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publié par gab le 17/11/07
french cowboy
- baby face nelson was a french cowboy
baby face nelson was a french cowboy

Souvenez-vous, dans un précédent article, nous vous faisions part de quelques soupçons quant à l’intégrité morale de certains renégats nantais, ex-Little Rabbits, et notamment du dude Pellegrini en meneur de gang. Il se trouve que nous avons aujourd’hui, alors que sort le premier album du French Cowboy, la preuve incontestable de leur absence totale de scrupules et de leur extrême brutalité. Mais c’est aller un peu vite en besogne que d’énoncer cela d’emblée sans plus d’explications, on ne devient pas un paria de la société comme ça sans raisons, tous les reportages sur les SDF vous le diront. Revoyons donc l’enchaînement d’événements, les concours de circonstances qui ont transformé de valeureux petits lapins mignons comme tout en bandits de la pire espèce. Et évoquons en passant cet album tout beau tout neuf : Baby face Nelson was a french cowboy.

implacables

Car en effet, fût un temps où les Little Rabbits chantaient la mer, les nains et les éléphants allongés gentiment dans l’herbe. Ça parait difficilement crédible de nos jours, on en est conscients, mais nous avions là de jeunes popeux innocents et biens sous tous rapports. Puis petit à petit les choses ont commencé à se dégrader. Partis en voyage de classe aux états-unis ils se sont mis à dire des gros mots en français à tout bout de champ et à raconter franchement n’importe quoi. On ne s’inquiétait pas encore trop ceci dit, ils avaient 10-12 ans quoi de plus normal. Vint ensuite l’adolescence et sa lente et inexorable spirale destructrice. Ils se mirent à rêver d’argent à foison, d’amour en groupe et de morts sur des bancs. Et ce qui devait arriver arriva, ils se retrouvèrent à fricotter avec des gens louches dans les bars mal fréquentés. Une mauvaise rencontre en entraînant sûrement d’autres, on perd alors leur trace et un avis de disparition paraît même dans la presse spécialisée fin 2005. Bien qu’ils ne tardent pas à refaire surface, à peine six mois plus tard, le mal est fait : l’œil s’est assombri et la barbe est drue. Ils réapparaissent d’ailleurs en deux temps, Federico "baby face nelson" Pellegrini en bandit de grand chemin aux côtés d’Helena "dillinger girl" Noguerra, attaquant banques et petites vieilles pendant que le reste de la bande aiguise ses armes et ses crocs en backing-band légèrement vêtu du redoutable Katerine aux mœurs si particulières. Qu’a-t-il pu se passer de si terrible pendant les quelques mois de cette disparition ? Nous ne le saurons sans doute jamais mais force est de constater que ce qui n’était que de vagues penchants d’une jeunesse lapinesque se trouve désormais exacerbé au plus haut point (le trio violence, sexe, argent, vous l’aurez compris). Finis les scrupules, finies aussi les deux passades phénixiennes évoquées plus haut, le groupe s’est ressoudé autour d’un événement fondateur et à n’en pas douter des plus sanglants. On ne voit d’ailleurs que l’assassinat pur et simple de Dillinger girl, celle-ci ayant en effet disparue corps et biens depuis quelques mois déjà, comme acte symbolique suffisamment puissant pour réussir le tour de force de sortir Federico de son emprise malsaine. On imagine très bien la scène, terrible, d’un Baby face en larmes obligé par ses anciens acolytes implacables d’effectuer lui-même cette ignoble tâche et de creuser à mains nues la tombe de son ancienne complice, y laissant au passage son pseudo ravagé (d’où le titre Baby face Nelson was a french cowboy, tout s’explique) pour le craint et presque leonien French Cowboy.

oeil

Voila donc notre gang d’outlaws réuni à nouveau sur les cendres de leur passé, dénués de tous regrets, prêts à partager le butin amassé et à chevaucher de nouveau de ce côté-ci de l’Erdre. La manifestation la plus visible de ce nouvel état de fait est bien sur à trouver dans l’album qui paraît ces jours-ci, Baby face nelson was a french cowboy. Or pour gérer vingt ans de butin, le revisiter et le compléter, il faut être organisé. Nos cowboys commencent donc par le plus récent, le réenregistrement de quatre morceaux déjà gravés côté Dillinger girl (et enregistrés à la même période si on a bien tout compris) avec les risques inhérents à ce genre d’entreprise. Si "Stranger", "Puke" et surtout le joliment remanié "Changes" tirent tout à fait leur épingle de la refonte, le pourtant génial à la base "Share" souffre hélas un peu de la comparaison avec l’autre version (il faut dire que c’était un des moments forts de l’album de Dillinger Girl). Ils s’attaquent ensuite aux deux grandes périodes Little Rabbitiennnes en les transférant bien sur dans leur nouvel univers de jeu avec grand succès. Un retour aux sources tout d’abord et à leurs premiers amours avec un chant en anglais et des chœurs, sons et feeling période Dedalus ou plutôt des Eps entourant cet album ("Jesus son" etc ...) : l’excellent "Shake" et le velvetien "Leather boots", même "Supermarket" et ses guitares de deuxième partie de morceau. Ensuite, globalement moins présent mais se faisant remarquer, un clin d’œil appuyé à leur période Gainsbourg avec le très réussi "La ballade de baby face Nelson", français et dialogues avec damoiselle lascive de rigueur, sans oublier l’"Hymne à la baise" à l’ambiance très proche des meilleurs morceaux de Donna, on en est les premiers surpris.

butin

Mais c’est une fois le butin écoulé, une fois toutes les références posées, une fois qu’on se laisse un peu aller qu’on réalise que même après 15-20 ans de route ils arrivent encore à nous surprendre et à écrire de superbes morceaux exaltants comme le tout en trompettes "Dream" ou poignants comme l’immense "Happy as can be" et le troublant "Second skin". Et surtout qu’ils réussissent en deux albums qui se répondent (celui de Dillinger girl et celui-ci, à l’image de "The letter U" ou nombre de morceaux pouvant très bien figurer d’un côté ou de l’autre) à repartir « quasiment » à zéro, à recréer un univers intrigant, complet, à venir nous titiller là où ça fait du bien. Et ce ne sont pas leurs à côtés réjouissants qui viendront nous contredire. On en déduirait presque, en faisant vite et au vue des différents projets collatéraux, que l’éclatement des Rabbits est finalement une des meilleures choses qui soit arrivée au « rock » français depuis bien longtemps. Maintenant s’il faut trouver un regret, un seul, dans tout ce fatras, il est à notre avis vraiment dommage que ce disque ne soit pas sorti au même moment que celui de Dillinger girl, deux ovnis se répondant et se complétant, apparaissant puis disparaissant en même temps, ça aurait eu une sacré gueule quand même.

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publié par le 17/11/07
Derniers commentaires
Sfar - le 20/01/08 à 15:12
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Vus hier en concert au point Ephemere
et ben c’est que c’est pas mal du tout ce qu’ils font ces petits gars :))

j’avoue préférer les prestations live que l’album

Jmix - le 29/04/08 à 17:59
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Pour plus d’infos sur French Cowboy : http://www.frenchcowboy.net/