accueil > articles > interviews > Goo Goo Blown (le

publié par Mickaël Adamadorassy le 05/04/07
Goo Goo Blown (le bonhomme) - Ceci n'est pas un poisson d'avril

J’aurais bien voulu vous dire que ca se passait dans le 5ème cercle des enfers avec un chanteur de Goo Goo Blown, nu et en transe devant un autel sacrificiel ou encore dans le confessoir d’une vieille église gothique avec le susdit en chanteur en bure et crucifix.

Mais non la modernité est passée par là et ca se passe donc sur msn, désolé pour le mythe mais une chose reste, la bonne humeur et la gentillesse avec laquelle M.B.M. (M comme Mathieu et B comme Brutus à ce qu’il m’a dit), chanteur, guitariste et âme (damnée ?) de Goo Goo Blown (le bonhomme) a bien voulu répondre à mes questions.

bon... pourquoi goo goo blown(le bonhomme) ?

M.B.M. : aïe... je m’attendais pas à celle-là (rire) ,on finit par ne plus trop savoir ni pourquoi, ni comment, nous nous appelons ainsi. Pourtant nous sommes très attachés à ce nom

Micky : c’est pas parce que vous êtes très fan de sonic youth et un peu de blown away ?

M.B.M. : il représente assez bien, l’idée que l’on se fait de notre musique. et puis on tenait à ce que le français et l’anglais soient associés dans cette même entité

M.B.M. : Sonic Youth évidemment. "Goo" est l’un des albums fondateurs de l’amitié entre eric (basse/guitare) et moi qui sommes à l’origine de ggb(lb)

Micky : c’est le premier nom du groupe et ca a tout de suite été ça en entier ou le bonhomme est venu se greffer après ?

M.B.M. : ça n’a pas été si évident... pourtant lorsqu’on est arrivé sur goo goo blown, on savait qu’il manquait encore quelque chose. Pour nous un nom devait être à rallonge ou alors très court... C’est plus facile d’être originale en faisant long (sourire)

Par contre on a toujours porté ce nom et ce dès notre premier concert... mais je te parle là du milieu des années 90’s (rires)

justement il ressemblait à quoi ce GGb des 90’s ?

M.B.M. : papi papi raconte nous une histoire (rires) Lors de notre premier concert en 1995, on était un trio guitare-basse-batterie

Micky : comme placebo...

M.B.M. : plutôt noise

Micky : ou pas alors... c’était quoi les influences de l’époque , sonic youth a fond ?

M.B.M. : On écoutait beaucoup Bernard Lenoir sur Inter donc c’était effectivement sonic youth,nirvana, dinosaur jr, etc...

Micky : My Bloody Valentine ?

M.B.M. : évidemment :)

M.B.M. : la scène shoegaze et puis sans doute pour moi des révélations, morrissey et neil hannon, aujourd’hui c’est plus compliqué

Mais donc ce sont ses "révélations" qui vous ont poussé vers quelque chose de plus "doux" et donc l’intégration des cordes ?

M.B.M. : je ne suis pas certain. ça nous a sans doute donné une conscience de l’arrangements, y compris dans sa démesure

Micky : dans le cas de hannon surement :)

M.B.M. : tu m’as compris.... mais pour nous l’élément déclencheur a été de voir un violoncelle avec le groupe Lowlita (devenu depuis Los Chicros)

M.B.M. : ils ont rapidement laissé tombé cette idée... pas nous ! (sourires). On a récupé leur violoncelliste (qui depuis est devenu celle de Encre) et on a commencé à travailler différemment et tenter de trouver un équilibre entre la dureté électrique et la douceur acoustique

Micky : vous lui avez pas fait peur en tant que trio noisy ?

M.B.M. : à moins que cela ne soit l’inverse (sourire)

l’intégration d’un violoncelle ne parait pas évidente [par rapport aux influences noisy], genre chez SY ou Dino Jr ca nes’y prêterait pas du tout. Ou alors il faut tout repenser...

M.B.M. : pas vraiment parce qu’elle avait déjà une culture indie, disons que l’on jouait encore aux petits chimistes. Et donc c’était plutôt sur un concert que l’équilibre se faisait

Micky : sur l’ancien répertoire ou en repartant de 0 ?

M.B.M. : non nous ne sommes jamais repartis de zéro,les morceaux ont toujours évolué en fonction des musiciens que nous avions sous la main

Micky : il ya quelque chose qui date du ggb de 95 sur devilish ?

M.B.M. : Bloody Lovely Lady, et encore, je l’ai écris en 1992 donc avant même googooblown.

Micky : et la version actuelle garde beaucoup de l’originale ?

M.B.M. : c’est la même !... non, on a ralenti le rythme et puis les cordes sont venues renforcer l’ensemble, mais la structure, le chant, les paroles sont identiques... ou légèrement corrigées (rires)

en parlant des cordes, ca s’est passé comment le confrontation entre le monde plutot rigide du monde du conservatoire et puis vous et le rock ?

Micky : surtout que tu insistes beaucoup sur le fait que tu joues mal de la guitare...

M.B.M. : je ne sais pas si je joue mal de la guitare, mais disons que ça n’a jamais été ma préoccupation d’apprendre (sourire)

Micky : sur le site c’est écrit au moins 3 fois en tout cas...

M.B.M. : ça fait partie de la légende (rire) mais plus sérieusement l’arrivée de cordes, c’était aussi le moyen d’avoir la possibilité de faire des choses dont je n’avais pas forcément la capacité technique. Au début, je chantais ce que je voulais, une ou deux lignes, la troisième harmonisait. Depuis c’est devenu un travail un peu plus collectif qui se brode autour des squelettes que j’apporte.

pour en terminer sur la partie historique et parler un peu plus de composition, pourquoi ne pas être resté avec juste un violoncelle mais avoir pris un puis deux violons ?

M.B.M. : parce qu’il me semblait intéressant de mettre un peu de corps dans tout ça justement, que les cordes ne soient pas simplement un élément sensible mais aussi un élément de puissance. Je pense que la chanson qui symbolise le mieux ce tournant est Subaqua où pour la première fois nous avions un riff de cordes

Micky : mais là encore ca fait partie du squelette que tu as apporté et transposé pour les cordes ou c’est l’oeuvre de la "section cordes" ?

M.B.M. : subaque, je suis arrivé avec l’idée de faire ce riff, non pas à la gratte mais effectivement avec les cordes

Micky : donc tu commencais a penser la compo avec les cordes

M.B.M. : complètement, ça ne me vient même plus à l’idée aujourd’hui de composer quoi que ce soit sans les arrangements, ou sans savoir quel instrument va le jouer. Après chacun gère son instrument, mais les lignes sont tracées.

le premier EP du groupe se situe comment par rapport au pan de l’histoire de ggb qu’on vient d’évoquer ?

M.B.M. : le premier c’était en 1997, nous n’avions que le violoncelle qui intervient que sur moins de la moitié du disque.

Micky : tu peux nous parler un peu du disque. Et je dis "disque" parce que le titre est un peu trop long pour que je m’en rappelle (rires)

M.B.M. : ce sont les 6 meilleurs titres d’un album, le résultat est finalement assez folk, le résultat des prises plus rock/noise n’étant pas suffisament bonà notre goût. Je pense qu’ils ne nous représentaient qu’à moitié

Micky : néanmoins l’amateur de devilish y retrouvera t’il de quoi satisfaire ces penchants googooblownesques ou est-ce que c’est une page tournée pour toi ?, dans le sens où tu n’éprouves plus l’envie de défendre ce travail

M.B.M. : même si Bloody y figure déjà, je pense que ça n’était que la génèse et je ne pense pas que l’on s’imaginait faire ce que l’on a fait pour Devilish FantaZiäh. Le tournant c’est fait plutôt avec Subaquachotik Warriors en 1999 et sa réédition l’année suivante.

l’EP qui a reçu un très bon acceuil d’après ce que j’ai pu en lire, à commencer sur le cargo, si on regarde votre liste deconcerts, elle est plutôt remplie et vous jouez avec des groupes plutôt pas mauvais, et puis vous êtez signés, et c’est un peu le silence radio. Tu peux nous raconter ce qu’il s’est passé entre ce moment et la sortie fin 2006 de devilish

M.B.M. : Très rapidement après la réédition, on a émis le désir de faire un album, aventure assez compliqué en soit d’autant quand tu es nombreux

Micky : j’imagine que tous les ggb font autre chose à côté ?

M.B.M. : oui oui, à l’époque, il y avait encore pas mal d’étudiants ou on commençait à bosser plus ou moins. On a donc commencé cet album en autoproduction pendant un an et demi en prenant le temps et puis on a proposé ça en fait à assez peu de maisons de disques... Trema nous a signé en février 2004, on est allé en studio avec Ian Caple, refaire des choses notamment les cordes, puis le mixage.

Pendant ce temps là Trema s’est fait racheter par Universal et on s’est retrouvé chez Barclay puis AZ, repartant (pas au niveau de l’enregistrement) à chaque fois plus ou moins de zéro...

Micky : et finalement là vous êtes dans une situation stabilisée ?

M.B.M. : disons que l’album est disponible et c’est déjà pas mal...

Je m’étonne en fait que vous n’ayez pas plus de dates de concert et de relais dans les médias nationaux. Y en a quand même plus de prévues après celle que vous avez fait récemment à la Scène ?

M.B.M. : Le live est un sujet assez délicat. Parce que GOO GOO BLOWN sur la route ce sont 10 personnes et si tu veux rémunérer les gens normalement, ça explose tout de suite les budget des salles... mais bon ça se débloque doucement... et finalement ça n’est pas plus mal, on construit sur la durée et ça commence à payer.

Pour continuer sur le thème du live, celui de la scène était le premier depuis un certain temps il me semble ?

M.B.M. : non on y avait déjà joué il n’y a pas si longtemps, mais c’est vrai qu’elle rentre dans le cadre d’un retour du groupe sur scène après une abscence plus ou moins volontaire

Micky : d’une manière générale la scène c’est un exercice qui vous plait ou ggb(lb) c’est d’abord l’écriture et le studio ?

M.B.M. : En fait, j’ai longtemps préféré le travail en studio, surtout après cette expérience, plutôt que la scène. Hors avec ce retrait forcé, le fait de proposer sa musique à un public est devenu de plus en plus une nécessité. J’entends par là qu’on en besoin de lâcher ses tripes sur scène (sourire).

le français dans goo goo blown c’est quelque chose qui a toujours été présent ?

M.B.M. : Non, c’est venu avec l’album. Sans doute parce que nous étions sûrs désormais de la manière dont nous menions musicalement notre barque. Ca ne faisait plus aussi peur (sourire)

Par rapport à l’album justement, comment s’est passé l’enregistrement et en particulier la collaboration avec Ian Caple ?

M.B.M. : On a enregistré au départ en autoproduction avec Ivan Herceg, c’est ce qui nous a permis de signer. On est retourné en studio en gardant notamment basse-batterie et voix.

Par contre on a refait complètement les grosses guitares ainsi que les cordes qui sonnaient très en deça de ce qu’elles pouvaient, et devaient, être. On a fait ça à Paris : et puis on est parti mixer en Angleterre avec Ian. Pour ce qui restera sans aucun doute comme l’un des meilleurs souvenirs de notre vie de groupe.

Micky : les voix ont pas du tout été retravaillées en dehors du mix ?

M.B.M. : les prises non sauf pour subaqua qui manquait de hargne :)

Micky : tu sais que c’est ma seule critique par rapport à l’album, je trouve la voix live bien meilleure et donc je me disais que c’était peut être du coaching extérieur mais donc Caple était pas du genre producteur qui intervient sur le contenu ?

M.B.M. : non, vraiment un gars qui respecte le travail, il a vraiment compris ce que nous voulions.

On peut dire que la majorité des titres de devilish sont concus comme de petits contes, des histoires avec leur propre bestiaire. Je me demandais d’une part si c’était une volonté de ne pas écrire de texte sur toi au premier degré. Et si tu estimais qu’a des degrés autres, ton vécu, tes histoires à toi transparaissent des aventures de ggb ?

M.B.M. : Sans doute traduisent-elles surtout un état d’esprit, plus que mes sentiments... Je raconte des fictions en 3 minutes... enfin 3 minutes c’est ce qu’aimerait le label, mais c’est ce que je fais en 4’40 (rires)

Mixy : c’est votre côté post rock surement.

M.B.M. : C’est vrai qu’on aime bien développer tranquillement pour faire monter la tension jusqu’à une explosion voire une délivrance, parfois grandiloquente.

tu es d’accord si je te dis que devilish fantaziäh a une tonalité assez féminine

M.B.M. : c’est une question que je ne me suis jamais posé

Mixy : ca m’est venu en lisant les paroles déjà. Quand ca ne parle pas d’une fille ou d’une créature-fille (hum), je est souvent une et les voix féminines sont omni-présentes et très importantes dans le rendu final. Mais bon c’était une question pour te déstabiliser et c’est pas très réussi.

M.B.M. : (rires) googooblown est composé à moitié de filles ça peut donc effectivement jouer

Mixy : qui co-écrivent certaines paroles d’ailleurs il me semble.

M.B.M. : Je travaille pour les paroles en anglais avec Florence parce qu’elle est prof d’anglais et ça permet d’éviter les fautes (sourires). Et depuis le temps, on forme un bon binôme, elle supporte mes exigences, mes contraintes, sans trop broncher. Je suis assez chiant en fait (rire)

c’est pareil pour les éléments musicaux que les autres ramènent ?,c’est toi qui a la vision de ce que doit être le morceau ou ca peut se partager ?

M.B.M. : disons que j’arrive une base relativement définie. Avec le temps, je me suis rendu compte que dès que c’était moins structuré, on n’avançait pas vraiment. Alors je dirais que je sais ce que je ne veux pas, mais ça n’est pas forcément fermé, et puis malgré tout, on fonctionne en groupe.

mais du coup en live il y a pas vraiment de place à l’improvisation non ?

M.B.M. : non, l’improvisation n’a pas sa place dans notre musique. Après les morceaux évoluent, mais c’est toujours très structuré

Mixy : ca se sent un peu, dans le sens où vous retranscrivez très très bien les morceaux en concert mais c’est exactement le disque ou presque. Ce qui veut dire que tout ce joue à votre présence scénique, Enfin surtout pour les gens qui vont revenir vous voir plusieurs fois

M.B.M. : disons que malgré tout le live est plus brut

Mixy : dans le son oui mais on sent quand même la volonté que tout soit en place. D’ailleurs vous l’écrivez sur les setlists pour pas oublier (rires)

M.B.M. : ouep enfin dans le noir, à part les titres on ne voit pas grand chose (sourire)Plus sérieusement, on ne peut vraiment pas se permettre d’approximation car cela peut rapidement devenir chaotique...

Mixy : ca se comprend vu le nombre de musiciens

M.B.M. : oui :)

bon on approche de la fin donc je vais me permettre une question légère mais qui tient beaucoup à coeur les lecteurs du cargo : pourquoi Ombeline a t’elle les cheveux bleus ?

M.B.M. : ça ne serait pas plutôt toi que ça intéresse ? (rire)

Mixy : hahaha tu critiques mon professionalisme ?

(hum)

Mixy : nan mais tu as pas peur qu’elle te vole ton mojo ? en plus elle est toujours en train de se marrer

M.B.M. : Ombeline est un peu un electron libre

Mixy : jamais vu quelqu’un d’aussi relax sur scène

M.B.M. : avec ce que cela implique de positif et de négatif, quand tu es 7, tu composes aussi avec le caractère de chacun

dans goo goo blown vous avez plein de projets parallèles qui recombinent des membres du groupe à un moment ca devient pas dur de faire le tri ? et a contrario ces projets ont ils une influence sur l’évolution du groupe

M.B.M. : C’est vrai que ça n’est pas toujours évident à gérer, en même temps je crois que ça a été une vraie respiration pour tout le monde à un moment où on se demandait si l’album allait sortir un jour. Chacun alors travaille son intrument différemment, donc ça n’est pas si mal...

Tu peux nous en dire un peu plus sur les projets parallèles des membres de ggb ?

M.B.M. : Il y en a pas mal : Revok, Corde Sensible, Zeta Reticulli, Les Fragments de la Nuit. Le mieux est de consulter leurs pages via notre myspace. Je peux t’en dire un peu plus sur Lagatór par contre. C’est un tout nouveau projet sur lequel je travaille et pour lequel j’aimerais sortir un premier disque à la rentrée de septembre. C’est surtout l’envie de retrouver une simplicité dans le travail, d’avancer vite. Et puis aussi l’envie de travailler sur des textes en français en les faisant sortir (si c’est possible) du cadre traditionnel de la chanson couplet/refrain. Bricoler un peu dans son coin...

Mixy : déjà des morceaux écoutables ?

M.B.M. : j’ai fait récemment un texte sur musique de Landscape qui est en écoute sur MySpace

M.B.M. : mais je pense que la musique sera sensiblement dans un autre esprit pour ce premier essai

bon continuons avec les questions légères, en voilà une qui est un peu une tradition sur le cargo. Chez moi si je rangeais, devilish serait classé entre gomez et grandaddy. Ca t’inspire quoi ?

M.B.M. : que j’ai sans doute plus de disques à la maison parce que je le range entre Gonzales et Górecki (rires)

Le meilleur moment que goo goo blown t’aie donné l’occasion de vivre ?

M.B.M. : sans aucun doute le mixage avec ian, ce gars là est une crème, en plus d’avoir le sens de la musique. Et puis il m’a fait redécouvrir Tom Waits. Alors que dire ?!?

Mixy : Rien je crois, à part te remercier d’avoir accordé tout ce temps au cargo et souhaiter à Goo Goo Blown de pouvoir continuer son petit bonhomme de chemin.

Partager :

publié par le 05/04/07
Derniers commentaires
gab - le 05/04/07 à 16:39

tiens ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu d’interview ... ça manquait !

Sfar - le 06/04/07 à 08:51
avatar

super interview !!
c’est normal que micky se transforme en mixy au fil de l’ITV ?

micky - le 06/04/07 à 13:40

oui la nuit je me transforme en mixy :)