Garden State est un magnifique film initiatique sur le passage à l’âge adulte, réalisé et interprété par Zach Braff, l’acteur-toubib de la série américaine Scrubs, une sorte d’Urgences sous acide où JD, jeune docteur naïf et souffre-douleur de l’homme d’entretien est en proie à de nombreuses obsessions hilarantes.

zombi

Dans Garden State, Zach Braff interprète un jeune homme, Andrew "Large" Largeman, qui n’est pas sans rappeler JD par sa fraîcheur et sa sincérité, l’enthousiasme en moins. En effet, Large, apprenti-comédien à LA qui dans toute sa carrière n’a interprété qu’un seul rôle, un joueur de foot américain retardé mental, travaille dans un restaurant vietnamien sélect. Grimé en asiatique, du crayon khol autour des yeux, il est confronté à un boss autoritaire et des clients à la page désagréables. Il vit seul, dans un appartement tout blanc, sans mobilier et avance dans la vie tel un zombi.

pastilles magiques

Carburant aux anti-dépresseurs, au lithium et autres pastilles magiques qui lui ont été administrées dès l’âge de 10 ans par son père psychiatre à la suite d’un terrible drame familial dont il se s’estime toujours responsable, il ne ressent rien, que ce soit lorsque son avion menace de s’écraser et que tous les passagers hurlent ou lorsqu’il est de retour dans sa ville natale pour les obsèques de sa mère.

friends

Pourtant, Garden State est l’histoire d’une renaissance malgré l’absurdité et l’adversité. Il retrouve ses amis- aucun n’ayant vraiment réussi, à part l’inventeur du velcro silencieux qui habite à présent un manoir et s’ennuie malgré les soirées sexe et drogue. S’ensuit une galerie de portraits drolatiques et pathétiques : le souffre-douleur du lycée est devenu le chevalier en armure du Macdo du coin, l’ancien dealer, un flic fier de son pistolet... Grâce à son meilleur ami, fossoyeur qui dépouille les cadavres mais garde sa dignité et son sens de l’honneur, et à la rencontre avec une autre blessée de la vie interprétée par Nathalie Portman, notre protagoniste va retrouver goût à l’existence.

Zach Braff, dont le film est en partie autobiographique, porte un regard critique mais plein d’espoir sur les jeunes oubliés du rêve américain. Sa rencontre avec Nathalie Portman sublime le film. Véritable ôde à l’amour, cette œuvre très drôle et poignante, délivre un message optimiste pour tous ceux qui ont été brimés ou incompris dès leur adolescence. Il met également en garde contre les dérives des psychiatres, nouveaux maîtres totalitaires qui bien souvent ne respectent pas l’individualité et l’imaginaire des êtres humains mais préfèrent les droguer pour les garder sous leur coupe.