en festival, preuve ultime d’une générosité intacte. Allez, pour mégoter mais renforcer le milieu de la setlist, on aurait bien vu l’intégration des titres "1049 Gotho" ou "Samaritans"… et surtout du pourtant emblématique "Well Done", pour lequel il va bientôt falloir émettre un avis de recherche.
Un grand merci à La Sirène, Martin, Yvan, Micka, ainsi qu’à Lauphi, des Magnetic Friends, qui a ravivé, en after, les souvenirs de tant de DJ sets légendaires à La Route du Rock.