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publié par Mickaël Adamadorassy le 30/09/11
Gomez
- Whatever's On Your Mind
Whatever's On Your Mind

Kind of

Le pourquoi de Gomez s’appelle Gomez dit beaucoup de choses sur l’état d’esprit de ce groupe anglais millésime 1996 (la britpop tout ça.. mais en mieux dans leur cas) : lors de leur premier concert, ils avaient placé une affiche "Gomez the gig’s in here", à l’intention d’un ami surnommé Gomez pour indiquer où ça se passait, les gens en voyant ça ont cru que c’était le nom du groupe et "it kind of stuck" raconte Ben Ottewell, un des deux chanteurs de la formation. En bon français ça donnerait "et c’est plus ou moins resté" mais on perd beaucoup de la nonchalance de la formulation originale, une caractéristique typique d’un groupe ultra-talentueux (un prix mercury gagné en 1998 quand même) mais qui n’a jamais eu l’air très concerné par le succès, les modes ou le business de la musique en général.

Là on aurait tendance à dire amen et à être admiratif de la démarche mais en même temps on commençait à se demander s’il y aurait un nouveau disque de Gomez un jour. Heureusement c’est le cas et on est là pour en parler alors la vie est belle non ? Hum voyons quand même ce que donne le contenu du disque en question ...

Around the world

Whatever’s On Your Mind est le 7ème album studio de Gomez et si le line-up du groupe n’a pas évolué depuis leurs débuts il y a 15 ans maintenant (ce qui dit beaucoup sur l’entente entre les musiciens), les vies de chacun les ont éloignés géographiquement et donc les prémices d’un album de Gomez se font désormais par Internet, en travaillant chacun de son côté de l’Atlantique et en se partageant les parties enregistrées par chacun via Logic (logiciel d’enregistrement et de production musicale sur Mac).

Il en est ressorti une cinquantaine de démos qui ont été réduits à 25 puis aux dix chansons qui composent le disque. Cette façon de travailler et ce foisonnement d’idées sont une autre caractéristique du groupe : tous les membres sont multi-instrumentistes et ils ont produit quasiment tous leurs disques eux-même. Ce n’est pas du tout la même démarche qu’un groupe qui rentre en studio avec un producteur pour enregistrer dans un nombre de jours impartis.

L’auberge espagnole

Chez Gomez comme on sait tout faire, on ne s’en prive pas. Et du blues-rock des débuts faisant la part belle aux guitares et aux deux voix si caractéristiques du groupe, l’une très pop anglaise et l’autre plus éraillée, plus "latine", on est passé à une auberge espagnole musicale , puisant dans un vocabulaire impressionnant, avec en particulier des cuivres et des boites à rythme présents depuis l’album In Our Gun et qui sont utilisés avec une inventivité et une justesse presque unique dans le style pop-rock.

Whatever’s on Your Mind en est peut être la meilleure preuve enregistrée, je ne me risquerais pas à lister les instruments utilisés, les genres combinés dans chacune des chansons, ça serait bien trop long.

Unbreakable

Le point commun qu’elles ont toutes c’est par contre la qualité des arrangements, le mix impeccable à tous les niveaux, c’est d’ailleurs il n’y a absolument rien à critiquer sur la technique de ce disque, c’est parfaitement joué, aucun son qui n’est pas à sa place, la richesse du son est toujours au service de la chanson, les voix trouvent parfaitement leur place et on adore toujours le mélange de leurs différences.

Et le sens de la mélodie y est, dès la première piste, « Options », on est appâté par la dynamique qu’apporte les guitares syncopées, les cuivres arrivent, parfaitement intégrés au morceau mais surtout il y a au bout du couplet un refrain pop parfait, à tel point que dès la deuxième écoute, on fredonne et la troisième on (je) beugle tout seul chez soi un yaourt tout en iiiiii et en ooooooo et ça fait plus que du bien. Et comme si ça suffisait pas, les différentes voix, les variations dans les arrangements, ces saletés de cuivre, ces petites lignes de synthé tellement bien trouvées... argg c’est un petit orgasme musical à chaque fois. Et le côté un peu plus enjoué de la musique, la tonalité plus positive des ambiances par rapport aux disques précédents n’est pas non plus pour déplaire.

Menu 5 étoiles

Je ne vais pas vous raconter toutes les chansons, surtout qu’à chaque fois on passe à quelque chose d’assez différent du morceau d’avant et qu’on sent clairement le plaisir du groupe à aller chercher une palette de sons, une approche dans le rythme, le chant ou les arrangements qui se renouvelle à chaque fois. On a clairement affaire à un disque de dilettantes ultra-doués, des chef 5 étoiles qui vous concoctent un menu en 10 plats avec à chaque fois un festival de saveurs qui vous explose sur le palais.

Et vous restez admiratifs devant leur savoir-faire... Le pire c’est que ce n’est pas comme si on essayait de vous racoler, les chansons de Gomez prennent leur temps pour se mettre en place et pour que se déclenche l’effet waouh. La faute aussi au côté très décousu d’un disque où chaque chanson est très différente mais où en même temps aucune ne se détache immédiatement par une intensité, une charge émotionnelle très forte, c’est vraiment très... pop mais en même temps on aime cette légèreté, ce côté "on papillonne un peu partout et vous donne un peu de tout ce qu’on aime"

Gomez ce n’est pas le genre de groupes qui vous livrent ses émotions à nu, du coup il est difficile d’avoir le même genre d’attachement que pour des chansons-miroirs, ils en ont un certain nombre dans leur répertoire mais cet album c’est clairement la bande-son de moments heureux. Et c’est aussi comme ça qu’on les aime, des mecs doués mais en même temps pas plus concernés que ça par ce qui se passe en dehors la musique qu’ils jouent et faire en sorte qu’elle soit la meilleure possible.

Et là ouais faut le dire. Amen.

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publié par le 30/09/11