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publié par arnaud le 08/01/06
Growing + Mark Evan Burden
- Split EP
Split EP

Xeng

Petite structure, se partageant entre l’Angleterre et l’Italie, Xeng Records se veut avant tout un label orienté vers l’experimental et les musiques improvisées, puisque son jeune catalogue propose les sorties du combo italien Zu ou la première production des Américains de New Salt, trio mené par l’ex-Karate Geoff Farina, deux formations lorgnant vers le free-jazz. Mais en guise de hors-d’œuvre, Xeng se propose de distribuer le split EP, sorti un peu plus tôt cette année chez les Américains de Zum Records, mettant face à face le duo de Seattle, Growing, et un ancien membre de Glass Candy, lui aussi originaire du nord-ouest des Etats-Unis, Mark Evan Burden, tête pensante de The Silentist.

Sérénité

Si les premiers n’ont pas sorti d’album cette année, ils n’ont pas pour autant chômé, avec un trois titres de qualité, His Return EP, pour Troubleman Unlimited, ainsi qu’un live très réussi, sorti en quantité limitée sur Archive Records. Le groupe reste fidèle à son registre, proposant sur ce nouveau disque une longue drone contemplative de près de 20 minutes, composée de nappes de claviers et d’éléments électroniques, à travers lesquels filtrent par instants des notes de basses ou de guitares jouées au e-bow. L’atmosphère de Firmament est des plus sereines, reflétant à merveille le versant le plus calme de Growing. L’occasion d’attirer l’attention sur la musique de cette formation, qui depuis trois ans, et deux longs formats parus chez Kranky, s’attelle à bâtir un univers particulier empruntant autant à Stars Of The Lid qu’à la scène drone doom (d’ailleurs leur dernier album The Soul Of The Rainbow & The Harmony Of Light était produit par Rex Ritter, collaborateur fréquent de Sunno)))). Growing fait partie de ces formations capables de susciter l’émotion, de faire naître des images en utilisant un moindre nombre de notes et de variations, sans pour autant se complaire dans une ambient lascive, injectant de-ci de-là des cassures sonores affirmées (c’est le cas sur ses deux albums). Un groupe des plus recommandables donc !

Tourbillon

Mark Evan Burden évoque quant à lui la musique contemporaine, proposant ici une pièce de piano explosive, sur laquelle vient se greffer dans un premier temps un larsen strident, pour ensuite s’adoucir au fil des harmonies, quitte à jouer à cache-cache avec l’instrument classique. On s’éloigne assez de ce que fait habituellement son groupe, The Silentist, même si cette manière de frapper les notes, ce jeu violent, rappelle leur étrange mélange avant-garde de grindcore, punk et musique contemporaine. Ici, 10 24 02 virevolte entre grandiloquence et minimalisme, se réservant des pauses pour insister encore plus sur l’importance des ambiances (quand les notes deviennent silence, il s’agit juste d’une excuse pour amener une plage de parasites qui viennent tapisser la pièce sonore). On pense à Steve Reich, voire Philip Glass. Déroutantes pour un public peu familier d’un répertoire néo-classique, ces 15 minutes méritent pourtant que l’on y revienne, que l’on dépasse l’impression d’agression des premiers instants pour se noyer dans le tourbillon musical que Burden s’applique à construire.

Au vent dériver

A la première écoute on aura peut-être du mal à trouver l’association des plus pertinentes, pourtant ce disque fonctionne à merveille comme une pièce unique en deux mouvements distincts, le premier simulant l’inertie, alors qu’à y regarder de plus près on s’aperçoit que tout est en mouvement en son sein. Le second déboulant comme une petite tempête, bouleversant le fragile équilibre suscité par Growing, pour finir par s’épuiser lui-même, par s’éteindre pour revenir au calme. Tel le ciel nuageux de sa pochette, la musique de ce mini-album semble en proie aux moindres courants d’air, de la plus frêle brise de Growing jusqu’aux rafales de vents de Burden. Il n’a y qu’à se laisser dériver.

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publié par le 08/01/06
Informations

Sortie : 2005
Label : Xeng