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publié par gab le 15/11/19
Emily Jane White
- Immanent fire
Immanent fire

Pour ne rien vous cacher, on avait un peu décroché d’Emily Jane White. Voire beaucoup décroché. Si on reste des inconditionnels de son premier album Dark undercoat, les deux disques suivants ne nous ayant pas emballés, nous n’avions pas suivi de près la suite des événements. C’est donc plutôt par curiosité que nous nous sommes penchés en passant sur son déjà 6e disque, Immanent fire. Et c’est là qu’on se dit qu’on ne devrait pas s’absenter si longtemps. On a même eu un peu de mal à la reconnaitre. Ceci dit, c’est peut-être l’âge (le nôtre) qui nous joue des tours. On a même cru entendre PJ Harvey (la nouvelle) au chant sur plus d’un titre, c’est dire si on perd les pédales. En tout cas, l’album est suffisamment intrigant pour inciter à quelques écoutes de plus.

plume

Heureusement pour nos vieux neurones, le premier titre ("Surrender") nous rappelle très fortement l’ambiance de Dark undercoat. Et tout de suite la pointe de l’oreille se tend, la truffe se dresse, les sens en alerte. Voilà l’Emily Jane White qu’on aime et on ne saurait pas forcément expliquer pourquoi. Il y a dans ce style de morceaux un désespoir qui nous touche au plus haut point. A moins qu’il n’y ait des substances étranges dans ses arpèges de guitare. Après on comprend qu’Emily ne souhaite pas s’y cantonner non plus. Le second titre, "Drowned", nous rappelle quant à lui pourquoi nous avons décroché. Il a pourtant tout pour plaire, une orchestration plus étoffée, un chant plus engagé mais non, rien de particulier ne se produit, le calme plat. Jusqu’ici rien ne laissait présager qu’on prenne la plume et ressorte du bois. C’est alors que se produit la transformation. Sans crier gare, le disque prend une toute autre direction et la surprise aidant, pique notre curiosité.

fil

Le disque débute donc vraiment sur le 3e titre, "Infernal", et gardera le cap jusqu’au bout avec un chant transformé, moins assuré, dans lequel on reconnait en effet des teintes de la nouvelle PJ Harvey, avec des musiques lancinantes qui placent l’auditeur dans un malaise passionnant. On a beau ne pas être ultra-fan de ces chants à la limite de la fausseté, il participe ici à l’ambiance générale. Et c’est clairement cette gestion sur le fil du malaise qui fait toute l’attrait du disque. Pas un attrait morbide, loin de là, il persiste de morceau en morceau une intrigue, un mystère. Il persiste surtout d’écoute en écoute, des odeurs et des sensations qui nous emmènent chaque fois un peu plus loin vers le cœur du mystère sans jamais le dévoiler totalement.

loin

Vous l’aurez compris, c’est un disque particulièrement étrange et difficile à décrire qu’Emily Jane White nous livre ici. Il nous semble aussi qu’il s’agit d’un disque très personnel. Au-delà du malaise évoqué, on est touché par l’intention de l’artiste qui s’ouvre à nous dans des chansons qui viennent de loin. Il en faut rarement plus pour accrocher l’auditeur. Il en faut rarement moins.

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publié par le 15/11/19