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publié par Natalia Algaba le 05/06/19
Hugo Barriol - "Il y a de la beauté dans la mélancolie"

On avait découvert la folk mélancolique d’Hugo Barriol fin 2015 dans les longs couloirs de Pigalle. A l’époque il était âgé de 26 ans et, accompagné d’une petite guitare acoustique, il essayait de faire découvrir sa musique et de faire une bonne rencontre qui lui permettrait d’enregistrer son premier album. Depuis, les choses ont bien évolué pour lui : il a sorti un premier EP de 5 titres "On the road" en 2017 et un premier album intitulé "Yellow" en février dernier, il a fait plein de concerts en France et à l’étranger, dont une Maroquinerie complète fin janvier, et il va bientôt se produire au festival Solidays (déjà complet) et au Café de la danse en automne prochain.

Nous avions envie de le rencontrer, de discuter avec lui de ces dernières années et de ses projets pour l’avenir, et il nous a donné rendez-vous, un lundi, lendemain des élections européennes, dans un café de Pigalle, justement. Nous avons eu le temps de parler de plein de choses : de son époque dans le métro, de ses influences anglo-saxonnes, de son rapport à la langue anglaise et française, de son album et même un peu d’écologie. J’ai eu l’impression de prendre un café avec un pote, quelqu’un qu’on connaît depuis longtemps, peut-être parce que sa belle voix m’accompagne souvent depuis la sortie de l’album. Avant de se mettre au chant et à la guitare, Hugo, originaire de Saint Etienne, jouait de la batterie, et on l’a bien senti… Si vous connaissez un batteur, vous verrez qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de faire la rythmique sur la table avec leurs mains.

-C’est drôle que tu me donnes rdv à Pigalle parce que c’est justement à la station de métro Pigalle que je t’ai découvert, il y a longtemps. Comment t’est venue l’idée de te produire dans le métro ?

Je savais qu’il y avait des musiciens qui jouaient dans le métro, mais l’idée m’est venue quand je suis parti en Australie, et c’est là que j’ai joué pour la première fois dans le métro à Sydney. Je me suis dit que c’était cool, je pouvais chanter mes chansons, il y a des gens qui passaient, qui découvraient ma musique. Et quand je suis rentré à Paris je me suis dit que c’était le meilleur moyen de rencontrer des gens et de faire découvrir ma musique. C’était très important pour moi de ne jouer que mes chansons parce que je voulais que les gens s’arrêtent pour ma musique.

Est-ce que c’était dur de jouer alors que les gens passaient et couraient dans les couloirs ?

Non ce n’était pas dur. En tout cas c’était super quand les gens s’arrêtaient parce qu’il y a peu de gens qui s’arrêtent dans le métro. Donc, quand les gens s’arrêtaient, ça me faisait du bien c’est ça qui me permettait de tenir et de ne pas me dire « tout le monde s’en fout ».

Qu’est-ce que jouer dans le métro a apporté à ta musique et à ta façon de chanter ?

Ça m’a permis de travailler ma guitare, de travailler mon chant et ma voix, et même dans les compositions de mes morceaux, vu que je chantais dans le métro et que je voulais que les gens m’entendent, j’écrivais en chantant assez haut dès le début, pour que ça ne soit pas trop dans les graves et dans les basses et qu’on m’entende moins. Je me suis rendu compte après, mais ça a un peu changé ma façon d’écrire mes chansons pour ma voix et même pour ma guitare parce qu’avec l’ampli que j’avais, ça ne sonnait pas très bien, c’est pourquoi je ne faisais pratiquement que du picking, des arpèges. Et je chantais avec une petite guitare qui était très pratique à transporter. J’avais trouvé ce petit modèle qui sonne bien et qui n’était pas très cher. Maintenant j’en ai une autre, depuis un an et demie, un cadeau de Noël, mais je prends encore la petite guitare pour voyager, c’est très pratique, je n’ai pas besoin de l’enregistrer quand je prends l’avion. Je l’ai prise la semaine dernière pour aller jouer aux États Unis.

Tu parlais justement de cette guitare qui n’était pas très chère. Est-ce que économiquement c’était difficile ces années dans le métro ? Arrivais-tu à vivre de ta musique ?

En fait le but c’était d’essayer de sortir du métro le plus vite possible. Je n’avais pas forcément envie de rester trop longtemps, mais par la force des choses, j’y suis resté deux ans. Au début il a fallu que je fasse des rencontres, après il a fallu que j’aille en studio enregistrer et ça prend du temps… même quand j’ai eu la signature avec le label, le temps de négocier les contrats et tout ça, je suis encore resté un an dans le métro pour gagner ma vie. À la fin j’étais soulagé que cela s’arrête. Parce qu’à chaque fois je voyais le bout, et je me disais « ça, ça va me permettre d’arrêter » et puis d’un autre côté je voyais que j’avais rencontré quelqu’un, que j’étais en studio mais je jouais toujours dans le métro, j’avais un label mais j’étais toujours dans le métro donc des fois je me disais « mais quand est-ce que ça s’arrête ? ». A la fin c’était un peu plus dur.

J’avais été bouleversée par l’acoustique, elle était vraiment excellente, on entendait ta voix depuis loin. Comment avais-tu choisi cet endroit à Pigalle ?

J’avais choisi Pigalle parce qu’à l’époque j’habitais pas si loin et que j’avais mon matos avec moi : j’avais mon ampli, mon micro, j’avais ma guitare… et du coup j’avais essayé de trouver un endroit pas trop loin. Ensuite, j’ai vu le couloir et je me suis dit que c’était un bon endroit, au milieu de la ligne deux et de la douce, et en effet ça sonnait très bien et l’emplacement était libre. Il y avait juste deux sœurs jumelles qui jouaient mais, elles, en bas de l’escalier. Elles jouaient jusqu’à midi et moi j’arrivais à ce moment-là jusqu’à 14h, ensuite elles rejouaient l’après-midi et je revenais le soir, à 18h. On essayait de ne pas trop se marcher dessus. Une fois qu’on a passé le casting de la RATP on est libre de jouer aux horaires qu’on veut et à l’endroit où on veut, et moi, j’avais envie de jouer aux heures de pointe, entre 18h et 20h, quand les gens sortent du travail, pour toucher un maximum de gens.

Et ça a donc fini par marcher. Il y a un producteur qui s’est arrêté. Comment cela s’est passé ?

Quand j’ai commencé à jouer dans le métro il y a un premier producteur qui s’est arrêté en effet avec qui j’ai enregistré l’EP qui est sorti en 2017. J’ai continué de jouer dans le métro et là j’ai rencontré Marie Audigier qui était la directrice du label Naïve avec qui j’ai signé aujourd’hui. Depuis elle est partie sur d’autres projets. Mais c’est à Pigalle qu’elle est passée, elle m’a donné sa carte, on s’est rappelé quelques semaines après, elle a écouté « On the road », a eu un coup de cœur et elle a décidé de me signer chez Naïve.

Dans le métro, tu ne jouais que tes chansons, mais maintenant j’ai vu que tu commences à faire quelques covers. J’ai vu une reprise que tu as faite de “When The Party’s Over” de Billie Eilish.

Oui, ça m’arrive. C’est parce qu’au début, quand tu fais de la promo, on te demande de faire des covers. Par exemple il y a deux ans je suis allé jouer chez ELLE et on m’a demandé de faire une reprise et du coup j’ai dû trouver une chanson qui me plaisait. Après j’ai dû faire de la promo dans des radios qui m’ont demandé aussi de faire des reprises, du coup j’essaye de trouver des chansons qui ne sont pas forcément ce que je fais, mais d’amener un petit peu mon son, mon truc. Et Billie Ellish, c’est une des premières chansons que quand je l’ai écouté, j’ai eu un coup de cœur immédiatement et je me suis dit que j’avais envie de faire une reprise. J’ai trouvé que c’était joli, je me suis enregistré chez moi et après j’ai l’ai aussi joué au Casino de Paris quand j’ai joué en première partie il y a quelques semaines, ( Note : il jouait en première partie de Glen Hansard). Avant je ne le sentais pas mais maintenant si j’ai envie de le faire, je me fais plaisir, je ne me pose pas de question.

Tes reprises restent quand même très personnelles.

Oui, justement c’est le but. Je trouve ça intéressant , j’ai découvert les covers quand j’avais 15 ans en regardant la Nouvelle Star avec Julien Doré qui reprenait des chansons qui en devenaient presque méconnaissables, il arrivait à amener un truc vraiment intéressant, et c’est ça qui est bien dans les covers. Quand j’en fais un, j’essaie de la mettre un peu à ma sauce.

Tu parles de La Nouvelle Star, mais je crois que tu as refusé un télé crochet, The Voice ou La Nouvelle Star n’est-ce pas ?

Oui, les deux. Il y a eu The voice en premier, ensuite la Nouvelle Star et il y a eu quelqu’un aussi de La France a un incroyable talent. Mais vu que je ne faisais pas de cover à la époque… je pense que j’aurais été très mauvais dans ce genre d’émission. Je ne le sentais pas et j’avais envie d’arriver avec mes propres chansons donc…ça voulait dire, ne pas aller chanter les chansons des autres à la télé.

Tu as donc décidé de faire ton chemin différemment, mais ça marche plutôt bien pour toi et tu as enregistré ton premier album « Yellow » à Londres. Comment passe-t-on du métro à enregistrer un album à Londres, dans une église, me semble-t-il, avec Ian Grimble ?

Quand j’ai signé on a sorti l’EP qui était prêt et enregistré depuis un an et demi. Mais je n’avais qu’une hâte, c’était de retourner en studio pour enregistrer les nouvelles chansons, car l’album je l’avais en tête depuis un long moment. Quand on ( le label, le directeur artistique) s’est demandé avec qui on allait le faire, je me suis dit qu’il fallait que je trouve quelqu’un qui comprenne ma musique. J’ai regardé les projets qui me plaisaient et le nom d’Ian Grimble est revenu plusieurs fois. On l’a contacté, il a répondu, il a écouté plusieurs démos et il est venu à Paris. Au fur et à mesure, on s’est lancé dans cette aventure, et c’est ainsi que je suis allé enregistrer dans son studio à Londres, en janvier 2018. Un studio qui est dans une pièce attachée à une église, qui donne toujours la messe. Je ne sais pas ce que cette pièce était avant, mais maintenant il y a plusieurs studios . En fait, quand je suis arrivé, je m’imaginais un studio tout neuf, et en fait non, c’est un vieux studio, ce n’est pas insonorisé comme ce que j’avais pu voir avant, il y avait une console qui date de je ne sais pas quand, mais c’est son outil et il sait comment la faire sonner, et au mur il y a des cds de groupes que Ian a dû faire enregistrer là-dedans. Il y a une atmosphère qui est assez particulière.

Comment ça s’est passé le passage de composer avec ta guitare à créer l’album ? Est-ce que tu avais déjà une idée précise des arrangements que tu voulais faire en studio ?

Je suis arrivé avec les morceaux à 95 % finis en terme de construction : le refrain, les couplets, les parties instrumentales et on a bossé trois jours avec les musiciens. On a joué les morceaux ensemble pour voir ce qui irait le mieux pour voir par exemple, si c’est la basse ou la contre-basse qu’il fallait… Sur les batteries, Ian a été très souvent à côté du batteur en lui donnant des indications sur quoi faire, moi aussi je donnais des indications, sur ce que j’avais envie, sur ce que j’avais imaginé. Pareil sur les cuivres, c’est quelque chose que j’aime beaucoup (il y en avait déjà sur l’EP), moi je chantais des trucs que je voulais que les cuivres fassent... Donc tout cela je l’avais avant, et il y a des trucs qui sont nés dans le studio quand on était en train de bosser. Au final, ce n’est pas comme quelques groupes qui vont au studio avec seulement quelques accords, moi, j’avais beaucoup écrit avant d’aller au studio et je savais ce que je voulais avoir.

Et les musiciens, tu les connaissais déjà ?

Il y a Diego Lipnizky, que j’ai rencontré quand j’étais serveur dans un bar, avant que je parte en Australie, avec qui je joue depuis longtemps, et qui est venu faire les guitares électriques à Londres. Mais sinon, c’est Ian, le producteur, qui m’a dit qu’il avait des musiciens qu’il pouvait amener sur le projet, ce qui était super, parce que je ne m’attendais pas du tout à ça. Il y avait Tommy Heap qui joue avec Matthew and the Atlas, un groupe que j’écoute depuis quelques années et que j’aime beaucoup, et le batteur c’est Chris Maas qui joue avec Mumford and Sons donc, quand j’ai reçu le message…whaouh… bien sûr…je n’allais pas dire non !

Et même après, il y a eu des cordes qui sont venus enregistrer, qui ont joué avec Stevie Wonder et il y a quelqu’un qui fait les cuivres qui a joué avec Patrick Watson. Je me suis retrouvé d’un coup avec des gens qui font partie de mes inspirations, je ne l’avais pas prévu… Même la guitare acoustique sur laquelle je joue sur l’album c’est celle du groupe Bear’s Den, un groupe qui a fait ses deux albums avec Ian, que j’adore. C’est ce son de la folk que j’avais envie de faire, et on n’arrivait pas à la retrouver avec ma guitare. Ian est allé dans leur studio leur demander de nous prêter leur guitare ! Je me suis retrouvé à jouer sur l’album avec la guitare de Dave, le chanteur ! C’était assez dingue !

Et depuis la sortie de l’album en février, les concerts s’enchaînent, les interviews, bientôt le Solidays…Comment le vis-tu ?

Je n’ai pas l’impression qu’il y ait grande chose qui a changé. Je regarde vers l’avant. Finalement, cet album je l’ai enregistré en 2018, je pensais qu’on allait le sortir avant. Il est sorti en 2019. J’ai envie de défendre cet album sur scène, en France et à l’étranger. J’ai envie d’aller en Allemagne, en Angleterre, partout où il y a de la place pour ce genre de musique. En France, ce n’est pas très facile de chanter en anglais, ça me met quelques barrières, par exemple à la radio c’est compliqué, il y a des quotas et je me retrouve en concurrence avec des star internationales comme Ed Sheeran ou Beyoncé.

Pourquoi as-tu choisi de chanter en anglais ?

Je n’ai pas vraiment choisi. Il y a un truc qui fonctionne dans cette langue et qui ne sonne pas pareil en français. Même si je suis français, je suis allé assez naturellement vers l’anglais, je ne me suis pas posé la question. J’ai grandi avec mon père qui écrivait des chansons en anglais pour son groupe. C’est aussi la musique que j’écoute principalement, la musique qui me touche, dans laquelle je me reconnais, et j’avais envie de le faire dans cette langue, parce que sinon ça ne serait pas la même chose. J’avais envie de faire comme les groupes que j’aime, les groupes qui m’inspirent ce sont des groupes américains, canadiens, anglais…

Justement, je sais que tu aimes beaucoup Bon Iver. Quels autres groupes écoutes-tu ou t’inspirent ?

Il y a Mumford and Sons que j’ai découvert il y a 9 ans, il y a Bear’s Den, Patrick Watson, The Lumineers, Eddie Vedder que j’ai découvert quand j’avais 18 ans avec le film Into the Wild (je lui montre le t-shirt de Pearl Jam que je porte)….mais tu vois, Eddie Wedder je l’ai découvert grâce au film Into the wild, à son projet solo, je ne connaissais pas Pearl Jam. Je suis né en 89, donc je n’ai pas connu l’époque de Pearl Jam, j’ai plutôt grandi avec Oasis ou des groupes américains comme Blink . Du coup, ce qui m’a touché chez Eddie Wedder c’est ce son folk, ce qu’il a écrit pour le film Into the Wild, ces espaces…

Et ça t’arrive d’écouter de la musique en français ?

Oui, dernièrement j’écoute Orelsan, il y a des trouvailles qui sont incroyables, dans ses paroles, dans sa musicalité… En réalité j’écoute plein de trucs, du rap, du rock, du hip-hop…je n’ai pas vraiment des limites. Il y a quelques sons d’Angèle que j’aime bien, il y a aussi Joe Bel, une chanteuse qui chante en français et en anglais … Mina Tindle que j’avais bien aimé…Et sinon, j’ai vachement aimé Gainsbourg aussi, « M » j’avais bien aimé aussi. J’écoute un peu de la musique française bien sûr, je pourrais peut-être faire un duo en français un jour…mais chanter en français…je ne sais pas…

Revenons à ton album, « Yellow », je trouve que les chansons sont très personnelles et intimistes. Est-ce que ce sont des histoires personnelles, vécues ?

C’est très personnel, oui. Ce sont des choses vécues. Quand j’écris, j’ai besoin de le sentir. Des fois l’inspiration vient et j’aime bosser vite, des fois il y une idée qui reste quelque part dans un coin et que je vais aller chercher. Quand il y a quelque chose qui me touche, il y a une phrase qui va me venir et je vais écrire par rapport à ça, c’est ça qui va me lancer. Donc, oui, toutes mes chansons sont très personnelles, je raconte soit mon histoire soit l’histoire de quelqu’un d’autre, mais que j’ai vécu aussi, parce que j’étais là, et je vais la raconter à la première personne en me mettant un peu à la place de cette personne.

Dans l’album il y aussi ce « you » qui revient souvent…

Oui. Mais ce n’est pas forcément une seule et même personne. C’est plus un lâcher, je m’adresse à plusieurs personnes, mais sans nom. Dans la chanson « Million Years », par exemple, ce « you » reste un peu ambigu, je m’adresse à plusieurs personnes. L’inspiration de cette chanson n’est pas une personne , ce sont des choses impalpables, des trucs qu’on ne contrôle pas. Mais je trouve que c’est plus fort de personnifier ces choses : la vie, l’amour, l’espoir…parce que j’ai beaucoup d’espoir. Même s’il y a des trucs qui sont inéluctables, j’ai quand même beaucoup d’espoir. Mes chansons sont un peu tristes mais j’avais envie de trouver un juste milieu entre cette personne qui est moi, heureux de vivre et plein d’espoir, et cet autre moi qui est plus mélancolique dans les chansons que j’écris.

On le sent, en effet dans l’album. Il y a des chansons dont les paroles sont très mélancoliques mais la musique est très rythmée.

Oui, justement, c’est ce que je voulais trouver dans cet album : essayer de faire quelque chose de pas trop triste qui reflète qui je suis mais toujours en gardant ce que j’aime dans la musique. Je ne voulais pas faire quelque chose de trop lourd, de trop noir, de trop sombre. Je voulais un juste milieu. Je trouve qu’il y a de la beauté dans la mélancolie mais, par exemple, chez Bon Iver je trouve qu’il y a un juste milieu.

Le mot « Yellow » revient plusieurs fois. Il y a le titre de l’album, la chanson « Yellow Line », et aussi dans la phrase « you give me yellow in all my sound » dans le titre « MB ». Pourrais-tu nous dire un peu plus sur le sens de ce mot pour toi ?

J’ai appelé l’album Yellow, parce que j’avais envie dans cet album de ramener un peu de couleur et de chaleur à ma musique, que ça ne soit pas trop triste, comme je te disais. Donc Yellow pour dire chaleur, couleur, positivité, la lumière… Et puis, pour la chanson « MB », elle a été co-écrite avec ma copine. On a co-écrit deux chansons. Cette chanson est inspirée de quelque chose qu’elle avait écrit il y a quatre ans et que j’avais trouvé très fort. Il y a une autre chanson qui part d’un poème qu’elle m’avait écrit, et quand j’étais en train d’écrire l’album je lui ai demandé de le continuer en me parlant à moi. Ces deux chansons sont restées finalement.

Quelle est ta chanson préférée de l’album ?

Il y a la chanson « Oh my » qui est arrivé sur la fin, juste avant d’aller à Londres, le label m’a demande d’écrire « la chanson »… du coup j’étais un peu à court d’idées et c’est là que je me suis inspirée de l’histoire de quelqu’un d’autre mais que je chante à la première personne. Et au final, « Oh my » est née et je trouvais beau d’avoir réussi à sortir quelque chose que je n’attendais pas. Je pense que c’est une de mes préférées même s’il y a « Hold my hand » aussi, quand je l’ai entendue au piano… ça m’a fait quelque chose d’assez particulier.

Je vois que tu es très actif également sur les réseaux sociaux, tu fais beaucoup des storys, tu es très en contact avec ton public. Est-il nécessaire aujourd’hui d’être toujours présent sur les réseaux sociaux ? Fait-il partie du travail d’un artiste ?

En fait, je trouve cela très bien les réseaux sociaux, il y a des gens qui s’abonnent à toi, qui sont intéressés. Tu t’adresses à des gens qui sont là, a priori, parce qu’ils aiment ce que tu fais. Et puis il y a les gens aussi que je suis, des mecs dont j’adore regarder leurs storys parce qu’ils me font rire. Je trouve que c’est un moyen aujourd’hui indépendant pour dire ce qu’on a envie de dire, pour essayer de toucher un maximum de gens, mais moi je me mets encore vachement de barrières, je ne me sens pas encore tout à fait à l’aise, j’essaie de plus en plus…Mais de prendre ton téléphone et commencer à parler…je me juge encore… J’aimerais être comme certains gars que je regarde et qui me font marrer. Mais je pense que c’est moi tout seul qui me met des barrières, il faudrait que je me calme un peu… Je pense que ça reste un bon moyen de toucher un maximum de gens, comme quand j’étais dans le métro, je veux être là si jamais quelqu’un passe. Et surtout, ce que j’aime c’est la proximité avec les gens aussi, ça s’est cool ! ça m’a permis de rencontrer des gens aux États Unis récemment, un mec qui fait de la vidéo et qui est super talentueux, avec qui j’ai passé du temps à LA et qui sait ?, un jour, on pourra peut-être faire quelque chose ensemble…

Est-ce que tu as le temps de composer de nouvelles chansons entre tout ça ? Quelle est la suite pour toi ?

Oui, aujourd’hui avec Spotify et ce genre de plateformes, on peut sortir un son comme ça sans avoir besoin de retourner en studio pour enregistrer un album complet. Moi, je continue d’écrire, j’ai en gros, la moitié d’un nouvel album, avec plein de chansons que, pour le moment, j’aime beaucoup…peut-être que dans un mois je me dirais qu’elles ne sont pas aussi bien que ça… (rires). J’aimerais bien retourner donc en studio enregistrer une et pouvoir la sortir dans quelques mois. Et puis, la suite…c’est aller faire des concerts, essayer de voir si je peux jouer à l’étranger.

Et en parlant de Spotify, on arrive encore à vendre des disques ?

Non, plus beaucoup. J’ai l’impression qu’il y a encore quelques rappeurs qui arrivent… même moi, je n’achète plus des cds, je n’ai même plus de lecteur cd chez moi…Le cd n’est plus trop l’avenir j’ai l’impression. Aujourd’hui ce que les maisons de disque regardent c’est le nombre de streams sur Spotify ou Deezer. Mais c’est cool parce que pour le moment il y a plein de plateformes qui me soutiennent, mes chansons sont sur des playlists chez Spotify, Deezer ou itunes.

Une dernière question par rapport aux élections européennes d’hier soir, car tu avais mis dans ta story hier une photo qui invitait les gens à aller voter, et voter pour la planète. Envisagerais-tu de faire une chanson sur l’écologie un jour ? Est-il important, de ton point de vu, d’utiliser les réseaux pour lancer des messages engagés ?

Je ne parlerais pas vraiment d’engagement par rapport à ce post…C’est la première fois que je le fais. Mais c’est peut-être bien de partager ce que tu penses être bon, mais de là à en faire une chanson… je ne sais pas trop… Mais « Million years » c’était un peu dans ce sens-là, c’est ce qui m’a inspiré, avoir l’espoir que la Terre sera toujours là dans des millions d’années, tout ce qui nous entoure, l’amour, la vie... Après, j’ai un peu de mal avec la politique … surtout en ce moment, c’est un peu fou tout ce qui se passe dans le monde…Le seul truc qui m’intéresse c’est les personnes qui veulent défendre la planète. S’ils ont envie de défendre la planète, c’est qu’ils ont un bon fond.

C’est une jolie phrase pour terminer cette interview. Merci beaucoup Hugo.

Photos : Ben Gaston
Interview : Natalia Algaba

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publié par le 05/06/19