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publié par Emmanuelle Nemoz, Mathilde Vohy le 12/11/19
Ibrahim Maalouf - L'Olympia, Paris - 24/09/2019

24 septembre, ça y est, l’été est déjà loin et l’automne est officiellement lancé. Le froid commence à s’installer et on regrette déjà le temps des vacances et des voyages. Pour lutter contre cette nostalgie estivale nous avons une solution de choix : le concert d’Ibrahim Maalouf à l’Olympia.

Les mélodies du franco-libanais sont en effet une incitation à l’évasion. A l’aube de la sortie de S3NS, nous avions hâte de découvrir où le trompettiste va nous emmener avec ce nouvel album.

Thaïs Lona a d’abord la charge de faire monter l’ambiance et de chauffer le public venu en masse. Récemment signée chez Mister Ibé , le label d’Ibrahim, la jeune chanteuse propose des mélodies colorées et joyeuses, à la frontière entre le jazz, la soul et le hip-hop. A ses côtés, trois musiciens, tous aussi jeunes qu’elle : un claviériste, un bassiste et un batteur. 5 ou 6 morceaux et l’Olympia est déjà chaud.

Il est temps d’accueillir le grand Ibrahim Maalouf. Une quinzaine de musiciens l’accompagnent. Pour ces trois dates complètes à Paris le franco-libanais a rassemblé toute la petite tribu ayant travaillé sur ce projet. Tantôt à la trompette, tantôt au piano, Ibrahim s’improvise aussi chef d’orchestre de tous ses musiciens. On reconnaît Stéphane Galland qui donne déjà le tempo à la batterie, François Delporte à la guitare et Frank Woeste aux claviers. Le visage, les bongos et les congas d’Abraham Mansfarroll nous sont aussi connus et, bien entendu, une somptueuse section de cuivres composée de trompettes, sax, trombones et d’un soubassophone les accompagnent.

Pas de doute, Ibrahim est bien entouré, et par des musiciens de qualité. Il ne reste plus qu’à lancer son show. Et pour cela, rien de tel qu’un "Vous êtes en forme ? Nous aussi !" après un puissant premier morceau. Le trompettiste se veut rassurant d’un public encore hésitant. Il faut dire qu’on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Seuls deux morceaux de S3NS, le nouvel album à sortir deux jours plus tard, ont fuité. Nous savons seulement que ce dernier se veut un "hommage à la capacité de créer quelque chose à partir de rien". Un album pour trouver ou retrouver du S3NS à ce que nous faisons.

Le sens, Ibrahim Maalouf le trouve dans le partage de ses créations avec son public. C’est sans doute pour cela que l’artiste parle beaucoup et explique l’origine et l’histoire de tous ses morceaux. Il nous propose d’abord un moment intimiste lors duquel il nous joue, en solo, les titres ayant marqué sa carrière musicale, "Red & Black Light" ou "True Sorry" pour n’en citer que deux.

Au clavier de son piano à queue Ibrahim nous raconte également qu’il a toujours baigné dans un environnement musical et que, dès tout petit, il essayait de reproduire à l’oreille les classiques de Chopin ou la "Lettre à Élise". Il nous propose une langoureuse version du morceau pour l’occasion.

Ibrahim Maalouf nous parle aussi de sa grand-mère, Odette, Celle qui lui disait de ne jamais laisser personne l’empêcher de "faire de sa vie un carnaval" et à qui il dédie un morceau où chaque note est un confetti multicolore. Le trompettiste nous livre tellement de souvenirs qu’il ironise sur le fait qu’on lui rétorque souvent des "Joue !" et des "Just play !" lors de ses concerts.

Le S3NS de la vie d’Ibrahim Maalouf se trouve également dans les voyages. Entre l’Orient, d’où sa famille est originaire, et l’Amérique du Sud plus précisément. Il l’avoue lui-même : "mon cœur est depuis longtemps divisé en deux...".

Cet amour du voyage est forcément retranscrit par ses notes et ses mélodies. Sur des morceaux comme "Beirut" ou "Ya Ha La" son jazz oriental, joué sous des projecteurs bleus, ocres et cuivres, nous rappelle la Méditerranée.

L’Amérique du Sud nous est, elle, évoquée par la présence d’invités d’exception. Tout d’abord le Havanais et grand pianiste Roberto Fonseca accompagné de Yilian Canizares, violoniste cubano-suisse, pour une grande salsa. Puis Alfredo Rodriguez, pianiste cubain venu spécialement de Los Angeles pour l’occasion. Leurs touchers précis et puissants laissent le public de l’Olympia bouche-bée.

Enfin, le S3NS, pour Ibrahim, c’est aussi l’éducation et la transmission de son savoir. On sait le trompettiste très attaché aux projets avec les enfants et jeunes musiciens. Cette fois encore, 26 élèves du collège d’Allassac ont été conviés sur scène dans le cadre d’"Orchestre à l’Ecole". Le principe de l’action est simple : donner l’occasion à des écoliers et collégiens de jouer de la musique en groupe dans le cadre de leurs cours. Ce soir, ils ont maximum 2 ans de pratique musicale et se produisent déjà sur la scène de l’Olympia… Un moment plus qu’émouvant.

Les étoiles dans les yeux de ces ados nous ont émues, mais pas que. S3NS, c’est un projet chargé de mélodies d’influences diverses et d’émotions. Un vibrant hommage à la culture orientale et à la musique sud-américaine. Que l’on soit touché ou non par ses créations, on ne peut que reconnaître qu’Ibrahim Maalouf est un des musiciens-compositeurs-arrangeurs-réalisateurs les plus talentueux de sa génération.

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