gâchons
Une fois n’est pas coutume, gâchons allègrement le suspense d’entrée de jeu, annonçons la couleur sans chichis, faisons nous des ennemis sans plus tarder (clin d’oeil chocolaté, il n’y a pas de raisons qu’on en arrive là) ... on a trouvé cet autoproduit d’Erwan Pépiot plutôt inégal. Un côté lo-fi qui n’est pas pour nous déplaire à la base mais qui s’avère un peu lassant sur la longueur, des morceaux à tiroirs un peu bancals, des chants avec lesquels on a parfois un peu de mal quand il ne s’agit pas du morceau entier (les 6 mn d’"Over the raindrops"), des expérimentations et beats pas toujours à notre goût (le début de "Turn on the lights", la fin de l’album), ça fait beaucoup on vous l’accorde mais c’est aussi assez peu en définitive car voila, les morceaux de cet album Over the raindrops ont clairement les qualités de leurs défauts et c’est sans l’ombre d’une hésitation qu’on enfourche la plume pour tenter d’y voir plus clair.
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Reprenons point par point et traitons ... De l’avantage d’une chanson à tiroirs, par exemple. Celle-ci va non seulement rompre l’éventuelle monotonie mais elle peut tout à fait, comme "Glazed smile", commencer par décevoir avec un chant plan-plan et une guitare sans relief pour finir par nous enchanter à mi-parcours avec l’arrivée inopinée de beats salvateurs, d’une vraie guitare de caractère, d’un chant méconnaissable (à la Emma s’inspirant de Depeche Mode), terriblement habité et pour tout dire troublant. De l’avantage aussi d’un changement de rythme un peu bancal. Cela fait relever le sourcil c’est sur mais, comme pour "Nothing wrong", on découvre rapidement que cela en fait surtout un des morceaux les plus attachants de l’album, l’un des plus vivants. Et si on inverse maintenant un peu le point de vue pour voir, au rayon des vraies réussites on ne peut que saluer un "A cloudless sky" très bien construit musicalement avec ses guitares imbriquées, superbement vécu et interprété au chant. Autre joie indiscutable, la fin instrumentale de "Turning on the lights", un régal d’électro-dub (on doit pouvoir appeler ça comme ça) qui évoque un Asian Dub Foundation survolté et au meilleur de sa forme. Dommage que le début du morceau soit très moyen et surtout que le chant passe aussi mal. C’est d’ailleurs surprenant de voir les écarts de présence et d’intensité du chant entre les différents morceaux, voire au sein d’un même morceau. On est inévitablement déçu quand on écoute les voix de "Turning on the lights", celles du début de "Glazed smile", ou encore celles des morceaux de la fin de l’album (à l’exception de "Firelight"). Et on tient là sans doute le principal défaut d’Over the raindrops, avec peut-être le son brouillon de certains morceaux/guitares ; défaut qui lui donne en tout cas cet aspect inégal et un peu fatigant à la longue. "I know why" et "Dismayed" en sont l’illustration parfaite, des morceaux corrects à la base mais frustrants à l’écoute quand on les compare à d’autres mieux enregistrés/interprétés. Ceci dit, il s’agit peut-être là d’une vraie démarche lo-fi revendiquée ... pas sur dans ce cas qu’on adhère entièrement à l’esprit de la chose.
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Mais on brode, on brode ... on papote et en oublie presque le morceau ! Celui qu’on se gardait bien au chaud pour la fin. Celui qui nous a donné envie d’explorer cette piste au départ, de goûter tout ça. Mesdames et messieurs, l’unique, le désinvolte, le passionnant (allons-y gaiement) "Follow". La vraie perle de cet album pointant en cinquième position, là l’air de rien. Le coup de folie d’Erwan Pépiot qui avec ses quelques éclats mentionnés plus haut nous fera attendre la suite avec curiosité ... avec une légère crainte aussi. Car quand on est capable de pondre un ovni indescriptible tel que celui-ci (en écoute avec d’autres ici), on ne peut que redouter l’inévitable gâchis d’une évolution trop sage, on ne peut que trembler à l’idée d’être peut-être sans le savoir à quelques encablures d’une grâce pleinement débridée. Une deuxième option emballante qu’on se/lui souhaite très vivement pour les mois à venir.