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publié par Mickaël Adamadorassy le 12/04/19
Ex:Re - "Pour moi, Ex:Re c'est un disque d'amis"

N.B. : you can also read the english version of this interview

Ex:Re, le projet solo d’Elena Tonra (la chanteuse-guitariste de Daughter), a déboulé en toute fin d’année 2018, sans qu’on s’y attende mais il a immédiatement trouvé une place particulière, entre le cœur et le spleen, mais aussi au sommet de mon top albums, succédant à ... Music From Before the Storm (2017) et Doing the Right Thing (2016), c’est à dire les deux albums précédents de Daughter. Tout cela pour dire à quel point la musique et les mots d’Elena comptent pour moi et à quel point j’étais à la fois totalement flippé et très heureux d’avoir la chance de la rencontrer pour discuter du projet Ex:Re, un disque écrit suite à la rupture la plus douloureuse de sa vie, adressé à l’être aimé mais sous forme d’images, de codes.

Aborder ces sujets sans aller trop loin voilà quelque chose qui a priori semblait délicat et puis on se retrouve en face d’Elena et en fait elle est tout sourire, elle n’élude jamais, elle parle de la même façon du processus créatif, de l’enregistrement que de son histoire d’amour, avec humour et en essayant toujours de prendre de la perspective. Et comme une interview reste rarement sur les rails des questions prévues, vous apprendrez aussi à connaître une Elena de dix ans qui était fan de R’N’B, en particulier un groupe qui risque de vous surprendre (Comme l’interview est très longue, je me dois de vous faire un peu de teasing....).

Music From Before the Storm

Le Cargo ! : On va commencer par quelques questions sur Music From Before the Storm, histoire de raconter les choses dans le bon ordre, si ça te va ?

Elena : Oh (un peu surprise) Ok pas de souci, c’est juste que je ne suis sûre de bien me rappeler (rires)

Le Cargo ! : Alors comment ça s’est passé exactement, Daughter qui compose la bande-son d’un jeu vidéo ?

Elena : On a été approchés directement par le producteur du jeu pour participer à la musique, il trouvait que Daughter serait le genre de groupe que Chloé [l’héroïne du jeu] écoute, que notre univers collait bien avec le personnage. et donc ils nous ont contacté, à ce moment on ne connaissait pas le jeu, le premier [Life is Strange].

On s’est donc penchés dessus et on a trouvé que c’était un concept fort, cette idée de faire un jeu basé sur la réalité, la vie de tous les jours, avec une touche de fantastique bien sûr. Que chaque décision ait une influence sur les possibilités qui s’offriront à vous plus tard. C’était aussi très stimulant d’avoir un personnage principal féminin… On a vraiment trouvé ça super. Et donc on était très excités à l’idée de le faire et en même temps on réfléchissait : comment est-ce qu’on va faire ça, on n’a jamais fait de bande-son avant, on ne sait même pas par quel bout le prendre. Du coup on a fait comme si on était en train de faire un disque. Bien sûr on avait à dispositions les scènes, le scénario, les thématiques et on essayait de réfléchir d’une manière différente :”ok, comment est-ce que tu fais un morceau qui inspire, qui “sonne comme” le chagrin, comment tu fais une chanson qui sonne comme l’amitié ?” et donc on essayait juste de peindre ces images avec de la musique.. et au final ça a été une expérience géniale !

Le Cargo ! : j’ai lu que tu commençais en général par les textes, est-ce que c’était difficile de ne faire “que” de la musique, d’exprimer tes idées avec juste des notes de musique et des sons ?

Elena : Oui, totalement, ca a été un défi plus difficile à relever. Pour moi en particulier, c’était plus dur parce que mon instinct me pousse à écrire des paroles plutôt que de la musique. Mais en fait ça a été une expérience enrichissante, de puiser plus dans mon “cerveau musical” et moins dans celui qui écrit. Ç’était la fois difficile et gratifiant je pense, de travailler et d’apprendre de tout ça et aussi peut être d’en tirer quelque chose de réutilisable pour Ex:Re. Et peut être que ça m’a permis de m’ouvrir à des approches musicales différences, en pensant d’abord à la musique, les arrangements et la production, plus peut être que je ne l’avais fait sur les albums précédents de Daughter.

Le Cargo ! : C’est marrant que tu dises ça, parce que je trouve Music From Before The Storm plus à vif, plus rock, un peu plus “brut” aussi, sur l’album de Ex:Re il y a des sonorités électroniques, le son est plus “doux”, les guitares majoritairement plus “calmes”, les deux sont donc assez différents, pour toi quels éléments du second sont issus du premier ?

Elena : Je pense que les similarités sont plus dans la méthode que dans le son.

Le Cargo ! : Vous avez loué un “espace d’enregistrement” pour travailler sur Music From Before the Storm, c’est ce même endroit que tu as utilisé quand tu as commencé à écrire pour Ex:Re

Elena : Oui, on a loué ce lieu pour Music From Before the Storm, une sorte de pièce pour composer qui était vraiment cool.

Le Cargo ! : C’était un studio complet, avec le matériel d’enregistrement, des instruments de musique ?

Elena : C’était à l’intérieur dans un ensemble de studios et donc la pièce était bien isolée tout en ayant une bonne acoustique. Pas d’instruments mais il y avait un piano droit et c’est tout. On a ramené le reste, notre propre matériel d’enregistrement etc et on en a fait un studio d’enregistrement. Mais d’avoir ce piano là dans la pièce, c’est quelque chose qui a vraiment changé ma façon de composer. Juste le fait de pouvoir à l’envie se tourner vers le piano plutôt que la guitare. et je pense que ça se ressent à la fois dans Before The Storm et dans Ex:Re, en fait dans Ex:Re, il y a beaucoup plus de piano que ce que je pensais utiliser au départ.

Le Cargo ! : la guitare est ton premier instrument, celui avec lequel tu composes habituellement ?

Elena : En général oui.

Le Cargo ! : Cette fois-ci, sur Ex:Re, il y a quelques chansons qui reposent sur la guitare mais aussi beaucoup où c’est le piano qui fournit l’ossature… et d’autres encore où les parties de batterie sont très marquantes

Elena : Tout à fait, la batterie est très importante dans ce disque je pense.

Le Cargo ! : Pour finir sur Music From Before The Storm, je trouve que c’est un très bon disque, qui n’a pas forcément eu l’accueil qu’il méritait car il s’agissait d’une BO et non d’un album classique dans la tête des gens. C’est dommage car certaines chansons du disque font partie des meilleures que vous ayez écrites avec Daughter.

Elena : Oh... merci !

Le Cargo ! : Vous n’avez pas songé à faire plus de concerts, plus de promo autour du disque ?

Elena : Alors… c’est une question intéressante… Je pense qu’on était pas dans l’optique d’une tournée à ce moment là, en fait on a mis Daughter en pause pour un moment avec la sortie de ce disque. Et puis c’est une bande-son qui a un “gros son” par moments. Il me semble qu’il faudrait beaucoup de gens sur scène pour retranscrire Music From Before The Storm en live sans utiliser beaucoup de pistes de playback alors qu’on souhaite vraiment que tout soit toujours joué live dans Daughter. Mais bon… je ne l’exclue pas complètement… qu’un jour on fasse un concert spécialement pour jouer ces titres en live. Ça demanderait pas mal de préparation et de réflexion, sur la manière de réarranger, de traduire les versions studio en live. Composer en sachant que ce n’était destiné qu’à un disque [et pas à du live] ça nous a donné beaucoup de liberté, la possibilité de se dire par exemple, je vais rajouter cinq couches d’instrumentation, des sons ici ou là. C’est sans fin…

Le Cargo ! : Donc si je comprends bien, il n’y aura pas de morceaux de ce disque dans les futurs concerts de Daughter ?

Elena : Alors... (sur un ton plein de sous-entendus) je ne peux pas dire jamais car il y a des chansons que j’aime beaucoup et que j’adorerais jouer live. Et donc s’il y a une façon de jouer des versions de ces chansons… qui ne sonneraient pas exactement comme le disque… J’adorerais le faire. Donc… j’espère (rires) qu’un jour [on le fera]... il faut juste qu’on répète (rires).

La genèse du projet

Le Cargo ! : Et donc quand Music From Before The Storm a été achevé, vous avez mis Daughter en pause et c’est là que toi tu as commencé à écrire pour le projet Ex:Re. Dans la note d’intention qui accompagne le disque, tu dis que parfois ce processus s’apparentait au fait de vomir ???

Elena : (en riant) Oui ! … c’était un peu… c’était une période de ma vie très étrange. C’était comme un rituel, d’aller là-bas tous les jours, j’avais l’impression que je devais y aller, parce que le studio était là - après Before the Storm, on louait encore l’endroit et donc c’était plus ou moins du temps de studio “gratuit”. Ce que je faisais, c’était juste m’enfermer dedans, me vider le cerveau et puis rentrer à la maison, puis recommencer le lendemain, et le surlendemain, encore et encore.. Presque comme une machine… J’étais là à essayer juste de me vider la tête de mes émotions, de cette forme de tristesse qu’on éprouve quand quelqu’un vous manque.

Le Cargo ! : C’était juste toi et une feuille de papier, en train d’écrire des textes, ou peut-être que tu as commencé à écrire la musique aussi en même temps, à faire de démos ?

Elena : En fait j’ai fait pas mal d’enregistrements complets [de morceaux], la plupart du temps c’était juste moi au piano mais très souvent aussi c’était des démos plus complètes avec plusieurs pistes, le résultat était plutôt “brut”, j’utilisais souvent une boucle de guitare ou un pattern de batterie que je faisais tourner en boucle pendant que j’improvisais dessus, plus en moins en freestyle. Mais le résultat n’a jamais été des démos finalisées, au son bien léché. En fait, j’ai juste pris ces idées et je suis allé voir Fabian [Prynn] chez 4AD, qui a dit texto “C’est quoi ce truc de fous ?” Du coup c’était plutôt drôle qu’il décide d’en faire un vrai disque avec moi

Le Cargo ! : Toujours à propos du processus d’écriture, tu parles aussi dans les interviews existantes d’un séjour à New-York (“The New York Retreat”), où tu as écrit une partie des paroles pour “The Dazzler” et “New York”, ça c’est passé à la même époque ou avant ?

Elena : Ces deux chansons ont en fait été écrites le même week-end, elles parlent d’événements très spécifiques que j’ai vécus. À ce moment là, je ne savais pas vraiment ce que je faisais, je pensais écrire peut-être pour Daughter, c’était bien avant que le projet Ex:Re n’existe. Je ne savais pas que je faisais un disque. À ce moment-là, je m’étais juste donné du temps pour écrire et je n’y arrivais pas. J’avais l’impression de faire face au syndrome de la page blanche, je n’arrivais à rien de bien.

Et donc je me suis mise à écrire ce qui se passait pendant ce week-end, ce que je ressentais, ce que je pensais. Et ce parfois même au moment même où ça se passait. Je notais tout et c’est ce qui a donné ces chansons. Ce qui est est plutôt intéressant car à l’époque je trouvais que le résultat était de la prose sans intérêt.

Le Cargo ! : Est-ce que New York a une signification particulière pour toi ou est-ce que c’est juste l’endroit où tu te trouvais ?

Elena : New York est en fait une ville plutôt spéciale pour moi en fait, c’est là qu’on a enregistré le second album de Daughter et j’ai adoré le temps que j’y ai passé, j’adore être là-bas. Donc oui c’est juste l’endroit où ça c’est passé, c’est quelque chose de factuel, c’est l’endroit où j’étais… mais en même temps si ces moments ont été si importants, c’est aussi parce que ça s’est passé à New York : l’endroit où je résidais était assez proche du studio où on avait enregistré, je revoyais des amis que je n’avais pas vus depuis des lustres, je me sentais donc plus ou moins en territoire connu. Mais en même temps, l’autre facette c’était de retrouver un lieu familier mais ensuite de réaliser que tout le monde à part soi a continué sa vie, est passé à autre chose … (rires) tandis que moi j’étais juste bloquée, en face d’un mur. J’étais de retour là-bas, alors que je vivais ce cycle de solitude aiguë, douloureuse alors que tous les autres avaient l’air de faire plein de choses cool. C’était difficile à encaisser mais j’adore quand même New York.

Le Cargo ! : Il y a ce truc avec les grandes villes, il me semble que tu vis à Londres, j’ai l’impression que c’est un environnement qui peut inspire de la mélancolie, qu’elles aident créer l’atmosphère propice pour les choses tristes, est-ce que c’est quelque chose que tu ressens aussi, tu as toujours vécu dans une grande ville ?

Elena : Oui, j’ai toujours vécu à Londres. En fait, j’ai été élevée dans une sorte de banlieue londonienne donc je n’étais pas vraiment dans la ville en grandissant. Mais ça fait maintenant longtemps que je vis à Londres. C’est un endroit étrange parce qu’il y a tellement de monde et en même temps on peut s’y sentir si seul. C’est une réalité indéniable mais en même il y a de l’excitation à vivre dans une grande ville, il y a tellement de choses à faire et on peut réellement y passer du bon temps mais quand tu es seul dans une grande ville, tu es vraiment seul…

Le Cargo ! : Avec Daughter, tu as enchaîné How Not to Disappear et Music From Before The Storm, pourquoi ne pas juste prendre des vacances après (Rires d’Elena) pour se remettre [de cette rupture], plutôt que d’enregistrer des chansons qui parlent de ces moments difficiles ?

Elena : Je sais… je sais !

Le Cargo ! : Tu en avais besoin peut-être, tu as l’air d’être quelqu’un qui écrit tout le temps ?

Elena : Alors oui je voulais vraiment faire une pause, c’était censé être des vacances. En fait c’est ça mes vacances (rires). Oui c’est étrange… et il m’arrive de plaisanter là-dessus avec les gens, de cette forme surréaliste de maladie et de compulsion que j’ai à toujours vouloir écrire. Mais c’est ce que je fais depuis que je suis une jeune ado. Je suis ce processus d’écriture depuis longtemps, écrire ce que je ressens, ce que je pense.Et parce que justement ça fait si longtemps que je fonctionne comme ça, que c’est comme ça que je gère certaines choses, que je gère tout en fait... donc ça semblait être la solution idéale pour surmonter le peine de cœur la plus dévastatrice de toute ma vie… donc… oui j’en avais besoin (rires)

Le Cargo ! : Tu as commencé à faire de la musique en même temps que tu as commencé à écrire ?

Elena : J’ai commencé à écrire très jeune et je ne savais pas jouer d’un instrument à l’époque alors j’écrivais des choses et je les cachais… (rires), je les cachais dans des tiroirs en espérant que mon frère ou quelqu’un d’autre n’irait pas fouiller dedans. C’était juste “écrire les choses et cacher ça", en regardant à peine ce que j’avais fait. C’était comme un besoin d’extérioriser ces choses, de les sortir de moi et de les cacher.

J’ai fait ça pendant des années et puis j’ai appris la guitare toute seule et puis ces mots sont soudain devenus des chansons et tout d’un coup tout ça a pris du sens mais pendant longtemps c’était juste des messages secrets.

Le Cargo ! : Est-ce que ça a été difficile de dévoiler ces mots gardés secrets auparavant, de montrer ta musique aux gens ?

Elena : C’est toujours un peu bizarre mais d’abord je pense que la “version chantée” du souvenir sur lequel tu écris ne sera jamais exactement la même… douleur, ce sera toujours une version abstraite, plus poétique de la scène. Il me semble que chanter une chanson qui parle d’une chose, c’est très différent de lire un compte-rendu de cette même chose. Tu sais, si je me contentais d’être debout sur scène et que je lisais un journal intime… (rires).. je serais incapable de faire ça. Il y a quelque chose dans le fait que ce soit une chanson qui en estompe la réalité, même si ça a l’air tout à fait réel, ça devient autre chose.

Le Cargo ! : la chanson acquiert sa propre vie…

Elena : Oui, exactement mais ça a toujours été une lutte… Depuis que je suis toute petite, vraiment petite, vers les 5 ans, j’ai toujours aimé chanter et je chantais beaucoup.

Le Cargo ! : Tu étais dans une chorale d’église il me semble ?

Elena : Oui, quand j’étais gamine et j’ai toujours beaucoup aimé ça. Je voulais vraiment chanter pour les gens mais j’insistais pour qu’ils ferment les yeux ou me tournent le dos (rires) mais j’adorais chanter. A force de beaucoup pratiquer la scène c’est devenu [plus facile] mais ça a toujours cette envie de chanter, de faire écouter aux gens, contre cette timidité maladive, une nature très introvertie, c’est-à-dire tout le contraire de l’autre impulsion. je suis comme ça depuis l’enfance, j’aime être sur scène mais en même temps ça me terrifie alors j’essaie juste de trouver un équilibre entre les deux.

Le Cargo ! : On ne dirait pas quand on te voit sur scène :)

Elena : (rires)

L’enregistrement de l’album

Le Cargo ! : Et donc tu as travaillé un an sur l’album d’Ex:Re

Elena : Oui, certainement plus en fait.

Le Cargo ! : et ensuite tu es allée chez 4AD (le label de Ex:Re et Daughter) pour travailler avec l’ingé son “maison”, Fabian Prynn. A ce moment tu savais déjà que tu allais faire un disque solo ?

Elena : Oui je l’ai su assez tôt, au moment de l’écriture en fait, que c’était en train de devenir autre chose [que des chansons de Daughter] En particulier avec “New York”, “The Dazzler”, “Romance”... “Too sad” aussi … Toutes ces chansons semblaient faire partie d’une histoire différente, que j’allais devoir raconter tout seule. En tout cas à ma façon, qui pour moi était la seule qui ait un sens car ce disque parle de quelqu’un qui comptait pour moi, qui compte toujours pour moi, quelqu’un que j’ai tellement aimé que ça aurait été vraiment bizarre de signer à la fin de cette lettre-là “Elena, Igor et Remi” [les autres membres de Daughter] (rires)

Mais, comme tu le disais plus tôt, c’est vrai que j’ai travaillé avec Fabian, on a même étroitement collaboré pour ce disque mais en même temps j’ai l’impression que ce que j’exprime sur le disque est dit exactement comme je voulais qu’il soit dit. L’intention est très claire, le résultat est direct, sans fards et c’est ce que je voulais faire. Tout s’est fait comme ça mais c’était génial de bosser avec Fabian, il est fantastique, en tant que producteur, en tant que batteur.

Le Cargo ! : Carrément, je l’ai vu dans votre session live pour BBC6 et il est vraiment excellent !

Elena : oui, il est fabuleux !

Le Cargo ! : Et puis il y a Josephine Stephenson au violoncelle, je pensais au début que c’était toi qui faisait les choeur sur le disque mais en fait c’est elle ?

Elena : Sur le disque on a mélangé nos deux voix

Le Cargo ! : Dans la session BBC6, on distingue bien la sienne, elle a une voix magnifique !

Elena : Oui sa voix est vraiment très belle, elle est.. angélique.

Le Cargo ! : Et il y a un dernier musicien que je ne connais pas, aux claviers ?

Elena : Jethro

Le Cargo ! : Est-ce que ce sera ton groupe live ?

Elena : Oui ça sera nous quatre. Ça va être top ! Je suis impatiente d’y être, on jouera à Paris tous les quatre.

Le Cargo ! : De ce qu’on voit dans la session pour la BBC 6, vous semblez déjà fonctionner très bien comme un groupe, tout est très en place, vous avez beaucoup répété ensemble ?

Elena : Oui et on continue. Je suis vraiment accro aux répètes, j’en ai beaucoup besoin en fait. Peut-être que c’est une histoire de confiance en soi, quand tu sens que tu as beaucoup répété, tu peux te dire en tout confiance que "ok, je sais ce que je fais, je gère, j’enclenche cette pédale à ce moment ensuite je fais ça, je fais ci…” C’est un peu comme une checklist, qui me permet de savoir où j’en suis. Et donc oui on a beaucoup répété et on le fait toujours.

Mais ce qui est cool aussi dans l’histoire c’est que ce sont des musiciens très différents de moi. Je suis totalement auto-didacte, je ne sais pas toujours quelles notes je joue, dans quelle gamme, quel accord. Si je trouve quelque chose qui sonne bien, je vais l’utiliser et puis voilà. A l’inverse, Josephine est une compositrice qui a reçu une formation classique, elle a un vrai génie musical. Fabian aussi, ils sont tous les deux très doués musicalement et c’est une vrai source d’inspiration et de motivation pour moi parce que je ne peux plus me contenter de dire “cool, ça fera l’affaire”. J’ai besoin des répétitions, eux non en fait, ils sont au point, c’est pour moi qu’on a besoin de répéter.

Le Cargo ! : tu es auto-didacte mais tu joues de la basse, de la guitare, des claviers, j’étais en face de toi au dernier concert de Daughter à Paris et j’étais impressionné par tout ce que tu faisais en plus du chant : gérer les pédales d’effet guitare, le pédalier pour la voix et en plus changer d’instrument presque à chaque chanson…

Elena : ah oui le “switching”, [le déclenchement des effets]… ça devient vite une sorte de “danse”, ça a l’air ridicule, même Igor me dit qu’il y a des façons de gérer tout ça plus simplement mais je crois que j’aime bien en fait, pour moi ça a plus de sens de gérer ce “jeu de claquettes” compliqué plutôt que tout soit simplifié pour moi et que quelqu’un d’autre s’en occupe, je suis un peu maniaque, j’aime bien tout contrôler. (rires)

Le Cargo ! : C’est aussi le cas en studio quand vous enregistrez ? ça se passe comment avec Daughter, vous vous disputez parfois sur des trucs comme “cette guitare est trop forte” ou “ce passage dure trop longtemps” ?

Elena : (rires) Je crois qu’il y a toujours une saine dose de différences créatives entre nous. Je pense que ce qui fait notre son c’est en fait trois personnes différentes réunies par la musique, qui se complètent mais sont parfois aux antipodes selon les sujets. Bon c’est vrai en général aussi : si tu passes trop longtemps dans la même pièce avec deux amis, vous allez probablement vous disputer à un moment (rires), c’est juste ce qui finit par arriver. Mais bon on gère ça bien, on est ensemble depuis 8 ans, on sait comment le cerveau de chacun fonctionne, et c’est cool, de connaître quelqu’un de fond en comble.

Le Cargo ! : Est-ce que le fait de travailler avec Fabian qui a une façon très différente de jouer de la batterie [par rapport à Remi, le batteur de Daughter], a eu une influence sur la direction qu’ont prises les chansons lors de l’enregistrement ?

Elena : La batterie a vraiment pris une place très importante dans ce disque je trouve. Au départ, ce qui s’est passé c’est que j’ai pris mes démos, enregistrées dans mon petit studio et je les ai fait écoutées à Fabian. Au départ, je pense qu’on se voyait juste pour tester si on était capables de bien bosser ensemble, on a tenté ça parce que quelqu’un m’avait dit chez 4AD que “tu devrais tenter un boeuf avec Fabian”. Moi je le connaissais vaguement, genre on se disait bonjour quand je passais là-bas. Et donc on a pris ces chansons et on les a jouées juste en mode voix-piano-batterie ou voix-guitare-batterie et on les a plus ou moins reconstruites à partir de ça.

Le Cargo ! : En fait vous avez bossé live, comme un groupe, ce n’était pas juste enregistrer et mixer, vous avez retravaillé les chansons ensemble et ensuite vous les avez enregistrées ?

Elena : Oui, on avait grosso modo le socle des chansons, comme je disais, la voix et soit la guitare soit le piano et on savait à quoi les parties de batterie allaient ressembler. On est allé enregistrer tout ça en live dans un très beau studio londonien qui s’appelle RAK. On a fait la batterie et la guitare en même temps et parfois aussi les voix mais on n’a pas gardé toutes ces prises de voix (rires) donc j’ai du en refaire certaines.

On voulait que la base de ces chansons ait un feeling très live, que ce ne soit pas juste joué au métronome ou enregistré piste par piste dans l’ordinateur. Certaines chansons ont été faites au clic [son métronomique envoyé dans le casque du musicien qui enregistre pour qu’il respecte le tempo défini pour la chanson] mais avoir la sensation de jouer ensemble dans la même pièce c’était important pour nous. “Liars” c’était nous deux dans ce studio, “Romance”, “The Dazzler”, en fait un paquet de chansons du disque sont issues de cette session.

Le Cargo : Le violoncelle a été rajouté plus tard ?

Elena : Oui, beaucoup de choses sont venues s’empiler par dessus [ces pistes originelles].

Le Cargo : Le violoncelle est justement un instrument qui va bien avec ta musique et ta voix, vous l’avez utilisé pour la première fois sur “All I Wanted” il me semble ?

Elena : On n’a pas du tout utilisé de violoncelle sur l’album , juste de la guitare jouée à l’archet.

Le Cargo ! : Je parlais de la version live enregistrée à l’Asylum Chapel, c’est Josephine qui joue d’ailleurs, c’est à ce moment là que tu l’as rencontrée ?

Elena : Ah oui, la version live ! C’était notre première collaboration musicale mais je connaissais déjà Josephine depuis un moment et j’admirais vraiment son travail. C’était juste une amie et un jour on s’est dit toutes les deux qu’on devrait vraiment bosser sur quelque chose ensemble. On a parlé de ça une fois chez moi devant une tasse de thé et on a convenu qu’on devait carrément le faire. Elle a plus ou moins travaillé dessus dans son coin et a écrit un arrangement de toute beauté pour le morceau. On a eu tellement de chance sur tout ce projet en fait : que ce soit la salle, ce lieu magnifique avec ses vitraux, le réalisateur, Simon, les chanteurs, les musiciens.. mais oui c’est un vrai génie de la musique, elle est très très talentueuse.

Les boucles, tourner la page et Jeff Buckley

Le Cargo ! : Sur le disque, il y a un tas de petits “bouts” de musiques soit passés en boucle, soit ce sont des motifs répétitifs, parfois à peine une note ou deux de piano mais ça apporte énormément aux chansons, ce sont des choses qui figuraient déjà dans tes démos ou c’est quelque chose qui a été rajouté lors des enregistrements et du mix ?

Elena : Honnêtement la plupart de ces boucles étaient déjà dans les démos d’origine, la boucle [séquence musicale enregistrée puis répétée par une pédale d’effet ou un logiciel de composition sur ordinateur] c’est un outil que j’utilise souvent pour écrire et donc en gros je me retrouvais à enregistrer un truc qui durait un certain nombre de pulsations, de mesures et ensuite [sur l’ordinateur] je le faisais se répéter un très grand nombre de fois pour me permettre de chanter tout ce qui me passait par la tête, la boucle c’était juste un support, quelque chose qui ne soit pas le silence complet. Mais au bout d’un moment, on se disait que telle ou telle boucle devait forcément rester parce que c’était la seule chose qui avait du sens placée là [où elle était] On a en donc gardé pas mal.

Le Cargo ! : En fait d’avoir pris l’habitude d’entendre les morceaux avec, c’est devenu impossible de les imaginer sans ?

Elena : Oui et à bien y réfléchir, la boucle, sur le plan symbolique, c’est quelque chose qui a beaucoup de sens par rapport au disque, parce que ça parle de la répétition, de revivre les mêmes choses, cette impression cyclique d’être bloquée, coincée quelque part , émotionnellement, intellectuellement. Comme si on tournait constamment en rond.

Le Cargo ! : Comme tu parles de “cycles”.. le disque commence avec une chanson qui a été pensée comme un début, c’est évident à la lecture du texte mais la dernière chansons “My Heart” n’est pas vraiment une conclusion, elle ne donne l’impression que tu as totalement tourné la page, solder les comptes de cette relation. On pourrait croire que ce n’est pas la fin de l’histoire, est-ce que c’est comme ça que tu l’as pensée ?

Elena : Je ne crois pas l’avoir pensée comme ça, pour moi c’est une chanson qui évoque l’apaisement, un répit, c’est comme si cette personne était toujours…. J’imagine que le sens, pour moi - je ne veux pas imposer aux autres ma propre lecture du texte - c’est que je sais que cette personne est toujours dans mon cœur, que celui-ci leur appartient peut-être encore. C’est plutôt comme ça qu’il faut le voir, je pense que ce je voulais dire avec cette chanson c’est que quoiqu’il puisse se passer, mon amour pour cette personne sera toujours là mais ça ne veut pas nécessairement dire que ça doit continuer à me détruire. Je dois apprendre à accepter d’être amoureuse de quelqu’un qui ne m’aime pas (rires). C’est la seule façon de réellement tourner la page que je vois, laisser tout ça derrière et se dire que tout ira bien.

Le Cargo ! : Musicalement cette chanson a un côté apaisé, serein qui me rappelle Jeff Buckley

Elena : Yeah ! ( enthousiaste)

Le Cargo ! : Il me semble que Grace [premier album studio de Jeff Buckley, le seul sorti de son vivant] a été ton premier disque ?

Elena : Oui c’est très possible, c’est certainement *le* disque charnière, celui qui a profondément changé mon monde. Avec Grace, c’est comme si quelque chose s’était allumé, je n’avais jamais entendu une musique comme ça auparavant.

Éducation musicale, premières influences et growl

Le Cargo ! : Avec quel genre de musique as-tu grandi ?

Elena : c’était plutôt varié, mes parents étaient toujours en train d’écouter Bowie, Neil Young, Bob Dylan. C’était la musique de leur “époque”, les années 70. On avait l’habitude en grandissant de regarder à la télé les rediffusions d’émissions comme 70 Sounds of the ’70s [NDT : il semblerait qu’Elena mélange deux choses ou qu’on ait mal compris : il n’y a pas d’émissions TV qui porte ce nom mais il y a bien un programme radio appelé Sounds of Seventies] qui est une… super émission (rires). The Old Grey Whistle Test [aussi]. Nos parents nous mettaient devant la télé et on regardait Bowie vêtu d’une superbe combinaison verte et de bottes rouges qui jouait de la guitare. On était là à se dire “Mais c’est qui ce type ?” Et c’est comme ça que j’ai eu une vraiment bonne “éducation musicale”.

Et puis ensuite je me suis mise au... R’N’B, mon groupe préféré ça a rapidement été les Destiny’s Child, quand j’avais 10 ou 11 ans. Je ne sais plus… ça s’appelait The Writing on The Wall ou The Writing’s on the wall ?, on va dire que c’est ça, l’album avec “Say my Name” et les autres. J’adorais leurs harmonies vocales. Il y a cette version de “Amazing Grace”, c’est le truc le plus difficile qui soit à chanter et moi je m’asseyais et j’essayais de chanter les parties de toutes les chanteuses (rires) , j’essayais de reproduire tout l’arrangement à quatre voix à moi toute seule, du haut de mes dix ans.

Le Cargo ! : Tu as déjà pris des cours de chant ?

Elena : Non, jamais. Que ce soit à cette époque-là ou plus tard, je ne l’ai jamais fait. Je ne me suis jamais vraiment considérée comme une chanteuse mais plutôt comme quelqu’un qui écrit et utilise ensuite sa voix pour canaliser ses idées et les exprimer à voix haute. Et donc, non je n’ai jamais appris à chanter par la méthode classique, de manière formelle. Ce que je devrais peut-être faire un de ces quatre. J’adorerais savoir hurler.

Le Cargo ! : hein ??? comme un chanteur de métal ?

Elena : Ça serait carrément cool mais je ne peux pas faire ça, je ne sais pas comment le faire.

Les vidéos de Ex:Re

Le Cargo ! : Tu as sorti deux vidéos pour l’album jusqu’à présent, une des deux a été réalisée par Iain Forsyth & Jane Pollard, qui ont déjà réalisés trois clips [LIEN] pour Daughter, qu’est-ce qui t’a poussé à collaborer avec eux à nouveau ?

Elena : Je les adore tellement … ce sont devenus de très bons amis. Et puis y a le fait qu’on fait pas trois mais quatre clips avec eux pour Daughter. Ils ont fait notre tout premier clip, pour “Still” sur le premier album.

Le Cargo ! : je ne savais pas

Elena : Ils ont une façon bien à eux de retranscrire la musique sous forme d’images. J’ai toute confiance en eux. Quoi qu’ils fassent, je sais que ce sera rempli d’émotions et très beau. Je trouve ça très gratifiant d’avoir ce genre de relations où tu peux faire vraiment confiance à quelqu’un, lui confier une tâche en sachant que le résultat sera génial.

C’est aussi ce que je ressens avec Antonia [Luxem] qui a réalisé le clip de “Romance”, c’est ma coloc et elle est épatante, vraiment, pleine d’esprit, intelligente. Je savais que ça se passerait super bien avec elle. Je me suis mise à beaucoup travailler avec des amis, en particulier avec Ex:Re, pour moi c’est un disque d’amis, Ian et Jane, Antonia, Marika [Kochiashvili] qui a réalisé la photo de la pochette du disque, c’est aussi une très bonne amie. J’ai eu l’impression d’être entourée d’amis, c’était quelque chose de très fort.

Le Cargo ! : Dans le clip de “Romance”, j’ai été un peu surpris de te voir danser (Elena se met à rire) , c’était quelque chose de difficile à faire pour toi ou on t’a juste dit de le faire et c’était genre “ok, pas de problèmes” ?

Elena : J’ai toujours voulu faire une vidéo avec de la danse, vraiment, mais je me suis aussi toujours dit que ça serait quelque chose de bizarre pour moi car je ne suis pas une danseuse très douée même si j’adore danser. Mais finalement ça a été plutôt amusant à faire parce qu’il y avait tous mes amis dans cette pièce, même si ça a l’air d’être un lieu étranger, c’était une pièce pleine d’amis et de fumée et en fait personne ne pouvait vraiment me voir et tout le monde était saoul donc ça allait (rires)

Le Cargo ! : Dans l’autre vidéo [pour "The Dazzler"] Fabian fait une petite apparition dans le rôle du concierge, les membres de Daughter ne seraient pas dans la vidéo de Romance par hasard ? vu que tu dis que ce n’était que des amis à toi ?

Elena : Igor est dedans mais pas Rémi malheureusement, il était en tournée à l’époque je crois ? Il vit en Amérique pour le moment mais bon j’ai eu Igor, je lui ai dit “t’as pas le choix, tu dois être dans ce clip

Le Cargo ! : Ça a été tourné à New York ?

Elena : Non la vidéo de "Romance" a été tournée à Londres, Antonia a recréé une boite de nuit et son atmosphère de toute pièce, avec les lumières, la fumée, elle a fait un sacré boulot.

le Cargo ! : C’est marrant que tu dises qu’il n’y avait que tes amis autour de toi car tu donnes l’impression de danser tout seule, personne ne te touche, tu ne touches personne, personne n’en a rien à faire des autres

Elena : Carrément, en vrai c’était plutôt drôle en fait parce que c’était donc une pièce remplie d’amis et tout le monde n’arrêtait pas de me parler et moi je leur disais “Mais non ! tu ne me connais pas, tu dois pas me regarder !!!!” et je continuais à danser autour d’eux en les houspillant, “Arrête de me regarder !!!!” (rires) et eux à se demander “mais qu’est-ce qu’elle nous fait” et comme on était de plus en plus bourrés, ils percutaient encore moins. Mais donc oui c’était marrant, l’idée était bien d’être complètement seule [au milieu d’une foule] mais ça ne pouvait marcher si bien avec moi que parce que j’étais entourée de mes amis, parce que je ne me sentais pas jugée, il fallait que ce soit ces gens-là pour que je sois capable de danser comme ça.

Le Cargo ! : tu n’es pas le personnage principal dans le second clip, la vidéo de “The Dazzler”, pourquoi tu n’as pas voulu jouer ce rôle ?

Elena : J’ai presque toujours été dans les vidéos de Ian et Jane, toujours dans le poste de télé, dans celui de “Still”, comme dans celui de “Doing the Right Thing”. Du coup c’était plus moins obligé pour moi d’apparaître comme ça, c’est quelque chose de récurrent dans leurs vidéos. Et puis “The Dazzler” c’est essentiellement mes souvenirs des événements, cette chanson est vraiment un compte-rendu minute par minute, quelque chose de très littéral mais du coup c’était super de voir quelqu’un se l’approprier, je ne crois pas que j’aurais été capable d’une telle performance d’acteur. Maxine [Peake] a créé cette interprétation à la fois belle et déchirante, ça m’a bouleversée, dérangée toute une journée quand je l’ai vue, mais d’une façon positive en fait, c’était se sentir durablement aux bords de larmes, retournée de l’intérieur juste en la regardant, parce que c’est une actrice de légende et donc que ce soit elle qui recrée ma chanson à travers son jeu d’actrice c’était juste la chose la plus cool qui soit

Le Cargo ! : Est-ce que les chiffres dans le “fortune cookie” [NDT : dans les restaurants asiatiques aux USA on sert en dessert ces biscuits creux qui contiennent un message, généralement une maxime ou une prédiction] ont une signification ?

Elena : (l’air mystérieuse) peut être bien…

Le Cargo ! : tu as dit qu’il y avait des codes cachés, dans "Romance" ou "The Dazzler" je crois

Elena : Oui il y a des messages codés dans ce disque, des codes que seule la personne à qui il est destiné pourra comprendre, c’est comme un langage secret. Mais en fait le nombre dans le fortune cookie a bien une signification. Je ne vais pas le dévoiler parce que je pense que c’est plutôt amusant ce truc. Je ne savais pas que ce que ça signifiait à la base, Ian et Jane l’ont inventé pour la vidéo et me l’ont dit ensuite et je me suis dit “wow c’est génial ce truc !” mais ouais j’imagine qu’on pourrait se dire qu’il y a plusieurs façon de voir les nombres, d’envisager comment on pourrait les transposer sous forme de lettres et peut-être que ça donnerait quelque chose…. c’est juste un truc marrant, un petit détail sympa.

Le Cargo ! : C’est un défi que l’Internet doit relever en enquêtant dessus !

Elena : Oui ! (rires)

C’est le moment où l’attachée de presse vient nous voir pour la troisième fois parce qu’Elena va finir par louper son train, on n’a pas posé la moitié des questions qu’on avait mais on a certainement eu deux fois plus de réponses et on la laisse donc terminer sa journée de promo même si on aurait bien volontiers prolongé ce moment !

Le Cargo ! : merci d’avoir répondu à toutes ces questions

Elena : Merci de les avoir posées (en souriant)

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publié par le 12/04/19