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publié par gab le 19/03/14
Fauve
- Vieux frères - Partie 1
Vieux frères - Partie 1

Cargotime encore. On a regardé de loin l’arrivée de Fauve en 2013, le groupe qui monte, intraitable, qui cache ses visages, qui prend le temps de réaliser son premier album tandis que l’attente monte, que les médias s’impatientent. Puis arrive le disque et toujours on observe, on reçoit quelques bribes musicales qui nous disent elles aussi de patienter, l’heure n’est pas venue. Et puis un jour il faut y aller, il faut la prendre la claque qui nous ramène 15/20 ans en arrière, qui nous replonge dans notre malaise post-adolescent, pré-adulescent, notre vingtaine en vrac. C’est très perturbant de renouer ainsi avec notre incapacité maladive à entrer dans la vie, là en nous, prête à nous submerger de nouveau. C’est perturbant. Perturbant.

directe

Passé nos premières bouffées de mal-être ancien, ces petites remontées acides mal digérées, Fauve ne pouvait que nous convaincre, nous toucher, nous bouleverser même par moments. Le groupe se pose d’entrée en héritier de Diabologum et d’Arnaud Michniak en particulier (penser à réécouter l’extraordinaire EP Poing perdu voire les deux disques de Programme), pas de quoi arranger nos flashbacks singuliers. Ils se posent en petit frères légèrement assagis des énergumènes de 1=0 qui nous avaient bien secoués avec leur album Sec il y a quelques années. Ils (se) posent leur mal-être sur la table avec une urgence, un débit imparable et même lorsqu’un semblant de chant vient s’en mêler ("Infirmière"), c’est d’une maladresse magnifique qui nous laisse pantois. C’est que de leurs ainés, Fauve a retenu l’importance des fondations, de la solidité musicale, entre percute et ambiances intimo-répétitives. Les textes et le rythme sont là, c’est indéniable, mais ils ne seraient rien sans le soutien instrumental. La tension est là, elle aussi, sans échappatoire ("Voyou"), directe et hypnotique ("De ceux"), palpable même dans les moments d’accalmie ("Vieux frères").

déclencheur

Et Fauve se livre avec impudeur et sincérité dans un cocktail explosif qui libère les sentiments à fleur de peau d’un auditoire qui ne demande visiblement que ça. Comment expliquer la réception quasi-unanimement positive d’un album plutôt difficile d’accès ? Qu’est-ce qui fait que Fauve passe mieux que Programme ou 1=0 ? Sans doute une radicalité moins forte, des textes tournés vers l’intérieur plus que vers la société, moins dérangeants au final ? Cette approche plus personnelle, plus intime, semble en être le déclencheur. En tout cas, ça touche apparemment une corde sensible relativement universelle, témoignage d’une époque sans doute. Voire de plusieurs époques, une prise de conscience de la difficulté de trouver sa place dans la société post-années-80, toutes générations confondues (écouter l’excellent "Loterie"). Et pour notre jeune frère de la fin des années ’90, ce serait l’occasion de faire notre vieux frère, de lui dire vite fait en passant -sans s’appesantir-, on peut toucher le fond et remonter, lui dire tout simplement, ça va aller vieux.

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publié par le 19/03/14
Derniers commentaires
Chamau - le 04/04/14 à 11:57
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Pour le coup, j’ai été moins emballé que vous concernant Fauve, trop de posture je sais pas... après ils vont peut-être gagner en simplicité dans le prochain disque... http://papiersamusique.blogspot.fr/...