accueil > photos > concerts > Étienne Daho + New

publié par Mickaël Adamadorassy le 02/11/18
Pitchfork Music Festival Paris 2018 - Jour 1

N.B. : Cet article sera complété au fur et à mesure avec des photos et des compte-rendus plus étoffés. Pour l’instant, on vous délivre nos premières impressions à chaud, pendant le festival.

Cette première journée du festival aura été assez surprenante, pas tellement sur le début, on avait émis nos doutes sur New Optimism et Cola Boyy par contre on ne s’attendait pas à passer un aussi bon moment avec Rolling Blackouts Coastal Fever. Mais la grosse surprise du jour, pour nous qui n’avons jamais été fan du chanteur, c’est le très bon concert d’Étienne Daho, qui en dehors de certaines chansons de son "vieux" répertoire, a su nous offrir un très beau show, autant pour la musique que pour sa mise en scène. A contrario Voidz nous aura bien déçu. Et puis il y a l’ovni John Maus dont le live est plus que surprenant. Mac DeMarco, c’est plutôt la valeur sûre : lui et son groupe sont toujours aussi cools sur scène, ils maitrisent leur propos mais ils ont surtout l’air d’être là comme une bande de potes qui boiraient des bières en regardant le superbowl et la musique esst à l’image du personnage, tout en décontraction.

New Optimism

A voir la grosse parka et le bonnet de Miho Hatori, on pourrait croire que l’ambiance est glaciale à Paris alors que débute le Pitchfork Music Festival Paris 2018 (c’est la seule fois où on le dira comme ça hein). En réalité, il ne fait pas si froid que ça dehors, par contre à l’intérieur les quelques personnes qui ont fait l’effort d’arriver à 17h30 ne réagissent pas très chaleureusement au hip-hop de New Optimism . Ils sont plutôt amorphes en fait..

Il faut dire qu’en plus de la parka et des lunettes noires, la chanteuse est cachée les trois-quarts du temps derrière une énorme table, alors qu’elle n’a pas grand chose dessus : un ordinateur et quelques bricoles : en effet toute l’instrumentation est préenregistrée. Dans ce cas, c’est se tirer une balle de bazooka dans le pied que de se planquer derrière des lunettes, dans une parka derrière une table. Au contraire il aurait fallu être sur le devant de la scène tout le temps et faire vivre la musique à travers son corps. Miho le fait un peu de temps en temps mais ce n’est pas assez.

Ça fait beaucoup à charge contre la musicienne dont la prestation n’est pourtant pas désagréable non plus, mais juste pas très originale ou avant-gardiste comme on s’attend à le voir dans la prog’ du Pitchfork. Du coup peut-être qu’un connaisseur y trouverait son compte, nous on est assez déçus...

Cola Boyy

Cola Boyy c’est un peu mieux mais c’est pareil : mieux parce que les musiciens sont très bons et donnent un groove solide à la musique (du funk) par contre le le leader de la formation s’il fait le job pour l’occupation scénique a finalement une voix assez décevante en live, alors que le disque était pas mal. Et puis les touches d’originalité dans la production, toute forme de modernité semble abolie pour ce concert : on a vraiment l’impression d’entendre du funk old-school avec un chanteur qui n’aurait pas l’organe pour dynamiter tout ça.

Rolling Blackouts Coastal Fever

Les australiens de Rolling Blackouts Coastal Fever sont a première bonne surprise du jour ! On les avait trouvés moyen sur disque mais on se disait s’ils sont chez Sub Pop, il doit y avoir une raison. Et a priori on l’a trouvé : en live c’est très bon ! : devant trois chanteurs guitaristes souriants et énergiques, qui alternent le chant lead, tous ont une voix tout à fait convaincante, une instrumentation très pop-rock tout aussi efficace derrière : guitare acoustique comme fondation avec le basse-batterie et une guitare lead mélodique joliment saturée qui vient enjoliver, compléter, répondre aux voix.

Le groupe a la bougeotte, les chansons sont efficaces à défaut d’être inoubliables, on ne s’attendait pas à trouver un plaisir simple comme celui-là dans un festival réputé pointu mais ça fait du bien d’avoir en face de soi un groupe qui joue bien et a quelque chose à partager avec vous.

Yellow Days

Le chanteur-guitariste de Yellow Days est un bonhomme tout à fait sympathique et talentueux, qui sait rendre son show intéressant. Par contre il a peut-être mal évalué ses propres qualités : ses performances vocales, les hurlements de bête sauvage sont ceux apportent tout le sel à la musique de Yellow Days, beaucoup plus que ses solis de guitare, avec beaucoup de notes et un bagage technique mais finalement peu d’inventivité et d’émotions. Heureusement il n’y en a pas trop et la bonne humeur générale est plutôt communicative

John Maus

Au début, j’ai cru que Pitchfork avait décidé de nous troller : à la place de John Maus, ils avaient envoyé un type tout droit sorti de l’asile et lui avait demandé de gueuler le plus fort possible des choses incompréhensibles par dessus une musique électro plutôt sympa (on pense à M83 ou Kavinski). le tout en secouant la tête frénétiquement, un peu comme un headbanging de métalleux mais avec une amplitude qui vous donnerait le tournis en moins de trente secondes. Ahaha vous êtes marrants les programmateurs, vous croyez que les critiques français allaient se laisser avoir et écrire un truc du genre cette prestation hors-norme est finalement plutôt intéressante et crée un contraste intéressant avec le côté un peu lisse de l’électro derrière ? Eh bien vous avez gagné les gars. On est peu fan d’électro mais encore moins de la demi-électro où on met quelques musiciens pour remplir le vide mais l’essentiel est piloté par un ordi. Chez John Maus, pas de tromperie, la musique est sur bande et le mec se décarcasse, donne tout pendant 45 minutes pour faire un vrai live. C’est un peu n’importe quoi, surréaliste mais ça a son charme. Par contre on écoutera pas ça à la maison et là maintenant pas sûr qu’on veuille revivre ça une deuxième fois.

Étienne Daho

On n’aime pas trop les vieux tubes années 80 d’Étienne Daho, on aime pas trop la manière de chanter "typique" d’Étienne Daho et pourtant on est bien obligé d’admettre que le "chercher l’intrus" de cette programmation a donné le meilleur set du jour, une vraie démonstration de classe à tous les petits jeunots qui sont passés avant et après lui (surtout le mollasson Julien Casablancas). La scénographie et les tenues sont bien travaillés (à part au début les bandeaux de zorro ou de club libertin on ne sait pas trop), les lumières très belles et les musiciens derrière lui impeccables. Musicalement en dehors de quelques vieux titres qui sonnent irrémédiablement années 80 et d’une reprise du Arnold Layne de Pink Floyd période Barrett peu inspirée, tout le reste est interprété avec beaucoup de talent et dans un esprit résolument moderne, là encore les musiciens y sont pour beaucoup, en particulier le guitariste lead sur sa jaguar ou sa bass VI et un claviériste qui a de très beaux sons. A la fin du concert, on est toujours pas fan de tout Daho mais on aura passé un bon moment avec quelques passages qui touchent au sublime (certainement des morceaux du dernier album qui nous parle plus que ce qu’il y a eu avant)

The Voidz

On a pas franchement envie de vous parler de The Voidz, on pourrait se contenter de dire que le nom est bien trouvé... c’est le vide... le néant... Julien Casablancas est pathétique habillé comme un garagiste des années 80, il nous a même ressorti une belle coupe mulet. Sur les trois premier titres, il se trimballe mollement sur la scène comme s’il cherchait ses repères ou une raison de sortir ses tripes, après ça ira mieux mais quel démarrage laborieux. Les guitares ont un son un peu dégueulasse mais pas le bon dégueulasse et globalement ouaip ça ne ressemble à rien .... pire il y a quelques écueils qui frôlent l’amateurisme : le vocoder déclenché en retard sur le (seul ?) bon titre du groupe, un son de synthé mal réglé qui casse les oreilles. Les guitares dans les bons moments ressemblent à une version moins bonne des riffs du premier system of a down. La voix n’a aucun relief. Aucune mélodie qui ressort. Par contre du rock’n’roll à défaut d’avoir les qualités musicales, ils ont l’attitude, ça peut faire illusion pour les fans... nous on est un peu tristes pour eux, ils sont victimes comme nous, et un peu en colère : ok vous aimez Julien mais comment on peut cautionner un foutage de gueule pareil et acclamer cette débandade ?

Mac DeMarco

Mac DeMarco est toujours le mec le plus cool de l’indie pop rock, on est toujours agréable surpris de sa capacité à vous tenir en haleine avec ses morceaux lents voir carrément paresseux. De temps en temps il sait aussi en glisser une un peu plus pêchu pour éviter que ce trip si agréable ne conduise à la case endormissement... mais bon c’est un peu décousu, même les chansons les plus enjouées ne sont pas si up tempo que ça et y a Daho qui est passé avant... Alors même si on passe un bon moment, on se dit que pour une tête d’affiche de festival, ça n’a pas tout à fait l’intensité qu’on recherche (et là ce n’est pas franchement la faute de l’artiste, c’est la nature de sa musique)

Partager :