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publié par Kid P le 02/05/11
Hugh Laurie
- Let Them Talk
Let Them Talk

L’un n’empêche pas l’autre

J’avoue avoir un peu hésité quand le Cargo ! m’a sollicitée pour dire quelques mots sur « Let Them Talk », premier opus tout récemment sorti de Hugh Laurie. Autant lancer la phrase qui fâche tout de suite, c’est bon vous m’avez eu, je le confesse, je suis fan invétérée et conquise du bonhomme depuis un bon paquet d’années maintenant. Mais soit, l’un n’empêche pas l’autre, en cherchant bien, il me reste quelques grammes d’objectivité que je vous offre très volontiers aujourd’hui. Et je promets solennellement, la main droite levée, l’autre sur le cœur, de vous parler de cet album en rangeant mon costume de fan et en sortant celui de mélomane en herbe.

Encore un acteur qui se prend pour un musicien, vous brûlez d’envie de me le dire, je le sens, je le sais ! En quelques mots, petite remise en contexte qui, je pense, sera utile pour ceux qui ne connaissent Hugh qu’à travers ses apparitions télévisuelles. Le monsieur est donc un multi-instrumentiste depuis toujours et cela, bien avant d’avoir percé en tant qu’acteur. Il a une vraie crédibilité en tant qu’artiste qu’il tente de nous démontrer une nouvelle fois à travers cette galette. Tout ça pour dire qu’il ne sort pas de nulle part, surfant sur la vague Dr House. (même s’il ne va pas s’en priver, ce que l’on peut tous comprendre) Petite précision sur laquelle je voulais revenir car ce n’est que justice pour cet homme qui sait décidément tout faire ou presque, avec une facilité insolente.

New Orleans blues

Avant d’aller plus loin, je vous propose de jeter un œil à la citation que l’on peut trouver, en anglais ou presque dans le texte, venant du site officiel qui précise un peu plus la passion de toujours qu’a Hugh Laurie pour la musique et plus largement, le pourquoi du comment vous vous êtes retrouvé à lire cette chronique aujourd’hui : « the album is a celebration of New Orleans blues, a genre that drives Hugh’s musical raison d’être ». Vaste programme donc. Mr Laurie se propose de nous livrer un album qui revisite avec une griffe unique qu’on croirait pourtant venue tout droit de la Nouvelle-Orléans, 15 de ses standards préférés du blues américain des années ’20. Mais assez parlé me direz-vous, sans plus tarder, entrons maintenant dans le vif de notre sujet.

Saint James Infirmary

On débute ce Let Them Talk - titre extrêmement bien choisi, pour faire taire les mauvaises langues sur les "soudaines" envolées musicale de notre Anglais ? - par la reprise peut être la plus connue de cet opus. « Saint James Infirmary », qui s’offre même une double version, tout d’abord épurée, au piano uniquement, soutenue par quelques frétillements de cymbales ici et là comme pour nous emmener tranquillement sans se presser dans ce début d’album. Petit à petit tous les instruments s’ajoutent pour donner clairement un petit goût épique, des airs de grandeur à ce titre, toujours soutenu par ce jeu de piano assuré et entraînant. On découvre enfin la voix de Hugh qui d’emblée impressionne par sa maîtrise.

Cette entrée en la matière est simple et compliquée à la fois, tant elle frappe tout de suite. Si vous avez la fibre mélomane, je vous mets au défi de me dire que ces quelques minutes ne vous donnent pas envie de bouger la tête, qu’en fermant les yeux vous n’êtes pas en train d’imaginer les mains de l’artiste, pianotant, surfant sur le clavier, s’appropriant avec classe cette mélodie pourtant déjà revisitée maintes et maintes fois.

58 minutes à vivre

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous faire un titre à titre pour cette review, rassurez vous, la musique parle bien mieux d’elle même, mais je trouve que cette ouverture d’album mérite qu’on s’attarde un peu plus dessus, tant elle nous secoue d’entrée et donne la couleur de ce qui va nous accompagner lors des prochaines 58 minutes en compagnie de Hugh et de ses musiciens.

Quelques highlights : Six Cold Feet et son break digne d’une vraie leçon de musique. Battle Of Jericho qui vous reste assurément en tête pour quelques jours après chaque écoute. The Whale Has Swallowed Me, la voix y est surpuissante, toute en nuances, les backings sont magnifiques tandis que les jeux de guitare bluesy sont impressionnants (je vous renvois à cette version , un must see).

La jolie ballade guitare/contrebasse Winin’ Boy Blues ou encore la sensualité de Baby, Please Make A ChangeHugh s’efface complétement, au service des performances vocales de Tom Jones et Irma « Queen of Blues » Thomas dans une version terriblement efficace. Et enfin, Let Them Talk, un piano/voix d’une belle intensité, qui clôt cet album de la meilleure des façons.

« Let them talk if they want to. Talk don’t bother me » conclut-il..

Casting de luxe

On note tout de même la présence du grand Dr. John sur un titre (After You’re Gone), un des héros musicaux de Hugh. Mais bien sûr aussi de Irma Thomas et Tom Jones comme nous l’avons vu précédemment. Enfin, quelques mots sur les remarquables musiciens de l’album, on compte parmi eux le multi-instrumentiste Kevin Breit ou encore Patrick Warren qui a joué notamment pour Tom Waits et Bob Dylan. Autant dire que le Sir Laurie a su s’entourer de beau monde pour réaliser ce Let Them Talk dans les meilleures conditions possibles.

Si vous en avez l’occasion, je ne saurais trop vous conseiller de jeter une oreille aux chansons originales, ou de vous replongez dans ces classiques de la musique que vous connaissez peut être déjà. Simplement pour constater le travail de ré-orchestration énorme, la subtilité des arrangements, et les interprétations vraiment remarquables du bonhomme aidé de ses musiciens sur cet album : c’est simple, cet opus respire la classe et la passion pour la musique.

Une histoire d’amour

On a parfois l’impression de pouvoir voir plus qu’entendre, le bottleneck glisser sur les manches des 6 cordes, la guitar steel, le picking, qui fusent dans tous les sens, bref, ces quelques 58 minutes transportent. C’est un album qui fourmille d’idées resplendissantes, de collisions de sons venus de partout qui appellent à être redécouvert un peu plus à chaque écoutes. Sans oublier les arrangements assez géniaux et les percussions puissantes et entêtantes qui soutiennent presque chaque titre. C’est un album qui atteste de l’amour pour la musique d’un homme à qui l’on a enfin donné l’opportunité de s’exprimer par ce moyen qu’il aime et qu’il maîtrise et cela il nous le rend tellement bien.

Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, allez donc faire l’effort de sacrifier 3 petites minutes pour regarder au moins un des récents passages télé de Hugh pour voir comment il défend sa musique en live. Sur C à Vous ou On N’est pas Couché par exemple (une longue interview est également disponible en suivant les liens. Il a aussi été aperçu sur le plateau du Grand Journal et au JT de TF1 pour les plus curieux qui voudraient revoir ses performances, disponibles sur les bonnes adresses du net).

Et c’est sur les mots de l’artiste, (oui, parce qu’en plus il écrit aussi sacrement bien le fourbe) qui en parlera bien mieux que moi, que je me propose de conclure cet article sur Let Them Talk, en espérant vous avoir donné l’envie de jeter une oreille ou deux à cet album qui mérite vraiment qu’on s’attarde dessus que l’on soit fan ou pas du genre, cela n’a pas grande importance.

« But the album is best explained by Hugh himself… »

(c’est bon, je peux remettre mon costume de fan maintenant ?)

P.-S.

1 - Rendez-vous sur les planches du Trianon le 11 mai prochain pour juger tout ça à l’épreuve du live.

2 - Pour l’anecdote, la France est la seule à disposer de la version physique de l’album pour le moment, alors que les anglais et les américains devront attendre le 9 mai. On notera également qu’une édition limitée sera disponible pour les plus mordus, relatant le voyage et l’enregistrement de l’album à la Nouvelle-Orléans.

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publié par le 02/05/11
Informations

Sortie : 2011
Label : Warner Music

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