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publié par tairanteuh le 16/06/03
grandaddy
- sumday
sumday

domestiqué

dix années, déjà, que grandaddy a commencé ses aventures... des débuts très marqués par pavement tant dans l’esprit, la composition que le son, il ne reste que peu d’éléments. le groupe vieillit, s’assagit et s’abîme peu à peu dans les méandres d’une pop apaisée mais triste, délicate et fragile. un virage surprenant annoncé par signal to snow ratio ep puis confirmé par sophtware slump en 2000, un album bien loin des sommets agités et de la folie de under the western freeway. sumday voit grandaddy continuer dans cette voie, l’approfondir sans en changer les lignes directrices. évidemment cet album peut décevoir à la première écoute, habitués que nous étions à prendre une jolie claque à chaque nouvel objet du groupe. et pourtant il faut juste constater que le groupe n’a plus besoin de se chercher, a trouvé son identité, domestiqué un son singulier. sumday se pose alors comme un album plus cohérent et homogène que son prédécesseur, en apparence plus lisse ce qui le rend très accessible et qui s’avère plus profond au fil des écoutes.

saveur

le travail du son par le groupe est à nouveau stupéfiant que ce soit dans les effets de synthé ou tous ces petits bruits qui apparaissent comme par enchantement. les compositions sont, une nouvelle fois, géniales, bien que moins accrocheuses au départ. de l’introductif "now it’s on" à "the final push to the sum", douze morceaux pop à la judicieuse construction dont il va être dur de se défaire. hormis le tube de l’été, "now it’s on", sumday est gorgé de pépites à la saveur aussi exquise, qu’elles soient simples et prenantes comme "el caminos in the west", ou étendues et ascendantes comme "lost on your merry way". la progression dans l’album se fait donc plus aisément et passivement que sur sophtware slump, ce qui n’est pas un mal, évite l’impression de répétition, de déjà éprouvé.

cygnes

car à l’image de la pochette, sumday est un album plus sophistiqué, froid, à l’horizon plus large. du paysage très réaliste constitué d’un maigre ruisseau et des silhouettes de massifs qui ornait le devant de sophtware slump, on passe à une vue dans des tons bleutés d’un plan d’eau sur lequel au petit caneton de broken down comforter collection s’est substitué un banc de cygnes blancs, sagement posé devant une immense chaîne de montagnes enneigées. une très belle pochette en adéquation avec le contenu de l’album et conforme à l’adoration qu’entretient grandaddy pour cette beauté naturelle dont sumday est le reflet sonore le plus convaincant de la part du groupe. sumday se pose un peu comme l’album pop parfait de l’année tels qu’ont pu l’être le premier badly drawn boy (bien que je ne l’aime pas trop, inégal et parfois brouillon sans avoir la grâce de ses premiers eps), rings around the world de super furry animals ou last broadcast des doves. bref, un album de cette trempe vaut forcément le détour, il y aura toujours des réticents mais également des heureux surpris. il ne reste qu’à espérer que pour son prochain recueil, grandaddy surprendra d’avantage, comme cela avait pu être le cas entre leurs précédents albums... nous n’en sommes pas encore là, délectons nous d’abord de ce succulent ouvrage.

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publié par le 16/06/03