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publié par Mickaël Adamadorassy le 02/04/05
Hopper + Exsonvaldes - 2 - la scène rock en France

Vous pouvez nous parler un peu de votre perception de la scène rock indé en France ?

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- Dorothée : A travers tous les concerts qu’on a fait, on a croisé pas mal de groupes indé français et on a pu remarqué qu’on jouait dans les mêmes lieux, qu’on passait peut êtredans les mêmes fanzines, qu’on démarchait les mêmes choses. Ca nous rapproche tous et on s’envoie mutuellement des tuyaux. C’est tout un réseau dont on essaie d’entretenir les liens pour partager des scènes, démarcher etc..

- Simon : Il y a un peu deux scènes françaises. C’est complètement con parce qu’il y a la scène française qui chante en français et qui a accès un certain réseau. Et puis la scène française qui chante en anglais et qui a accès à un autre réseau, un peu par défaut.

- Aurélia : Oui mais si tu prends Phoenix ou air, y a de l’anglais dedans...

- Simon : effectivement c’est des exemples qui contredisent le truc mais on fait pas vraiment la même musique.

- Romain : C’est vrai que dans le fond, il y a quand même un clivage.Par exemple, Il y a pas si longtemps j’aurais répondu que j’avais l’impression qu’ y a pas vraiment beaucoup de groupes, pas beaucoup de choses qui se font parce que ça marche pas et que les gens laissent tomber d’avance. Hier soir, je suis allé chez un pote qui m’a fait écouté une trentaine de disques qui venaient de nulle part, avec des noms que je connaissais pas et c’était que des groupes genre de Lille ou de Montpellier, des groupes qui tournent depuis 90. J’ai été vraiment surpris par la qualité des choses que j’ai entendues. Des groupes comme Absinthe ou Bastard...

- Simon : Ca tue ça.

- Romain : Un nom dégueulasse, le genre de pochettes que t’achèterais jamais mais c’est super bien.

- Renaud(cargo) : Ils ont été produits par Sonic Youth quand même...

- Simon : Ils ont fait un morceau avec Tiersen aussi.

- Renaud : C’est totalement inconnu mais c’est sûrement ce qu’il y a eu de mieux dans les années 90. D’ailleurs je suis assez d’accord avec l’article des inrocks sur Exsonvaldes qui disait qu’il y avait plein, plein de choses, plein de groupes français qu’on ne connait pas de nom alors que tout le monde dit qu’il y a pas de scène ou qu’il y a plus de scène.

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- Aurélia : Il y a plein de choses mais les gens ne s’y intéressent pas. C’est comme nous pour 48ème parallèle, on a du cherché pour trouver des trucs bien, à côté de nous même. Y a pas qu’à Paris bien sûr mais en tout cas quand on cherche un peu, on trouve. Après, c’est peut être pas ce que font les boites musicales...

- Simon : Nous, on a rencontré pas mal de groupes aussi et on a pas rencontré les groupes en se disant ça sonne comme Exson ou Hopper. C’est plus une démarche et puis les problèmes rencontrés sont les mêmes et ça crée une scène parallèle et c’est pas une question musicale, c’est clairement cette histoire de langue...

Vous avez donc conscience que ne pas chanter en français en France c’est quand même un obstacle au développement de votre musique ?

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- Hopper et Exsonvaldes : (catégoriques) oui, c’est évident.

- Romain : Tout le monde en est conscient... mais après où elle est l’intégrité du groupe qui se met tout d’un coup à chanter en français pour passer à la radio ?

- Aurélia : Il faudrait que les artistes aient une liberté totale sur leur art, on devait avoir chanter dans la langue qu’on veut sans devoir s’en soucier...

- Romain : Quelque part la langue française c’est pas comme si elle était en danger. Je remets pas en cause - un peu quand même - ce principe de quota à la radio mais c’est pas comme si on avait une langue à préserver. Nous on revient du Québec où on a passé pas mal de temps. Là-bas ils ont une langue, une identité francophone à préserver. Là bas, tu as des lois qui obligent les magasins à avoir des enseignes en français mais ça choque personne qu’un groupe chante en anglais. Ici, on est en France, le pays de la francophonie, chacun peut avoir un magasin de chaussures qui va s’appeller Shoe Store et ça va gêner personne. Mais si tu chantes en anglais, on va te vilipender parce que tu mets en danger le patrimoine de la chanson française. Nous, on fait de la chanson française. (applaudissements après ce beau plaidoyer de Romain)

Et si vous faisiez la même chose mais en français ? Vous pensez que vous toucheriez un public plus large, des maisons de disques ? qu’il y aurait plus de monde aux concerts ?

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- Simon : Je suis pas sûr qu’on puisse répondre parce que la musique qu’on fait, on pourrait pas la faire en français, on ferait autre chose. Du coup, on ferait plus du rock français, classique parce que le rock en Français, ça a quand un même son, un truc vraiment particulier.

- Jean : Je suis pas trop d’accord : le groupe dans lequel j’étais avant, le chant était en français et ça sonnait pas du tout rock français, c’était plus influencé par radiohead par exemple. Ca n’intéressait pas trop les gens à cause du style de la musique malgré le fait que c’était chanté en français...

- Simon : Y a plein de groupes qui font un style plus proche de ce que vous faites ou de ce qu’on fait que Luke ou Dolly et qui chantent en Anglais, qui viennent pas de France et qui marchent. Donc il y a quand même une place pour ce genre de musique, un public.

- Jean : Donc il faut correspondre à la place qu’on doit avoir. Quand on habite à New York, il faut faire du rock new-yorkais. C’est toujours bon pour marcher d’avoir une musique qui correspond à l’idée qu’on se fait de toi, de l’endroit d’où tu viens.

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- Romain : Il a pas tort, quelque part c’est vrai que si tu habites en France, on préfèrerait que tu fasses de la chanson française. Par exemple, un groupe de hardcore qui habite en Californie, ils vont passer pour des gays alors que s’ils venaient de New york, on les trouverait génial.

- Aurélia : Je pense quand même que la presse française ne s’arrête pas qu’à ça, à savoir de quelle ville vient un groupe. Je pense que c’est d’abord le fait de venir d’ailleurs, de pas être français, ça amène tout de suite un intérêt. Souvent parce que t’as un gars qui est anglais, machin truc dans tel groupe est anglais et on parle des autres qui sont français parce que ça fait moins bien.

- Jean : Oui, mais si tu prends un mec qui habite le XVIème et qui fait du hip hop, il va être montré du doigt, on va dire "c’est qui ce connard ?"

- Dorothée : Dernièrement notre label a démarché auprès de Libé et le mec de Libé a répondu " ah c’est un groupe français qui chante en anglais ? j’écoute pas".

- Aurélia : Il en a rien à foutre de la musicalité. C’est vraiment affolant pour quelqu’un qui se dit critique musical. La musique elle se sent aussi ici, dans le coeur.

(... la suite : 48ème parallèle et la scène quebecoise ...)

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publié par le 02/04/05