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publié par tairanteuh le 03/06/00
grandaddy
- the sophtware slump
the sophtware slump

passage chaotique

comme prévu, les 5 gars reviennent avec un deuxième album (longtemps et très) attendu. l’effet de surprise est passé, si under the western freeway, galette parfaite jouissait de notre étonnement face à un groupe nouveau et sorti de nulle part, cet album-là on l’avait anticipé. comme d’habitude, titre énigmatique, pochette extra et anonymat complet du groupe ("still the rockers are..."). grandaddy n’a que peu (même pas) déçu jusqu’à aujourd’hui et sur album on ne dénote aucun faux-pas, c’est dans cette lignée que s’inscrit ce deuxième album. the sophtware slump on l’aura mérité en tout cas, car 3 ans à attendre la confirmation d’un grand groupe c’est long. mais c’est maintenant là et inévitable. pendant que tout le monde tremblait d’un passage chaotique à l’an 2000, jason lytle s’exorcisait dans ses compositions planantes. cela donne les 9 minutes d’introduction de "he’s simple, he’s dumb, he’s the pilot" dont rien que le titre est un chef d’oeuvre.

populariser

un grand groupe ? certainement car l’horizon musical actuel se défini par les groupes à belle voix, ceux à belles paroles et les autres à belles compos. concilier ces élements relèvent de l’exploit et pourtant cette voix unique, indescriptible, qui ne possède certes pas la palette d’un jeff buckley (la référence de tous les critiques de cette décennie :-) et pourtant charme tout autant... ce talent de composition : grandaddy allie des mots rares pour former des histoires modernes et toujours inédites... ces atmosphères musicales où s’entremêlent synthés plus propres que précedemment, guitares tantôt acoustiques tantôt hargneuses et déchirantes. grandaddy n’est donc pas une formation américaine traditionnelle. loin de tout circuit typique (college, lo-fi, alternatif), les morceaux oscillent entre pop, rock, électro sans pour autant se rattacher à quelconque type défini. the sophtware slump tend à populariser l’étiquette musique intelligente agréementée de paroles aussi inintelligibles que tordues.

hargne comique

under the western freeway était un album définiivement rock et marquait un aspect du groupe aujourd’hui révolu. de rock il n’est en effet ici que très peu question dans le sens courant. c’est comme si on arrivait à la fin du ideal crash de deus : des pépites "put the freak up front" et "instant street" on arrive à la pop délicate et minimaliste de "dream sequence #1". car grandaddy nous offre un album à la saveur de cette merveille de deus pré-citée, 46 minutes d’une pure phase de rêve dont il est dur de se défaire. il ne faut pas croire avec cet album à un reniement du passé des 5 de modesto, au contraire, chaque titre montre que grandaddy suit une évolution, progresse vers un son toujours plus beau et mélodique. divers aspects se dégagent ainsi de cet ouvrage avec des chansons calmes , quasi-mélancoliques où l’absence de gros son et de synthés pourris montre grandaddy sous un autre jour : chansons douces et riches qui se rapprochent des compositions les plus intimistes de cette vague de songwriters que l’on envie fréquemment à l’amérique : elliott smith, e et autres mark linkous... on retient ainsi "jed the humanoid", "underneath the weeping willow", "jed’s other poem" ou encore le planant "so you’ll aim toward the sky". de ce dernier titre qui utilise des cordes, fait unique chez grandaddy, il émane une douceur, une atmosphère qui rappelle un peu emoticons de ben & jason tant par la voix que par l’orchestration. d’un autre côté, cette douceur est entrecoupée de petits passages mordants et acidulés avec guitare quasi-criantes et emportements lyriques. sans être un groupe d’énervés (bien au contraire), grandaddy se lâche un peu, plus ou moins comme sur "chartsengrafs" et "broken household appliance national forest" dont le rythme et le son se rapprochent plus des précédentes incursions (réussies !) sur ep. cependant si la tonalité est la même, grandaddy apporte toujours du nouveau dans ses chansons et bien que marqué par un son (synthé bon marché et voix unique), aucune chanson ne se ressemble, les albums sont des modèles de diversité et de beauté. la marque du génie était décelable dans des chansons telles "everything beautiful is far away", "a.m. 180" ou "taster" et se perpétue ici avec le magnifique (et je pèse mes mots) premier single "crystal lake" qui assimile la hargne comique de "summer here kids" à la féérie de "go progress chrome". et les plus réticents ne sauraient que succomber à la grâce de "miner at the dial-a-view", un genre de "taster" psychédélique et sous mescaline... si le rythme est suivi, ce parcours sans faute laisse présager un nouveau chef d’oeuvre dans 3 ans, mais égalera-t-il la perfection de cet album digne successeur de midnite vultures ou ideal crash comme album de l’année. en attendant ne manquez pas les rares prestations scéniques de ce groupe en france (pour preuve l’annulation de la route du rock) qui sont à la mesure de tout le bien que l’on pense de cet album. le plus rageant est pour ces disques qui vont sortir et que l’on risque d’aimer moins (coldplay, radiohead...).

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publié par le 03/06/00