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publié par arnaud le 15/02/06
Idaho
- The Lone Gunman
The Lone Gunman

Vaisseau fantôme

Jeff Martin continue de mener son vaisseau fantôme, seul à la barre. Après son Levitate, il y a 4 ans, revoilà le capitaine en tireur solitaire, embusqué derrière ses claviers (l’instrument dominant sur ce nouveau disque) et toujours aussi motivé pour présenter sa musique, sans même prêter attention aux critiques, se contentant d’un succès d’estime et d’un statut culte, érigé par une base solide de fans fidèles. Levitate amorçait déjà le changement, l’évolution d’Idaho vers des constructions plus dépouillées, des instrumentations moins conventionnelles (après tout, un album comme Three Sheets To The Wind en 1996 était de facture très classique, sonnant souvent comme un groupe pour college radio US, lorgnant plus du côté de Cracker que des Red House Painters) avec des ambiances mélancoliques, plaçant la nostalgie au centre de l’éventail de ses émotions. Ainsi des titres comme Santa Claus Is Weird ou On The Shore s’imposaient avec élégance comme l’illustration parfaite de l’exercice d’introspection dont faisait preuve à l’époque leur auteur.

Minimalisme enivrant

A Lone Gunman poursuit sur les même terres, déclinant les mélodies en clair-obscur, avec toujours cette voix inimitable. Un enchaînement d’ouverture qui en impose (The Orange Cliffs et ECHELON), sur lequel on pense même parfois aux ondes aériennes de Sigur Rós (sûrement ces petites vocalises, mettant l’accent sur le voile qui entoure la voix de Jeff Martin). Mais si ces deux morceaux foisonnent au niveau du son, Idaho met très vite le holà pour revenir vers un minimalisme enivrant : Live Today Again avec sa boîte à rythme et son clavier prouve qu’il n’y a nul besoin de surcharge pour émouvoir. Quelques trouvailles de production (quelques échos par ci, des pistes passées à l’envers par là) apporte une petite touche sympatique aux chansons, et même quand il passe lui-même à la batterie (sur Have To Be ou Just Might Run par exemple) Martin parvient à équilibrer chacun des éléments pour sonner de manière très personnelle : chez Idaho la somme des éléments en présence diffère du résultat final, de cette alchimie naît quelque chose en plus.

Humilité d’artisan

Les titres s’enchaînent dans une grande homogénéité, à peine troublés par un You Flew au tempo plus soutenu et comprenant quelques parties de tuba. Mais il n’y a aucun doute que Jeff Martin est resté le même, humain au possible, c’est ce qui transpire de chacun de ses disques. Il n’est jamais question dans sa musique de démonstration, on flirte avec l’humilité de l’artisan, celle d’un ouvrier qui façonne ses chansons loin de toute prétention, sinon celle d’émouvoir et de partager. Une impression décuplée depuis quelques disques et l’orientation, volontairement moins rock, prise par Idaho. Et même si l’album s’essouffle un peu sur la fin, on ne peut nier que Jeff Martin vient de produire un Lone Gunman peut-être pas des plus accessibles pour un public de néophytes, mais vraisemblablement l’un de ses meilleurs disques.

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publié par le 15/02/06
Informations

Sortie : 2005
Label : Talitres