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publié par Emmanuelle Nemoz le 28/09/22
Guitare en Scène 2022, jour 2 : guitar heroes - Stade des Burgondes -- Saint-Julien-en-Genevois - 14/07/2022

L’atmosphère à Guitare en Scène pour cette deuxième soirée est fébrile.

Le public n’a plus rien à voir avec les des headbangers métalleux de la veille, il est un brin plus mature et surtout, pour partie, composé de fans surexcités qu’on ne voit pas d’habitude, tandis que côté organisation la sécurité, habituellement discrète et débonnaire, est sur tous les fronts et sur les dents pour contrôler lesdits fans agglutinés devant chaque accès à la zone des loges.

C’est que ce soir, les virtuoses de la guitare vont côtoyer une star des magazines people : Jeff Beck invite Johnny Depp sur sa tournée européenne et ses fans sont bien décidés à en profiter pour l’approcher de près.

Mais en ce début de soirée, c’est un duo beaucoup plus déjanté qui accueille les spectateurs sur la scène Village : One Rusty Band. Greg chante dans un combiné de téléphone, joue de l’harmonica et de guitares fabriquées à partir d’un vieux radiateur ou d’une boîte à cigare, Léa assure la rythmique avec des claquettes acrobatiques et une washboard, et leur musique puise dans le rock des années 50-70 et le blues du bayou, ce qui est particulièrement raccord avec la température, toujours caniculaire.

On reste ensuite dans le blues, mais plutôt celui de Memphis avec Robert Cray, discret homme de l’ombre aux collaborations prestigieuses, dont la technique irréprochable s’accompagne d’une sobriété et d’une émotion dans l’interprétation qui forcent le respect et ravissent les connaisseurs.

Discret, Jeff Beck l’est tout autant lorsqu’il est sur scène, complètement absorbé par son jeu virtuose. A l’opposé des codes bien étudiés du hard rock de la veille il reste en retrait et sur les côtés de la scène comme s’il ne se considérait pas comme le leader. Il s’est notamment entouré de deux pointures, Rhonda Smith à la basse et Anika Nilles à la batterie, dont les solos sont impressionnants. Après quelques morceaux, Johnny Depp fait son apparition tranquillement, guitare en bandoulière, et apporte la présence scénique qui complète la formation. Qu’on se s’y trompe pas : Depp n’est pas un acteur qui s’offre une collab’ prestigieuse avec une légende de la guitare, c’est un musicien devenu acteur et qui n’a jamais délaissé son premier amour. La complicité avec Beck, jusque-là plutôt détaché des autres musiciens, est manifeste, la guitare de Depp reste très discrète et son interprétation bénéficie de ses qualités d’acteur, pour des reprises qu’on retrouvera aussi dès minuit passé sur leur album, 18, qui sort justement ce soir-là.

Une fois Johnny Depp exfiltré en direction de son hôtel et les fans convaincus qu’il a bien quitté le site, on retrouve l’ambiance habituelle du festival pour terminer la soirée devant la scène Village en prenant une claque avec le jeune prodige de 23 ans Kingfish, véritable surdoué de la guitare dont les solos sont époustouflants. La relève du blues est assurée.

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