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publié par Sfar le 06/12/06
Soirée 1+1+1 - La Laiterie, Strasbourg
Soirée 1+1+1 — -- La Laiterie, Strasbourg

C’est à la Laiterie de Strasbourg que s’achevait la tournée 1+1+1. L’excellent label nancéen, Ici d’Ailleurs, avait ainsi proposé quelques dates à I&Fused, Thomas Belhom et Matt Elliott pour présenter ensemble leurs tous récents projets. Affiche alléchante !

Motivé il faut rester

Même légèrement en retard, j’ai pu profiter du set de David Lavaysse. alias I&fused. Installé sur la droite de la scène, ce charmant jeune homme ouvre donc la soirée. Il bidouille des sons électroniques mêlés à quelques instruments acoustiques. Et c’est le plus souvent à la guitare qu’on le retrouve. Les influences sont variées : ses morceaux oscillant entre une folk mélancolique, un rock électro, flirtant même par moment du côté obscur de la pop. Le jeune homme est un peu maladroit, il tâtonne parfois mais tout cela reste très sympathique. Pourtant on le sent moyennement motivé. Serait-il las de cette mini-tournée qui s’achève ? Un peu comme ces élèves qui bâclent la présentation d’un exposé ou qui récitent vitesse V un poème, l’envie d’en finir rapidement sera confirmée par un : « Ah ?? Il me reste donc encore 15 minutes sur scène ? Bon on va trouver encore des petites choses à jouer ! ». Allez David, encore un petit effort !! Et les morceaux proposés au final seront sans doute ses meilleurs de la soirée. Cela valait la peine de rester motivé. Il nous offrira d’ailleurs une bien surprenante reprise de Black Sabbath. Tout cela sous l’œil attentif d’un Matt Eliott venu fumer nerveusement à mes côtés durant le set de son ami. Il est comme ça Matt Elliott : un grand gaillard toujours attentionné et tellement généreux envers ses comparses de soirée. Déjà lors de sa précédente venue à Strasbourg il s’était mêlé à un public plus que restreint pour écouter religieusement Yann Tambour présenter son projet Thee Stranded Horse.

L’homme à la banane

Le jeune I&fused débarrassé de sa corvée de concert, c’est au tour de Thomas Belhom de prendre place, partie gauche de la scène cette fois. L’artiste n’a pas la candeur du garçon qui l’a précédé ; il en impose d’emblée. On sent de suite l’homme, le vrai, celui qui assure : l’artiste multi instrumentiste, le percussionniste de talent expérimenté. Pourtant, après un morceau enlevé, à la rythmique intense nous frôlons l’incident. Thomas Belhom nous faire part de sa grande fatigue, il se sent mal, au bord de la crise d’hypoglycémie, si quelqu’un dans l’assistance peut lui fournir une barre chocolatée ou un sucre il pourra peut-être poursuivre le concert ! Le public est perplexe, pour ma part je pense à une blague, me demandant si ce ne sont pas les pieds nickelés en concert que je suis venue voir. Surtout que le grand numéro de « Je suis malade » c’est généralement Matt Eliott qui nous le propose en préambule de son set. Apparemment, les concerts précédents et le voyage pour rejoindre la capitale alsacienne ont été bien éprouvants. Une banane strasbourgeoise sauvera la soirée du numéro 2 des +1. Et trois bouchées plus tard c’est un Thomas Belhom complètement transcendé qui nous proposera la plupart des morceaux de son nouvel album No Border avec une rigueur dans l’interprétation et une grande concentration pour un set impeccable. Là encore Matt Eliott s’est faufilé dans le public cette fois accompagné du jeune I&Fused bien revigoré de ne plus être sur scène. Et malgré les cigarettes qui défilent, le stress s’accroissant, Matt, tout comme nous savoure, cet incroyable moment, ce grand moment où Thomas Belhom jongle de façon magistrale avec ses baguettes tout en nous proposant de bien jolies mélodies agrémentées de quelques sons très particuliers : parfois une cloche, objets de récupération de toute sorte... L’homme aux percussions conjugue ainsi efficacité et originalité.

The man of the failing songs

Le tour du grand Matt arrive enfin. Un peu gêné d’être sur scène, il nous confie qu’il est ENCORE malade (tiens donc), que sa gorge n’est pas sûre de tenir, qu’il va faire ce qu’il peut. Pour un malade je le trouve carrément en forme ce soir Matt Elliott. Il présente ses toutes nouvelles Failing Songs et déjà sur la première il pousse le chant à des extrêmes que peu de gorges malades pourraient supporter. Il est là et bien là ce chant si particulier de Matt : cette manière de forcer tout en douceur, de mettre une intensité toute en retenue, je ne sais pas comment il se débrouille mais en tout cas la magie opère. Et l’atmosphère si particulière qui accompagne ses disques et ses concerts se met peu à peu en place. J’ai toujours autant de mal à me dire que Matt est seul sur scène pour faire tout cela. Très naïvement lors de la tournée précédente je m’attendais à voir pléthore de musiciens et de chœurs entourant monsieur Elliott. Je fus alors époustouflée de le voir LUI : seul avec son Mac, ses pédales, ses samples et quelques instrument. Il n’usurpe absolument pas son titre de génie de l’electronica anglaise, de l’electronica tout court même. Le public de la Laiterie, en partie assis par terre, écoute religieusement des morceaux où son chant mélancolique, où ses boucles de samples se mêlent, s’emmêlent et s’entremêlent à l’infini. Et c’est dans un de ces moments de communion totale, que Matt d’un ton professoral interpelle la foule : « Where is Thomas Belhom ? ». On sursaute, on se demande ce qui se passe : Matt s’inquièterait-il de la santé précaire de son ami ? Et là notre artiste numéro 2 de la soirée enjambe la scène et rejoint Matt et voilà un bien beau duo en place. Bien vite I&fused arrive lui aussi : le trio , qu’aujourd’hui tant de spectateurs parisiens nous envient, est ainsi formé ! Le moment est magique les trois hommes improvisent, se répondent, s’harmonisent et I&fused se retrouve fort inspiré de partager la scène avec ses deux aînés. Alors, même si ce merveilleux moment fut avorté pour cause de souci technique (un des grands classiques Elliottien aussi), il a eu le mérite d’exister et de ponctuer merveilleusement cette soirée Ici D’ailleurs. Comme toujours avec Matt Elliott ce fut beaucoup trop court, mais les moments partagés étaient si beaux et tellement intenses, qu’on n’a rien à regretter, juste à espérer qu’il reviendra très vite.

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publié par le 06/12/06
Derniers commentaires
danpurgruv - le 28/12/08 à 14:04
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C’est moi l’homme à la banane :)