Quatorze ans après leur première collaboration, le sublime EP In the Reins, Calexico et Sam Beam, le barbu qui se cache derrière Iron & Wine, remettaient le couvert avec Years To Burn, un disque de folk métisse si nécessaire à cette époque où l’on entend tant de discours de haine, de divisions et de murs à construire. Pendant des mois nous avons longuement écouté cet disque d’à peine trente-deux minutes et on avait hâte de le découvrir sur la scène de La Cigale ce 16 Novembre.
Le set a commencé très tôt pour un samedi soir : ouverture des portes à 18h30 et une première partie assurée par l’excellente Adia Victoria à 19h20, avec une salle bien remplie déjà. Tous les sièges étaient pris d’assaut aux balcons et le public, de tout âge, était bien présent aussi dans la fosse pour suivre le concert de cette jeune chanteuse et compositrice américaine, basée à Nashville et ayant un peu vécu à Paris, qui s’est adressée au public en français à plusieurs reprises, et qui nous a régalé avec son « gothic blues ».
Une fois la première partie terminée, nous assistons à la transformation de la scène en véritable set orchestral. Les instruments se multiplient : des dizaines de guitares, électriques et acoustiques, des bases électriques, une contrebasse, des claviers, un accordéon, plusieurs jouets de percussions, une batterie, des cuivres… Et enfin ils arrivent ! Joey Burns et John Convertino, alias Calexico, accompagnés de l’inimitable Sam Beam.
Sans aucun leader apparent, Joey et Sam s’installent sur le devant de la scène et vous nous offrir un duo vocal sublime, auquel viendra s’ajouter sur deux titres Jacob Valenzuela, voix hispanique qui a bien fait bouger La Cigale avec sa cumbia « Flores y Tamales » et qui nous a régalé tout au long du set grâce au son de sa trompette. Mention spéciale aussi pour Rob Burger, qui nous a délivré un magnifique solo d’accordéon. La fièvre de la cumbia enflamme la salle à ce moment-là, le public donne tout et n’hésite pas à entamer des conversations avec Joey et Sam, à suivre le rythme avec ses mains, même une fois les chansons finies, et à faire des compliments à Sam, qui ont rendu « jaloux » Joey Burns lui-même, qui blaguait « les compliments sont toujours pour toi ».
Après la cumbia, Sam et Joey sont restés seuls pour trois chansons, en mode acoustique, avec un jeu délicat de guitare. Un joli moment d’une grande finesse, auquel Adia Victoria a été invitée à ajouter sa voix. Adia et son groupe ont aussi été invités à la fin du concert pour le titre « What heaven’s left », précédé de "The Crystal Frontier", classique absolu des setlists de Calexico depuis des années et ce à raison car c’est toujours un moment de fête et de partage avec le public.
Nous ressortons de la Cigale heureux d’avoir assisté à ce moment magique de connexion entre ces musiciens venus d’horizons différents, heureux d’avoir eu la chance de voir l’alchimie se faire entre deux artistes qu’on adore, pour créer quelque chose d’encore plus beau. A tel point qu’on en regrette que cette collaboration ne soit qu’exceptionnelle et que chacun s’en retournera ensuite de son côté. Avec une complicité et une complémentarité aussi évidente, espérons donc que la prochaine ne se fera pas attendre encore 14 ans.
(Texte de Natalia, photo de Cathi Mini/Abus Dangereux )