Le presque parfait

General Bye Bye c’est un groupe qui a presque tout pour lui. Déjà un sens de la composition bien aiguisé. Le premier morceau, Alphabet, est d’ailleurs à ce niveau un cas d’école. On a droit à un riff bien catchy pour amorcer la machine, le principe est classique, on déroule ... l’alphabet ("I give A for apple tree, B for bumblebee" etc..), mais la tension est très bien gérée tout du long. On commence façon indie-rock bien nerveuse pour déboucher non pas sur une déferlante de guitares mais sur un refrain plus cool qui fait la part belle aux arrangements de clavier.

On est loin du morceau qui tourne sur du couplet-refrain, ici les synthés ont le temps de développer toute une palette de sonorités, il y aussi bien la douceur du piano électrique que des sons très analogiques qu’on laisse résonner plutôt grassement (y a pas de mal à se faire du bien hein)

Et tout cela sans pour autant sonner comme un énième groupe rock qui fait un peu d’électro ou un clone de grandaddy Guitares catchy et claviers sophistiqués... voilà qui commence bien... presque parfait même...

Petits et grand arrangements

Et ça ne fait pas que commencer d’ailleurs, passons sur when it’s gonna rain, la mélodie est super-efficace mais c’est un peu too much pour moi. Et puis surtout il y a le génial maniac mansion derrière, la ligne de chant, la guitare, la basse synthé, les claviers tout est super bien fichu dans ce morceau. Enfin presque tout...

La suite est aussi plutôt de bonne qualité, mention spéciale aux hautes solitudes pour la qualité des arrangements et globalement toute la progression du morceau. Don’t shoot the rabbit est pas mal non plus, dommage que l’hommage à Blonde Redhead soit aussi appuyé sur le début... la voix féminine très aigue, les ambiances, tout y est mais l’ombre du modèle est un peu gênante, heureusement dès que ça s’énerve, tout cela s’estompte. Et on a... presque un très bon morceau.

ne pas oublier les fondamentaux

Time is on my side nous refait le coup de la petite mélodie entêtante mais toujours un peu bateau mais cela dit c’est moins "kitsch" que "it’s gonna rain" et en dehors de cette petite mélodie là, le reste de la ligne de chant est très bien, en particulier la partie que Jana chante en solo.

Facelift c’est le genre de morceau dont on a l’impression que le groupe s’est senti obligé de le mettre pour pas oublier certaines de ces influences. Ce n’était pas indispensable... Girouette et French Cancan reviennent heureusement aux "fondamentaux" du groupe : riff efficace et développements instrumentaux laissant la part belle aux claviers.

mais pourquoi presque ?

A ce stade (final), vous vous demandez surement avec tous les éloges que j’ai pu faire pleuvoir sur General Bye Bye pourquoi je me suis gardé le parapluie du presque.

Car il est temps d’atterrir en douceur : il y a une chose dont j’ai évité de parler depuis le début de cette chronique : la voix. Ou plutôt les voix vu qu’il y a une voix masculine et une voix féminine dans le groupe. Et les deux sont loin d’être parfaites.

La voix masculine a d’abord un problème corrigeable d’accent et de toute façon on finit par s’y habituer mais au début ça gâche quand même un peu le plaisir. Au delà de ça, il y a quelque chose de gênant, le timbre n’est pas déplaisant, ce n’est pas faux non plus, c’est plutôt l’impression par moments de quelqu’un qui essaye de chanter mais s’y prend pas très bien.

La voix féminine c’est un peu différent : pas de souci d’accent ni de mise en place, le problème est plutôt un manque de personnalité : les émotions ont du mal à passer, c’est un peu trop lisse, dans les parties lead surtout, on sent qu’il manque aussi quelque chose, dans l’expressivité, dans ce que devrait dégager la voix.

Work in progress

Ca fait pas mal de reproches mais la bonne nouvelle c’est que tout ça se travaille, que d’avoir vu le groupe en live, on sent déjà du progrès et que donc après ce girouette qui est déjà très chouette, General Bye Bye a le potentiel pour sortir un disque qui se défiera des presques. C’est tout ce que je leur souhaite et en attendant comme je l’ai dit, ces petits défauts sur les voix on s’y habitue et ça n’empêche pas d’apprécier le disque.