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publié par gab le 20/11/09
Emily Jane White
- victorian america
victorian america

On a beau se dire que statistiquement c’était à peu près inévitable, à l’instar de notre dernière grille de loto, on se rend compte à la lecture des résultats qu’on y croyait tout de même un petit peu ... mais quelle était la probabilité qu’Emily Jane White fasse mieux ou même seulement égale son déjà parfait premier album Dark undercoat ? Car à l’inverse d’Alela Diane qui s’était laissé une marge de progression avec un premier album imparfait mais prometteur - et qui n’a pas manqué de s’engouffrer dans la brèche pour son second disque -, Emily Jane White avait réussi pour son coup d’essai un véritable coup de maître et se trouvait donc en position difficile, pression à l’appui, au moment d’aborder ce Victorian america. Et si, c’est tout à son honneur, elle a choisi de ne pas se répéter, à l’arrivée la déception est forcément à la hauteur de l’espoir extrêmement élevé qu’on plaçait en elle.

cap

Et pourtant le moral à mi-parcours était plutôt bon, le calendrier de l’avent 2008 nous ayant livré un morceau (présent depuis sur une réédition de Dark undercoat) des plus encourageants. On sentait d’emblée sur celui-ci la volonté d’emmener un cran plus loin les changements de rythmes déjà amorcés sur ses précédents morceaux, tout en maintenant l’ambiance recueillie de part en part. Exercice périlleux s’il en est mais brillamment réussi, et à l’écoute de ce "Robotic arms" on signait tout de suite pour un nouvel album sur ces bases là, aucune hésitation. C’était sans compter sur d’importants changements de cap au cours des quelques mois de gestation qui nous séparaient encore de l’album en question.

légèreté

Or les questions justement se bousculent au portillon dès les premières écoutes de Victorian america, principalement sur notre difficulté à retrouver l’Emily Jane White qui nous avait tant bouleversés. Cela viendrait-il des orchestrations plus fournies ? Des morceaux en eux-mêmes ? Difficile à dire mais irrésistiblement l’ennui pointe son nez et quasiment d’entrée de jeu. On penche au départ côté orchestration bien sur, c’est le changement majeur entre les deux disques, avec les cordes difficilement supportables de "Victorian america" (même si pour le coup cela colle bien au titre du morceau et que la chanson en elle-même n’est pas si mal) ou "Ghost of a horse" ; avec aussi d’agaçantes slide-guitars ("Never dead", "Victorian america" ou "The country life"). Mais en fait on s’ennuie presque plus sur certains morceaux totalement dépouillés, notamment le laborieux et interminable "The ravens". Dans un deuxième temps on se demande si ce n’est pas plutôt une certaine légèreté de ton qui la rapproche désormais plus d’une Lhasa** ("Baby" ou le bancal "Stairs" dont les changements d’ambiances et ruptures de rythmes ne fonctionnent cette fois que jusqu’à un certain point) et du coup l’éloigne de notre sensibilité mélancolique propre.

rouge

Ceci sévèrement dit, après quelques écoutes le jugement s’adoucit quelque peu. Nos great expectations étant maintenant derrière nous, on peut se concentrer de façon plus neutre sur les belles réussites de l’album. Déjà pour disculper l’orchestration, côté cordes (sensibles) "Frozen heart" nous rend l’émotion d’antan avec simplicité et évidence, puis, "Liza" vient remettre une couche de regrets sur ce qu’aurait pu/du être cet album, un des rares moments où l’orchestration (violon, slide-guitare, batterie) fonctionne à merveille, aucun cliché countrisant en vue. Deuxième période très réussie, lorsqu’Emily voit rouge sur "Red serpent" puis "Red dress", pas d’énervement loin de là mais l’ambiance se fait inquiétante, plus personnelle, hypnotique, le passage à la guitare électrique étant le bienvenu pour apporter du neuf et de l’énergie dans ces compositions.

incomparable

Et puis quand même, enfin serait-on tenté d’ajouter, le morceau qu’on attendait, "A shot rang out" en écho au magnifique "Two shots to the head" de l’album précédent, où l’on retrouve l’Emily Jane White qu’on n’aurait jamais voulu voir s’éloigner, celle qui nous met dans tous nos états avec sa mélancolie incomparable ... celle évidemment qu’on espère de tout cœur retrouver sur le prochain album ...

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** on me dit que "légereté de ton" n’est pas forcément ce qui caractérise le mieux Lhasa et j’en conviens tout à fait. Alors rectifions, certains morceaux de cet album ont clairement une sphère d’influence Lhasienne, notamment dans le chant. Après dans mon esprit, sa musique (si on exclut le chant justement) est plus légère que celle d’Emily Jane White première mouture mais je suis loin de la connaitre suffisamment pour faire autorité sur le sujet. Bref, faites comme si je n’avais rien dit ...

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publié par le 20/11/09
Derniers commentaires
vinciane - le 20/11/09 à 10:44
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et bing !

petite nuance tout de même sur le commentaire relatif à alela diane... le 2e album était en fait en grande partie constitué de réenregistrements de morceaux préexistant à pirate’s gospel

gab - le 20/11/09 à 14:40

hé hé hé, à la limite peu importe, l’important est ce qu’elle a mis comme feeling dans les morceaux ...