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publié par Emmanuelle Nemoz le 05/06/20
Guillaume Perret - A Certain Trip -

Aujourd’hui sort le nouvel album de Guillaume Perret, A Certain Trip, que nous attendions avec impatience après en avoir découvert les morceaux en live fin novembre dernier à l’occasion d’une mini tournée confidentielle, et pris une nouvelle claque sonore que l’on avait hâte de renouveler, casque sur les oreilles cette fois.

A Certain Trip est issu en grande partie des compositions du saxophoniste pour la bande originale de 16 Levers de Soleil, le documentaire sur la mission du spationaute Thomas Pesquet à bord de la station spatiale internationale : Guillaume a retravaillé 7 morceaux ("Air Blast", "A Certain Trip 1", "A Certain Trip 2" rebaptisé "Phatty", "Gulliver", "Into the Infinite", "Alea Jacta Est" devenu "Sirenes" et "Peace"), qui prennent dans cette nouvelle version une envergure musicale plus aboutie, traversée par une énergie et une dynamique beaucoup plus percutantes.

Et c’est une vraie pièce de résistance qui complète la track list : "Poseidonis", écrit à l’origine par Guillaume pour un spectacle autour de l’Atlantide avec le dessinateur Benjamin Flao et immersion de pratiquement 12 minutes dans les profondeurs d’un voyage émotionnel alternant entre douceur ondoyante et déchaînement métal, avec arpèges façon Bach et un superbe solo de piano.

Le thème du voyage, qu’il soit spatial ou initiatique, traverse d’ailleurs tout l’album, avec décollage et mise en orbite ("Air Blast"), traversée de mondes orientaux ("A Certain Trip", avec ses boucles superposées et un solo de batterie d’anthologie), disparition des frontières entre jazz, opéra et electro ("Gulliver"), escale urbaine ("Phatty" et son scratch), vol planant intersidéral ("Into the Infinite", avec un "call and response" du sax avec lui-même), plongée dans les profondeurs - de l’espace, de l’océan ou de l’âme ? - ("Sirènes", où l’on retrouve des reminiscences de Bach sur un rythme très syncopé), le voyage dans le voyage de "Poseidonis" et, pour clôturer l’aventure, le rap de Nya sur "Peace", qui rapproche les deux odyssées : "diving into deep space, deep within, finding peace within".

A l’écoute de A Certain Trip on sent que le quartet a mûri depuis 16 Levers de Soleil et a pu pousser plus loin ses explorations sonores en tirant le meilleur parti du souflle, des wah et autres effets de Guillaume, des envolées de Yessaï Karapetian aux claviers, des rythmiques de Julien Herné à la basse et des grooves démentiels de Martin Wangermée à la batterie - des noms à retenir si ce n’est déjà fait !

L’alchimie entre les quatre musiciens donne vie à une nouvelle incarnation, encore plus aboutie, de l’univers musical hybride de Guillaume Perret après Doors et Free, et produit un album jubilatoire, débordant d’énergie vitale, dont on apprécie un peu plus la virtuosité musicale, la richesse sonore et le parcours émotionnel à chaque écoute : "je visite plusieurs états d’âme, arpente différents univers, lance des propositions sans cesse re-challengées, des aires d’envol, des ruptures, des pistes brouillées. Des trappes s’ouvrent sur des mondes inconnus, on prend de la force, on fait de sa vie un film dont on est le héros".

Yessaï s’étant exporté à Boston pour suivre l’enseignement de Danilo Pérez au Berklee Global Jazz Institute - et y remporter pas moins de deux DownBeat Student Music Awards, dont celui de Jazz Soloist pour son solo sur "Gulliver", c’est l’excellent Gauthier Toux, qui a déjà collaboré avec Guillaume, mais aussi avec Julien et Martin sur d’autres projets, que l’on retrouve aux claviers pour la version live du quartet.

Sur scène, et sous l’éclairage créé par le complice Jonathan Chassaing, l’énergie rebondit d’un musicien à l’autre et se diffuse dans le public de plus en plus enthousiaste, les solos sont débridés et inventifs, le temps passe trop vite et on n’a pas du tout envie de revenir de ce voyage.

Heureusement A Certain Trip est là pour nous aider à attendre les prochaines dates. Allez, on le réécoute et on repart avec Guillaume Perret pour "un trip cinématographique, une invitation à colorer le réel (...), une musique enveloppante, qui mette en connexion notre intériorité avec le monde extérieur".

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